Chapitre 26 : Distraction

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— Halia ! Halia !

Mon prénom résonne dans la forêt, je l'entends arriver autant au nord qu'au sud. Je n'ai pas la force de me lever. 

Le corps dur du cerf est maintenant aussi froid que la terre sur laquelle je me suis vautré. J'arrive tout de même à émettre une sorte de gémissement de douleur. 

Ma gorge est sèche et me brûle. Mon prénom ne cesse de retentir dans l'air, je reconnais la voix du prince Eliam. Ses pas se rapprochent de moi suivi pas d'autres, plus discret et plus légers.

 Ma tête est trop lourde pour que je la relève, je me contente d'observer le sol. On peut encore distinguer le sang imprégner la terre, l'odeur me monte au nez et manque de me faire régurgiter une nouvelle fois. 

Je ne dois pas présenter un beau tableau. Mon corps tremblant maculé de terre et de sang entouré par un renard aux entrailles visible et un marlas aux yeux vitreux. 

Alors que je détourne les yeux de ma propre image pitoyable, une petite source de lumière attire mon attention. Je tends mon bras vers cette étrange luminescence, je tâte le sol en essayant de l'atteindre. J'apporte l'objet près de mon visage.

 On dirait un morceau de bois scintillant. Il ne doit pas faire plus de cinq centimètres, le bout est pointu alors que le bâton forme une torsade. 

L'autre extrémité semble avoir été arrachée. Je referme ma paume sur l'objet et le presse près de mon cœur. Des rayons de lumière jaunâtre traversent la peau fine de mes doigts. 

Je ferme les yeux en entendant les pas à quelques mètres de moi. La honte, à l'idée d'être vue dans une telle position, me submerge.

 Une texture étrange entre en contact avec la peau de mon visage, au niveau de mes joues. Je reconnais tout de suite les gants en cuir d'Antéros. 

Il manipule délicatement mon visage, l'inspectant sous toutes ses coutures. Je dois avoir fière allure avec tout ce sang, qui ne m'appartient même pas. 

Antéros passe un bras derrière mon dos et sous mes genoux, il me soulève du sol et colle mon corps au sien avec une extrême délicatesse. 

C'est lorsqu'il se relève que je remarque qu'il manque un morceau aux bois du cerf, un morceau que je tiens dans ma paume. 

Une petite étincelle d'espoir et de joie scintille dans mon cœur en prenant cet objet comme un remerciement. 

Je nous sens nous déplacer, sûrement vers le camp. On me pose sur une surface molle, je reste assise là à attendre. 

Le bois du cerf dans ma paume, je le tourne entre mes doigts. Je n'ose relever les yeux vers les princes. 

Voir une grosse pointe de « je te l'avais dit » dans leurs yeux n'est vraiment pas le moment. Antéros revient avec un tissu humide, il pose ses doigts sous mon menton et relève mon visage.

 Mon regard trouve refuge sur sa capuche rabattue, fuyant son regard à tout prix. Le tissu efface délicatement toutes trace de sang, il passe et repasse sur ma peau souillée. 

J'ai l'impression de ne pas mériter toute cette attention. Comme si l'attaque des renard était de ma faute. 

Je sais que ça ne l'est pas, mais depuis que je suis entré dans leur monde, il ne nous arrive que des malheurs.

— Sa famille est saine et sauf.

Un sanglot monte dans ma gorge. Au moins une bonne nouvelle dans cette journée pourrie. Une petite famille qui ne reverra jamais leur mâle.

— La femelle et le petit faon sont à l'abri, répète-t-il pour être certain que j'avais compris.

Mes poumons se vident d'un coup. Je n'avais pas remarqué jusque-là que leur sort m'importais plus que je ne le croyais.

Un Amour d'Hypnos (REECRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant