Je caresse la plume du bout des doigts. Elle n'est pas très grande, la taille de mes doigts à peu près. Je la fais embrasser ma paume, me chatouillant par la même occasion. Je la pose délicatement dans le tiroir de la table de chevet qui prolonge mon lit. Je ne veux pas risquer de la perdre au moindre coup de vent.
Antéros me donne un chandail ainsi qu'un legging avec inscrit le logo de l'auberge. Je me dirige directement vers la salle de bain pour me changer. Je suis étonné qu'il fasse aussi chaud. Je me déshabille entièrement et m'admire dans le miroir incrusté dans de nombreuses branches entremêlé. Mes poings se serrent et des larmes refont surface aux coins de mes yeux. Des traces de doigts. Mon sein est imprégné par des bleus, une forme de main y est apparue. Je calque ma main sur la trace, une légère douleur me fait sursauter. Je décide de ne pas me torturer plus que nécessaire et détourne mon regard de mon reflet. Une grande bassine en bois comble le mur opposé à la porte. Plusieurs seaux d'eau sont placés sur une longe boite en métal qui longe le mur. Je m'en approche à peine qu'une forte chaleur me parvient. Je plonge ma main dans l'eau que contiennent les seaux, intrigué de la savoir chaude. Je soupir de soulagement lorsque ma peau entre en contact avec cette douce chaleur. Je soulève les seaux et un à un, je les vide dans la baignoire. De la fumée flotte à la surface de l'eau recouvrant le miroir de buée. J'immerge d'abord mes jambes et ne tarde pas à en faire de même avec tout mon corps. Une brûlure se fait ressentir sur mon flanc gauche, la blessure infligée par mon persécuteur n'est pas profonde. Elle n'est que superficielle, dans quelques jours il n'y aura déjà plus rien mis à part peut-être une sensation désagréable. Mes muscles se détendent et semblent fondre avec l'eau. Prendre un bain chaud après des semaines à me laver dans l'eau aussi glaciale que la nuit. Je décide donc de fermer les yeux et de profiter de ce bain plus que mérité.
Quelques coups à la porte me sortent brusquement de ma transe.
- Je voulais savoir si tout allait bien, et t'apporter des bandages pour ta blessure, m'explique-t-il à travers la porte.
Je regarde autour de moi, à la recherche d'une serviette de bain. Je n'en vois aucune et plonge mon corps dans le bain jusqu'au menton.
- Je n'ai pas de quoi me sécher.
Ma voix s'élève à peine. J'ai toujours peur du regard d'Antéros après qu'il m'ait vu dans cette situation si humiliante.
- Je peux rentrer ? Me demande-t-il.
Je ne réponds rien. L'eau reste transparente malgré la crasse qui s'est accumulée qui était coincé sur ma peau. S'il entre, il me verra dans mon plus simple appareil, et il verra ce bleu qui me répugne.
- Je ne regarderai pas, me rassure-t-il.
Je hoche positivement de la tête avant de me rendre compte qu'il ne me voit pas. Je prononce un petit « oui » timide. La poignée de porte se tourne et je cache ma poitrine de mes bras par réflexe. Je sais qu'il ne regardera pas, j'ai déjà pu constater ce trait de caractère chez lui. Il est respectueux avec tout le monde, même son père. Il rentre timidement, la tête tournée vers le sol. Je peux le voir rougir malgré son masque et sa capuche. Il avance jusqu'à rencontrer le meuble en dessous du miroir. Il y pose mon sac qui contient les bandages ainsi qu'une serviette de bain. Antéros reste debout et semble hésiter. Je rencontre son regard porté sur mes jambes nues dans le miroir. Je le vois déglutir difficilement avant de se retourner brusquement.
- Je...Je suis désolé, murmure-t-il en sortant précipitamment.
Je n'ai même pas eu le temps de lui demander la raison de ses excuses. Je sors du bain après avoir récuré la moindre parcelle de peau. Je me lave autant de la crasse que de la trace des mains de mon agresseurs. Je frotte plus que nécessaire, quitte à en faire rougir ma peau. J'évite le bleu, voulant à tout prix oublié ce souvenir. Je me sèche vite et pose un pansement sur ma plaie. Une fois habillé je reste devant la porte, ma main sur la poignée. Mes yeux sont encore rouges dû à mes crises de larmes. J'appréhende le regard d'Antéros. Va-t-il avoir du dégoût dans le regard ? Ou de la pitié ? Je crains qu'il soit déçu de moi. Après tout, je suis une Gardienne des Rêves, je suis censé combattre des Cauchemars, mais je ne suis même pas capable de mettre au tapis un homme. Lui qui a placé tant d'espoir en moi.
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Un Amour d'Hypnos (REECRITURE)
FantasyHalia tient une jolie bibliothèque familiale alors que ses parents sont en voyage. Elle arrive à jongler entre la gestion de ce petit paradis et ses cours. Elle arrive même à sortir le mystérieux inconnu, qui lui rend visite tous les jours, du mutis...