𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝟸𝟼, 𝙰𝚍𝚛𝚒𝚊𝚗

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Note d'autrice

A deux doigts d'oublier de poster ce chapitre ! Il est plutôt intermédiaire : les choses sérieuses commence dans le suivant...

J'ai aussi vu que Wattpad allait retirer les messages privés, et j'en suis vraiment très triste. Ca m'a permis de parler avec tant de lecteurs au fil des ans, surtout les plus timides qui n'osent pas commenter... Je n'ai aucune envie d'arrêter Wattpad, mais chaque mise à jour est pire que la précédente :(

En attendant, je vous souhaite une bonne lecture ❤️


Adrian se gare sur les places dépose-minute devant l'hôpital.

L'intérieur de son pick-up sent le gel douche qu'il a utilisé un peu plus tôt. Ses cheveux sont encore humides et il s'est encore fait la réflexion qu'il allait devoir les couper très bientôt. Pour sortir, il a dû emprunter un jogging noir et un sweat-shirt estampillé avec le logo de l'Agence — un cercle à l'intérieur duquel se trouve les symboles des quatre éléments imposés les uns sur les autres d'une façon harmonieuse.

Quand il sort de l'habitacle, il est bien content que les places soient surmontées d'un avancement qui recouvre tout le devant des bâtiments : la pluie tombe s'est remise à tomber à grosses gouttes, résonnant sur le parking étrangement vide. De l'autre côté, vers les urgences, Adrian entend les sirènes des ambulances se mettre en branle pour partir en direction de la route.

Il attend encore dix bonnes minutes, et en profite pour allumer une cigarette. Il ne fume pas souvent, son corps de loup absorbant et faisant disparaître la nicotine en un temps record, mais quand une journée comme ça se termine il ne peut pas s'empêcher d'essayer de ressentir le soulagement placébo qui vient avec le geste. C'est un jeune adolescent, de l'époque où Adrian était au centre pour mineurs, qui avait trouvé drôle de faire fumer le gamin de douze ans complètement terrifié et énervé après tout le monde. Le résultat avait sans doute été décevant, mais l'envie de tenter à nouveau était revenue à la fin du lycée.

A quelques mètres de là, les doubles portes automatiques menant sur l'accueil de l'hôpital s'ouvrent sur une silhouette un peu boitante. Kieren s'avance lentement, la tête basse et les mains dans les poches.

Quand il voit que le vampire commence à partir à pied en direction de la route et qu'il compte de toute évidence se rendre ainsi jusqu'à chez lui, il lève les yeux au ciel et siffle un bon coup en mettant ses doigts dans sa bouche.

Le bruit aigu attire vaguement l'attention de Kieren, qui se retourne à peine. C'est tout de même suffisant pour le faire s'arrêter. Ses sourcils se haussent, et sous la lumière du lampadaire au-dessus de lui, Adrian grimace devant sa peau blafarde.

Il fait un geste pour l'inviter à venir, et Kieren traîne des pieds dans sa direction.

— Capitaine ? dit-il d'une voix incertaine.

Ses cheveux rebiquent complètement par endroit et même à travers la forte odeur humide de la rue Adrian peut encore sentir le sang qui macule certaines de ses mèches.

— Si c'est pour mes actions d'aujourd'hui, on pourrait peut-être en parler demain...

— Tu penses que je suis venu jusqu'ici pour te virer ? Monte, je te ramène.

Sa surprise l'irrite presque : il ne donne pas l'impression d'être un si mauvais capitaine que ça, si ?

— Tu comptais rentrer à pieds dans ton état, peut-être ?

— Et bien, oui, en fait. Je peux marcher.

Les sourcils d'Adrian se froncent et Kieren se racle la gorge.

— Mais merci pour la proposition, ajoute-t-il rapidement. Je l'accepte avec plaisir.

Pendant qu'Adrian fait le tour du pick-up pour grimper derrière le volant, ses yeux sont sur le vampire qui grimace légèrement à chaque mouvement qui lui demande de la force. Sa bouche se tord quand il tire sur la poignée de la portière pour l'ouvrir, et un souffle un peu plus fort lui échappe quand il se hisse sur le siège.

Le réflexe respiratoire chez Kieren sera peut-être éternel : Adrian a curieusement cherché sur internet quelques jours plus tôt à propos de ça, et certains vampires ne cessent jamais d'agir comme des humains. Surtout les Types 4 et 5, ce que Kieren affirme être.

— Je pensais pas qu'ils te libéreraient si tôt, remarque Adrian en démarrant le moteur.

La voiture vrombit sous ses doigts. L'odeur de Kieren remplit l'habitacle et Adrian essaye de ne pas le renifler trop fort : personne ne lui a donné de change ou même de quoi se laver le visage ou les mains, et des tâches rouges craquèlent sur ses doigts.

— Les hôpitaux ne perdent pas souvent leur temps avec des gens comme moi.

Adrian met son clignotant, s'insère sur la route, puis lance un coup d'œil à Kieren. C'est peut-être la première fois qu'il le sent aussi fatigué.

Des cernes presque bleus ornent le dessous de ses yeux. L'intérieur de la voiture est sombre, mais les lumières derrière les ombres de son visage accentuent ses traits fins. Adrian le trouve beau malgré tout, et ses doigts se resserrent autour du volant.

— En plus, ajoute-t-il, mes blessures n'étaient pas si graves. J'aurais pu rentrer à pied.

— C'est ça.

— J'aurais pu me débrouiller, insiste-t-il. J'apprécie que vous soyez tous là pour moi, mais je suis un vampire et — ah !

Une grimace franche déforme son visage et Adrian hausse un sourcil. Kieren pose sa main à l'endroit où le loup vient d'y planter ses doigts, quelque part en dessous de ses côtes, et lui renvoie une expression furibonde.

— Pas si graves, hein ? Tu me rediras ça quand tu te seras pas pris deux balles en argent. T'es le premier à dire qu'être un vampire défini pas les gens, et là tu me sors les conneries habituelles sur les vampires qui résistent mieux ? Je suis un loup, je résiste mieux aussi. Mais c'est pas parce que mes blessures guérissent plus vite que je ne sens rien.

Kieren baisse la tête, et en s'enfonçant dans le siège il donne l'impression de bouder légèrement. Adrian ravale un sourire.

La légère musique qui s'échappe du poste de radio rempli le silence pendant plusieurs secondes, jusqu'à ce que Kieren se redresse pour indiquer :

— C'est cette sortie.

— Je sais. Je suis déjà venu chez toi, je te rappelle.

Le vampire se détourne vers la fenêtre, la paume de sa main cachant le bas de son visage. Mais malgré ça, Adrian a presque l'impression d'y voir une réaction. Ils n'en ont peut-être pas encore reparlé, mais ce soir c'est terminé.

Blessure ou pas, Adrian en a assez de tous ces non-dits. 

Fangs and RosesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant