Chapitre 5 : perdre la tête

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Lorsque l'inconnu brandit son épée, la lame me renvoie le reflet des flammes qui continuent de dévorer chaque parcelle de ma bibliothèque. J'ai à peine le temps de sentir un courant d'air que la lame a déjà entamé sa descente vers la jugulaire du chien.

Un deuxième courant d'air. Le chien évite la lame en sautant par-dessus l'épaule de mon sauveur et atterri sur moi. Ses deux paires de pattes de chaque côté de mon corps. La mousse qui dégouline de sa gueule me tombe sur le visage et coule le long de mon cou.

Je tente de bouger mais je suis totalement paralysée de peur. Mais qu'est-ce c'est que cette chose !? J'entends des bruits de lutte à ma droite, mon compagnon de combat du jour est occupé de se battre avec deux de ces créatures infâmes.

Il faut que j'arrive à atteindre la statuette derrière moi, c'est l'arme la plus proche. Je prie tous les dieux pour que la créature soit un mâle. Mon pied s'élance vers ses parties intimes et frappe dedans avec force. Le chien couine et recule de quelques pas.

Je ne perds pas de temps et me retourne sur le ventre afin de ramper vers le comptoir, ma cheville me lance énormément, mais j'y fais abstraction. Je tends mon bras au maximum, le bout de mes doigts touchent la statuette de Venus. Et alors que Venus bascule vers moi, une douleur lancinante se répand dans ma cuisse.

Je me fais tirer en arrière par les griffes du chien. L'une de ses pattes s'est glissée sous ma cuisse et lacère mon pantalon. Il a l'air encore plus dangereux qu'il y a quelques instants, si c'est possible...

Ma rébellion l'a énervé et ses muscles se gonflent encore plus de colère. La statuette tangue encore un moment avant de tomber de l'autre côté du comptoir, elle tombe en même temps que tout espoir qui m'habitait. Je hurle soudain en sentant ma chair se déchirer.

Le chien plante ses crocs dans ma cuisse et m'éloigne du comptoir. Je me retrouve près du feu de cheminée. La cuisse en sang, l'adrénaline me permettant de ne pas m'évanouir de peur et de douleur. Le tisonnier qui se trouve à quelques centimètres de moi me redonne le peu d'énergie qu'il me faut pour retenter ma chance.

Je fais appel à mon instinct de survie et puise dans le reste de force qui me tiennent éveillées. J'allonge mon corps et mon bras au possible, mes doigts frôlent la barre de fer sans l'atteindre. Le chien raffermit sa prise sur ma cuisse et je sens ma conscience partir petit à petit.

Mes poumons sont en feu, ma cuisse déchiqueté, les flammes sont à quelques mètre de me lécher la peau et de la faire fondre. Je prends sur moi et pousse sur ma jambe blessée, donnant l'occasion au monstre d'encore plus me déchiqueter. Ma gorge ne me permet même plus de pousser le moindre cri.

Mes doigts finissent pas accrocher mon arme de fortune et je ne sais avec quel énergie ni force, mais je me retourne sur le dos. Lève mon arme haut au-dessus de moi et frappe de toutes mes forces la tête du chien. Le tisonnier se retrouve coincé entre les deux parties séparées de sa tête.

Mais le monstre n'a aucune réaction, comme s'il avait à peine senti mon coup. Avec une barre de fer coincée dans son crâne, son expression semble encore plus féroce. Peut-être qu'il a senti mon coup tout compte fait.

Il s'approche dangereusement de moi, lâchant ma jambe. Ses babines sont retroussées et ses grognements se répercutent dans mon corps. Je n'ai plus aucun force de me défendre. Ma conscience commence à m'abandonner et je n'arrive plus à la retenir.

Alors que je pense que c'est mon heure, une éclaboussure de sang atterrit sur mon front et mes joues accompagnées d'un bruit pâteux. La tête du chien tombe à mes pieds. La langue pendante en dehors de sa gueule posée sur ma jambe et les yeux vitreux. Je recule précipitamment en shootant dans sa tête pour l'éloigner de moi.

Un Amour d'Hypnos (REECRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant