Je me roule dans la douceur des draps repoussant encore de quelques secondes le moment où je vais devoir les quitter, c'est fini, mon séjour américain s'arrête ici pour l'instant. Je ne pensais pas m'y plaire autant, pourtant, je pars presque à regret. La rencontre avec Marvin y est sans doute pour quelque chose. Maintenant, je possède de lui autre chose qu'une simple image vaporeuse. Il m'est possible de déterminer la fragrance qu'il dégage, le savant mélange de son parfum, peut-être même de sa lessive mêlée à celle de sa peau est un élixir aphrodisiaque. Tout ça fut merveilleux, une opportunité exceptionnelle qui ne se produit qu'une seule fois dans une vie.
J'ai également conclu un tas d'accords pour le film, sans compter ces nuits extraordinaires dans cette literie de rêve. J'ai fini par assouvir mon fantasme par d'interminables caresses en rentrant de cette soirée. À peine avais-je retiré ma robe, ma nudité avait accueilli la fraîcheur du lit avec délice, j'avais envahi ma tête d'image de ce visage aussi dur que merveilleux laissant mon index un intense échange charnel ... Plusieurs longs orgasmes ont accompagné la fin de ma nuit, ça faisait une éternité qu'ils n'avaient pas été aussi bons.
Ce seul souvenir ranime de doux picotements, de ma main, j'enveloppe mon sein dressé, puis de l'autre, je fais glisser mes doigts sur la ligne de mon nombril, nul besoin de les humidifiés, l'endroit est déjà bien mouillé. Mes hanches se décollent du matelas et je me pénètre. Un râle s'échappe de ma gorge, j'imagine sa bouche, son souffle... J'accélère mon geste puis me retire pour partir à l'assaut de mon clitoris gonflé, je lèche mon doigt gauche et mitraille mon téton avec, je gémis, j'en veux encore, puis je la sens m'envahir. La vague de ma jouissance fait frémir tous mes membres, ma respiration se coupe et le feu d'artifice d'extase m'arrache son nom dans un cri.
Un bruit sec contre la porte me sort brusquement de mon état et j'attrape précipitamment mon peignoir de soie qui vient se coller à ma moiteur. J'arbore ma mine la plus renfrognée avant d'ouvrir, me demandant qui peut bien m'emmerder à cette heure aussi matinale. La chaleur de mon entrejambe se ravive sous l'éclat interloqué des iris aux teintes saphir que je découvre. Pour la première fois, un sourire se trace sur ses lèvres qu'il humidifie avec gourmandise, mes joues s'empourprent, car je sais qu'il sait. Je ne sais pas comment, mais il sait parfaitement ce que j'étais en train de faire, peut-être m'a-t-il entendu hurler son nom...
— Tu souhaites qu'on repasse ou tu as fini, me glisse-t-il joueur.
— Fini quoi ? Oui... Euh, non, je veux dire, c'est bon, balbutié-je. Si je suis gêné du timing de sa visite, je le suis encore plus de me retrouver devant lui. Des tremblements m'envahissent autant que son odeur et un raclement de gorge interrompt ce jeu de regard.
— Je suis venue te présenter le réalisateur du clip...
— Oh oui, pardon, allez-y entrez, les invité-je de la main découvrant ainsi mon épaule de ma gestuelle maladroite.
Frôlant mon corps en ébullition, Marvin file, le réalisateur sur ses talons, en direction du comptoir.
— C'est donc cette tête que tu as ? me lance-t-il, ne feignant même pas son air lourd de sous entendus.
— Quoi ? Quelle tête ?
— Eh, bien, tu sais, cet air si apaisé ? Ce n'est pas tout le monde qui est aussi décontracté au saut du lit. Sa voix se fait plus faible sur les derniers mots et son index désigne ma tenue légère.
— Euh, oui je vais me changer, vous n'avez qu'à vous commander un truc à boire, aboyé-je.
Les pas pressants, je fonce à la salle de bain, jette le tissu moite et ouvre le mitigeur sans chercher la moindre chaleur. Je suis aussi chaude qu'une baraque à Frites, j'ai besoin de fraîcheur. L'eau gelée apaise quelque peu ma peau volcanique et m'aide à rassembler mes esprits. D'ailleurs pourquoi dit-on esprits aux pluriels ? Je n'ai qu'un seul esprit non ? Bon, il m'arrive de croire que nous sommes plusieurs...
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Par delà la fiction
RomanceMia Valensol, jeune trentenaire, devient l'auteure à succès du moment, grâce à la romance fictive qu'elle écrit s'inspirant du rappeur qu'elle admire le plus. Lui, Marvin Marsen, Dieu du rap et référence incontournable du hip-hop, est piqué de curio...