Chapitre 2 : entourée, mais seule

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Une chose est et restera sûre. Je préfère mille fois ranger ma bibliothèque qu'avoir à suivre un cours de géographie. La professeur présente différents points sur une carte en nous déblatérant du charabia que tout le monde semble comprendre, sauf moi apparemment. Je laisse tomber ma tête sur la table en soufflant.

- Bah alors miss lectrice. On est nulle dans une matière.

J'arrache un bout de gomme avec mes doigts et le lance sur la tête du gamin qu'est mon voisin de banc. Monsieur est doué en géographie donc monsieur se moque de moi. Il imite ma position et pose également sa tête sur le banc. Nos visages sont tournés l'un en face de l'autre. Son sourire taquin dévoile une demi-fossette sur sa joue gauche.

- Tu m'insupportes, je lui réponds.

- J'adore quand tu me parles comme ça.

Je rigole en me relevant lorsque j'entends la professeur annoncer la fin du cours. Enfin ! Je rassemble toutes mes affaires et m'apprête à enfin aller en récréation. Jamma, mon stupide voisin de banc, me suit comme mon ombre jusqu'aux toilettes.

- Hum, tu veux m'aider à faire pipi peut-être ?

Le vent secoue ses cheveux crépus et le soleil se reflète contre sa peau brune. Lui donnant un air de dieu du Soleil. Ce qu'il n'est évidemment pas, son âme est trop noir pour ça. Méchant Jamma.

- Je peux te la tenir, si ça te tente, réplique-t-il une remarque perverse comme à son habitude.

Quand je disais que son âme était pervertie. Je lève les yeux au ciel, je n'en attendais pas moins de lui. Je lui colle mon sac à dos sur le torse et lui ordonne de rester là. Les toilettes des filles sont toujours bondées de monde, qui ne doit même pas faire pipi.

À croire que ces lieux publics ont le don de délier les langues. Les gens dévoilent leurs secrets, qui sont bien entendu écoutés par d'autres. Ce qui rend donc la confidence moins... personnelle. Je suis ce genre de personne à écouter les discussions des autres. J'ai toujours eu une curiosité malsaine, mais j'aime tellement tout savoir.

Je fais cependant ma part des choses et ne dévoile rien à personne. Je ne sais pas si c'est parce que je suis quelqu'un de bien ou si c'est ma conscience qui m'y oblige pour me faire pardonner.

Je me précipite vers une des dernière toilette libres en poussant quelques personnes au passage. À la guerre comme à la guerre.

Une fois fini, je retrouve Jamma là où je l'avais quitté. Il me tend mon sac et je ne peux m'empêcher de fouiller dedans. Ce garçon me prend pour une poubelle à toujours y cacher ses déchets de collation. Si au moins il y laissait le biscuit et non son emballage.

- Bon, j'y vais misse lectrice. On se revoit en cours, il me salue avant de s'éclipser vers son groupe d'ami.

Ça a toujours été comme ça avec moi. Tout le monde m'aime bien, me confie leur secret et leur état d'âme, rigole avec moi. Mais personne de reste à mes côtés. Je n'ai personne à qui raconter ma vie, je n'ai même rien à raconter à cause du peu de vie sociale que j'ai.

Je ne sais pas trop si ça me satisfait ou si j'y suis trop habituée. Je n'ai jamais eu de vraie « amis ». J'étais plutôt la copine qu'on invitait à son anniversaire, à qui on proposait de petites sorties ou qu'on allait passer voir en un coup de vent.

Mais je ne suis pas cette amie qu'on invite en soirée pyjama, qu'on invite pour fêter Noël ou celle dont on parle à ses parents. Je ne suis pas non celle à qui on envoi le fameux message « je t'ai pas dit ! » pour me raconter de petites anecdotes inutiles.

Je suis juste Halia, miss lectrice. La fille cool avec qui on s'amuse de temps à autre. Je ne suis même pas le genre de fille à qui on s'intéresse ou avec qui on flirt. Je ne suis que quelques pages dans une histoire, je ne suis qu'un coup de vent agréable en plein été. J'ai beau me convaincre du contraire, je suis assez blessée dans mon égo.

Un Amour d'Hypnos (REECRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant