Par delà la fiction

Chapitre XVII

Marvin est reparti depuis deux jours, pourtant, il m'arrive de percevoir encore les effluves de son parfum dans la cabane. Je savais cet endroit particulier, maintenant, il flotte carrément un air chargé d'intensité presque palpable.

J'ai terminé ma correction et renvoyé à Aurore la nouvelle version, depuis, je tourne un peu en rond. Kelly ne me donne plus de nouvelles depuis sa dernière visite, sûrement accaparée pas son livre, seul mon ex, continu de royalement m'emmerder en envoyant une infinité de messages privés sur les réseaux sociaux sous différents pseudos. Cette espèce d'abruti se crée une différente identité à mesure que je bloque l'ancienne. Rien ne trouve grâce à mes yeux, le temps s'étire et je commence à m'ennuyer. C'est dingue, parce que, quand j'étais fauché, je rêvais de réaliser un tas de trucs et maintenant que je peux me permettre toutes sortes d'extravagances, l'unique chose dont j'ai envie, c'est le revoir.

Je caresse la tablette qui s'allume pour m'offrir la vision de son cul toujours en fond d'écran, l'image de nos corps s'entremêlant envahit mon esprit créant immédiatement la sensation si particulière que seul le manège ascensionnel m'avait jusqu'à présent fait ressentir. J'ai admiré l'univers de cet artiste, jusqu'à m'en inspirer pour accomplir mon rêve, aujourd'hui, je ne peux plus me passer de l'homme.

Les doigts tremblotant de ce souvenir puissant, j'observe une petite enveloppe apparaître augmentant mon rythme cardiaque.

# Douce Hystérique

Tu as dit dans une interview qu'il ne te restait qu'un seul rêve à réaliser, me voir en concert. Viens me rejoindre, ce week-end, j'ai une représentation dans une ville voisine de chez moi, je t'enverrai un chauffeur qui t'accompagnera jusqu'au jet. Tiens-toi prête.

J'ai la sensation qu'une bonne fée agite sa baguette autour de moi. Comment mon destin, peut-il prendre un tel tournant ? Comment est-il possible que ma vie se transforme en rêve ? Quelques larmes s'échappent, car tout se mélange dans ma tête.

Je fais face à la petite fille recroquevillée qui se bouche les oreilles pour ne plus entendre son père la traiter de moins que rien. À cette mère qui détourne le regard, car elle traîne cet enfant comme un boulet qu'elle n'a jamais voulus... Cette prière silencieuse de vivre auprès de parents aimants, et cette profusion d'excuses de ne pas être ce qu'ils attendent d'elle....

Peut être qu'il fallait en passer par là, peut être que si je ne m'étais jamais sentie si seule, Marvin ne m'aurait pas autant touché.

Cet élan de nostalgie me conforte dans l'idée de le rejoindre, alors je lui confirme ma venue sans tarder.

Et tel que je le prévoyais, le temps s'est figé depuis son mail. Les heures sont interminables, les jours ne s'écoulent pas. Je m'occupe comme je peux pour arrêter de penser à ça, mais cela devient dur. Je m'organise une séance chez un coiffeur réputé de la région, et bien que ces conseils m'avaient l'air bons, j'ai catégoriquement refusé qu'il me coupe les cheveux. J'ai poursuivi avec une manucure puis j'ai même pris rendez-vous chez l'esthéticienne pour la première fois de ma vie. Autant dire que je me souviendrai encore longtemps de ma première épilation du maillot. J'ai cru mourir, ça fait un mal de chien. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à ceux assez fous pour tenter un CiF. Cette idée m'a mortifié, j'étais tendue jusqu'à la fin et terriblement soulagée que cela s'arrête. Ce qui à la base devait être un moment de détente s'est transformé en torture.

Quand je saute dans la voiture, je suis autant excitée qu'angoissée. Je me laisse guider sans crainte puisque ce chauffeur m'a été envoyé par ses soins, mais j'ai toujours un peu de mal avec les inconnus. L'idée de faire un voyage dans un jet privé me crée un sentiment de malaise. Je tente de me focaliser sur des banalités pendant le trajet, mais rien ne m'accapare réellement. Je parviens quand même à me perdre un peu dans des contrées lointaines en imaginant ce que je pourrais bien écrire comme nouvelle histoire, mais sans grand succès. L'inspiration n'est pas quelque chose de tangible et ne vient pas sur commande malheureusement.