Chapitre 30

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Je trempe le linge dans la bassine d'eau qui a pris une couleur rosâtre. Je passe doucement sur les plaies du prince Eliam en essayant d'enlever les quelques gouttes de sang qui s'y sont échappées.

- J'ai fini, vous devriez guérir dans quelques jours.

Les coupures ne sont que superficielles. Antéros y a vraiment fait attention. Le prince Eliam se lève se craque le dos, je grimace au bruit sourd qu'il produit. Ne s'est-il pas brisé une vertèbre ? Le prince déploie ses ailes, je vérifie instinctivement la porte de ma chambre par peur que quelqu'un ne rentre au mauvais moment.

- Il ne me faudra que quelques heures grâce à elles, se vente-t-il.

Je regarde ses ailes, toujours aussi impressionnée par leur beauté.

- Vos ailes vous aident à guérir ?

- Une blessure qui pour vous, les humains, prendrait des jours à guérir, ne nous prendrait que quelques heures. Nous ne guérissons pas instantanément, notre organisme a tout de même besoin de temps, m'explique-t-il.

J'approche mes doigts de ses plumes. Je les effleure à peine que le prince Eliam se met à frissonner, mais cette fois, je n'enlève pas ma main. C'est lui qui se dégage subitement.

- Tu joues à un jeu dangereux, petite Halia.

Je décide d'ignorer son commentaire, n'en comprenant pas le sens.

- Je vous ai soigné pour rien si vous serez guéri dans quelques heures, constatais-je.

Il se rapproche de moi, me poussant sur le lit. Il me domine de toute sa hauteur, quelques mèches brunes lui tombent devant les yeux lorsqu'il abaisse la tête vers moi.

- Comment refuser d'avoir une infirmière aussi sexy ?

Je pouffe et me relève. Je pose mes deux mains sur son torse et le pousse afin de le faire sortir de la chambre.

- Vous le prépariez depuis combien de temps ce tour ?

- J'ai réfléchi à mon plan d'attaque depuis mon entrée dans la chambre, tu m'as facilité la tâche avec ta curiosité.

Il m'attrape les poignets pour enlever mes mains de son torse, mais j'ai un violent mouvement de recul. Je rapproche mes poignets de mon corps et les frotte à tour de rôle. Mon regard se perd sur le parquet et de mauvais souvenir me revienne. Je ne veux plus que l'on me touche. J'ai besoin de me laver, je dois me débarrasser de ses mains. Je me gratte les bras, de la peau s'accumule sous mes ongles. Je ne comprends pas ce qu'il m'arrive. Je ne comprends pas ma réaction. J'entends vaguement du mouvement autour de moi. On m'entraîne dans la salle de bain, mes manches qui couvraient mes bras se relève. Je ressens des brûlures lorsque le tissu passe sur mes bras abîmés par mes ongles. Je ne réagis pourtant pas, même quand on passe de l'eau sur mes blessures. On y dépose quelque chose de doux, mais je n'y prête pas attention. Mes yeux sont dans le vague, mon ouï aussi. On me déplace de nouveau pour m'installer sur ce que je soupçonne d'être un lit. Je me recroqueville instinctivement. Je sais qu'il y a des gens autour de moi, j'arrive à les percevoir.

- Que s'est-il passé ?

L'inquiétude transperce sa voix, la colère également. Bizarrement, cette voix m'apaise, je veux l'entendre davantage.

- J'ai posé mes mains sur ses poignets, je pense lui avoir débloqué des souvenirs.

Cette voix, elle, ne présente pas d'inquiétude, mais de la tristesse. Comme s'il était affligé.

- Pourtant, elle n'a eu aucun symptôme de traumatisme lors de son entraînement.

- Justement, je pense qu'inconsciemment, elle a mis toute son énergie dans l'entraînement afin d'oublier la nuit passée. Et le contrecoup ne peut être que plus violent.

Un Amour d'Hypnos (REECRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant