Chapitre XXX

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MARVIN

Le cœur battant à tout rompre, le front posé contre la paume de ma main, je compte. Les secondes sont devenues des minutes, les minutes se transforment en heures et les heures en jours. L'attente interminable va me rendre fou. Je ne peux rien faire, incapable de bouger, de parler, je respire à peine. La panique pénètre chaque pore de ma peau, chaque parcelle de ma raison est empoisonnée par ma peur. Mon monde s'est mis sur pause dans l'attente de s'écrouler à tout moment.

Le message de David ne parvient pas à me calmer. Les nouvelles de Kelly sont bonnes, un trouble bipolaire lui a été diagnostiqué et je me suis assuré d'une prise en charge complète. Depuis, je requiers à être informé une fois par jour de son état. Je reconnais que je m'en veux un peu, j'ai senti que quelque chose clochait chez elle, mais mon premier réflexe était de l'accusé de mauvaises intentions. J'ai tendance à voir le mal partout. Faut dire que mon expérience a vocation à conforter ma méfiance.

Revenu à la réalité, je demande s'il a pu avoir des nouvelles de Mia. Ne pas pouvoir être à ses côtés ravive une douleur déchirante qui me tiraille. Mais il ne peut en être autrement, même si j'imagine le traumatisme de trouver sa meilleure amie baignant dans une marre de sang les veines ouvertes, je ne suis pas là personne idéale en cet instant.

En ce moment, je suis pris dans un étau, ma cage thoracique est comprimée de l'intérieur comme si une main invisible s'amusait à broyer mes poumons.

La peur est mauvaise conseillère, mais il m'est impossible de la contrôler. Je paye au prix fort les conséquences de mes excès. Pendant longtemps, je n'osais voir la réalité en face. Je me cachais derrière des tas de lamentations. Pourquoi moi ? Après tout ce parcours pour quoi ne pas m'offrir cet instant de répit que j'ai la prétention de croire m'ait dû.

Et puis des lamentations je suis passé à la vérité. Je me souviens baignant dans mon vomi, ivre d'autant d'alcool que de médocs... un raté, une loque, une épave.

Un pauvre type répétant un schéma navrant que j'ai pourtant trouvé si écœurant. Le besoin de fuir, de m'éloigner du monde, de mourir aussi peut-être. J'ai sans doute nargué la mort, joué avec elle.

L'addiction n'est que la conséquence du mal-être. Il m'était insupportable de vivre avec ces souvenirs, cette vie, ce manque d'amour. J'ai tout gagné avec ma musique, mais aussi beaucoup perdu. À commencer par ma liberté. Je suis en conflit intérieur aimant par-dessus tout mon travail, mais détestant ne plus être libre de tout mouvement. Il y a plus de bons côtés à être une star planétaire pourtant je n'ai l'impression de n'en voir que les mauvais. Enfin avant elle. Elle a par un lien invisible accroché mon cœur pour le tirer doucement auprès d'elle. Petit à petit je suis tombé amoureux de sa passion, de son espoir et son sourire. Elle aurait un tas de raison pour faire la gueule, revendiqué un statut dont on lui a souvent répété qu'il lui était inatteignable...

Elle reste elle-même, pleine de lumière malgré sa tristesse, je ne pourrais supporter être celui qui ternira son aura de ses ténèbres.

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Tout va bien, elle travaille sur un nouveau projet avec un artiste français.

Bien, c'est bien. Le travail lui fera sans doute oublier un peu son chagrin. Cependant je ne peux m'empêcher de demander :

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C'est qui ce mec ?

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Il fait partie du top trois des meilleurs rappeurs français. Il a le même âge qu'elle, il reste assez discret sur sa vie personnelle. Ils ont été aperçus dans un hôtel où une réunion de présentation s'est menée et où un accord de collaboration aurait été conclu.

Une pointe d'anxiété me serre la gorge. Pourrait-elle trouver chez lui ce qui me manque cruellement ? L'admirera-t-elle plus qu'elle ne m'admire ? Je n'imagine même pas ce qu'elle penserait en connaissant mon terrible secret. Comme pour chasser toute frustration, je prends la direction de ma salle de sport. Si j'ai réussi à combattre mon addiction, c'est grâce au fait que j'en ai trouvé une autre. Lorsque je n'ai plus pu faire été sport, elle m'est apparu tel un ange rédempteur qui m'offrirait une seconde vie, une seconde chance.

Aujourd'hui, je peux reprendre le sport à défaut de l'avoir auprès de moi. Une séance intensive identique à un shoot domptera, espérons-le, mes angoisses.

Par delà la fictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant