𝙲𝙷𝙰𝙿𝙸𝚃𝚁𝙴 𝟻, 𝙰𝚍𝚛𝚒𝚊𝚗 | 𝟸

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Note d'autrice. 

Un petit chapitre pour ce milieu de semaine, une petite scène sur Adrian et ses réflexions sur Kieren <3 

On se rapproche doucement de la fin de la première semaine de Kieren au sein de l'équipe 1 de l'Agence, et surtout on se rapproche de l'invitation de Mika envers Kieren pour que ce dernier vienne à la réserve ! J'ai hâte de vous montrer ça ❤️

En attendant je vous embrasse et je vous souhaite une bonne lecture !


Le vendredi soir, une fois le pick-up sorti du parking souterrain, Adrian attend sagement devant l'immeuble. Assis derrière le volant, le moteur à l'arrêt, il relève la tête en repérant sa sœur qui passe les portes de l'entrée. Ses longs cheveux bouclés attrapent le soleil et renvoient des reflets presque rouges : elle sautille à côté de Kieren, s'agitant dans leur conversation. Même de loin, Adrian la voit coller son épaule contre lui, entrer clairement dans son espace. Il sait que Kieren va commencer à sentir comme la meute dans quelques jours à peine, et il aimerait dire que ça l'irrite.

Sa sœur l'accompagne jusqu'à sa moto, une horrible machine bariolée — et il se dit, ah, évidemment c'était à lui — garée sur le parking extérieur.

Adrian le regarde distraitement. Kieren n'est pas petit, et il ne peut s'empêcher de sentir une fierté mal placée à l'idée de le dépasser de plusieurs centimètres. Ses souvenirs sont un peu plus vagues à chaque jour qui passe, mais depuis leur rencontre deux ans plus tôt il sait qu'il n'y a pas eu de grands changements.

Adrian se souvient de cheveux bruns mal teints — rien à voir avec le noir parfait qu'il voit à présent —, de yeux sombres, d'une peau tiède, d'une odeur riche et perdue au milieu de celles de tous les gens qu'il avait croisés ce soir là. Il se souvient de vêtements usés, d'une voix suave et rauque. Il pense se souvenir de muscles plus présents, mais peut-être qu'il se trompe.

Aujourd'hui, il plisse les yeux dans sa direction et écoute attentivement. Les bruits de la route sont forts, tout comme la voix de sa sœur, et même si dans l'instant il n'entend rien de plus que la cacophonie de la rue, il sait qu'il n'y a aucune confusion possible.

Deux ans plus tôt, le cœur de Kieren battait à tout rompre dans cette boite de nuit mal éclairée. Et aujourd'hui, malgré les sourires charmants qu'il distribue à tour de bras et une fausse chaleur apparente, malgré une odeur presque humaine et une apparence normale, malgré des canines légèrement pointues et des cheveux encore en bonne santé ; malgré tout ça, Adrian sait que depuis la dernière fois qu'il l'a vu, ce garçon est devenu un vampire.

Son cœur se serre légèrement en y pensant.

Il lui en veut, il le sait : son arrivée tombe mal, c'est sûr, mais son attitude nonchalante l'irrite un peu plus à chaque seconde. Cela fait déjà quatre jours qu'il est entré dans leur équipe, et si au départ Adrian n'aurait jamais accepté de lui parler en tête à tête, à présent il est simplement vexé que le vampire n'ait même pas essayé.

Parce que ce qu'il voit dans son attitude, ce n'est même pas un rejet. Il ne se souvient pas de lui, du tout. L'existence d'Adrian n'a jamais été quelque chose à laquelle il a repensé ensuite, pas comme lui l'a fait en tout cas.

Disparaître n'a peut-être même pas été un choix conscient, il n'en a simplement rien eu à faire. Mais toute cette rancœur le fait se sentir presque autant coupable, car entre-temps ce garçon est devenu un vampire. Et s'il y a bien quelque chose dont il est certain, c'est qu'une transformation pareille ne se fait jamais sans heurt, sans traumatisme, et sans peine.

Au loin, sa sœur trottine enfin vers la voiture. Il a tout juste le temps d'entendre Kieren démarrer sa moto avant qu'il ne parte à toute vitesse et ne s'insère sur la route. Comme beaucoup de vampires, ses bons réflexes appellent à la vitesse et il disparaît rapidement au prochain croisement.

Adrian se demande si quelqu'un a déjà réussi à lui coller une amande.

A ses côtés la portière s'ouvre et sa sœur s'écrase sur le siège passager.

— J'ai trop faim, soupire-t-elle. Est-ce qu'on pourrait pas...

— Non. Faut qu'on aille chercher Ari et Lizzie à l'école.

Le moteur gronde quand il fait tourner la clé, et Mika a à peine le temps de mettre sa ceinture que déjà ils prennent la route. 

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