Chapitre VIII

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Les jours défilent à toute allure ces derniers temps. Je perds parfois le fil dans cette spirale infernale. L'aménagement de mon mas avance bien, ne manque que certains meubles et l'endroit sera enfin tel que je l'avais imaginé. L'unique espace que je n'ai pas retouché, c'est mon refuge, je l'ai laissé tel quel. Lors de ma première visite, l'agent immobilier avait gardé ce petit coin pour la fin. Dans son esprit, étant une jeune femme célibataire et sans progéniture, ce plus n'était pas un atout vendeur. Il avait vite écarté ce merveilleux havre d'inspiration, ne voyant lui, que la seule utilité qu'elle avait jusqu'à présent, à savoir une cabane d'enfant. J'en suis sûrement restée une, une petite fille en manque d'amour paternel qui cherche désespérément l'approbation d'un homme mûr. Je balaye cette introspection désagréable et check rapidement mes rendez-vous. Aujourd'hui, une équipe de tournage va venir envahir mon espace pour prendre quelques mesures et autres marques pour le clip ou je ne sais quoi, j'ai pas très bien écouté ni compris grand-chose. C'est donc sans surprise que j'accueille toute une brigade de différents corps de métiers.

— Toujours dans vos pensées Mademoiselle Valensol, me susurre une voix suave dans mon dos.

— David, c'est ça, lancé-je presque sûre d'avoir bonne mémoire en lui faisant face.

— C'est ça, sourit-il de ses superbes dents blanches impeccablement alignées.

— Je ne savais pas que vous viendriez aussi.

— Oui, Marvin est très pointilleux et chaque détail à son importance... m'explique-t-il la vision perdue sur les alentours.

Je prends le temps d'examiner la musculature saillante que sa chemise immaculée laisse subtilement deviner. Une fois sorti de l'ombre et du charisme de Marvin Marsen, tout son capital séduction me saute littéralement aux yeux. Une mèche ébène se balade négligemment sur son front flirtant avec ses longs cils qui offre à son regard ce petit je ne sais quoi d'attirant. Une chose est sûre, difficile de rester de marbre devant un visage si plaisant. Et je n'évoque même pas le bleu si clair de ses iris...

— Il y a quand même pas mal de boulot, constate-t-il m'arrachant à ma contemplation.

— Comment ça ?

— Eh, bien, oui... commence-t-il gêné, on ne peut pas dire que le jardin est clean, c'est emmerdant pour les prises.

— Je vous l'accorde, mais je l'aime comme ça MON JARDIN, insisté-je, histoire de lui rappeler qu'il est encore chez moi.

— Certes, on tâchera de le remettre tel qu'on l'a trouvé, me sourit-il chaleureusement. Bien, je vais aller voir mes équipes et vérifier que tout est OK...

Il reste un instant planté devant moi et ses lèvres se pincent comme pour retenir une information interdite.

— Oui ? finis-je par questionner pour clôturer ce moment malaisant.

— Eh, bien, je me demandais si...

— Si j'ai déjà tué quelqu'un parce qu'il avait massacré ma pelouse, ironisé-je.

Le visage de mon interlocuteur laisse apercevoir une expression juvénile qui m'insuffle une fraîcheur nouvelle et son sourire adoucit mon humeur.

— Euh, non, j'espère bien que non, d'ailleurs... s'amuse-t-il faussement flippé. Je voulais juste savoir si tu étais partante pour un dîner...

— Oh ! Eh, bien pourquoi pas, répondis-je sans même vraiment réfléchir.

Ses traits se détendent comme soulagé et sans me permettre de rectifier le tir, il me lance :

Par delà la fictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant