MIA
Les rayons du soleil viennent piquer mes paupières, ma main tâtonne dans les draps froids à la recherche de Marvin en vain. Interloquée, je lève la tête, prêtant attention au moindre bruit, mais je ne suis confrontée qu'au silence. Je cherche de quoi m'habiller rapidement et après le constat amer que monsieur a foutu le camp, je regarde mon téléphone. L'émoticône de l'enveloppe que je suis d'habitude si excitée de voir m'horripile. Je ne peux pas croire qu'il m'ait laissé en plan. Quel pauvre con ! Une boule m'oppresse l'estomac, comme si je savais déjà pourquoi il avait foutu le camp ou plutôt pour qui. Après une grimace, je me revêts d'un tee-shirt et m'apprête à demander un café à la réception quand la porte s'ouvre à la volée.
Kelly, un large sourire, pénètre la pièce en imitant une valse. Mon regard médusé la fait rire et avant que je ne prononce le moindre mot elle gueule telle une véritable poissonnière sur le vieux port :
— J'ai passé la meilleure nuit de ma vie... si tu savais, un sexe magnifique, légèrement courbé, avec une base bien robuste..., m'explique-t-elle tout en mimant la forme.
— Par pitié, stoppe ! l'interromps-je. Pas de détail avant mon premier café.
— Oui, d'ailleurs le coincé du cul à la réception m'a annoncé qu'il te suffisait de leur signaler que tu étais réveillé. Ton petit-déj a été commandé par l'homme taciturne et ténébreux, qui si je me réfère aux draps a dû te faire vivre une nuit...
Elle grimace à mon froncement de sourcil.
— Oh, ce n'était pas terrible, ose-t-elle.
Je lève mon index, attrape le téléphone, implore à mon interlocuteur que l'on me monte un café au plus vite et suis mon amie du regard qui se dirige vers la salle de bain. L'eau qui coule me rassure dans le fait qu'elle va attendre un peu avant de raconter en détail sa délirante nuit et j'en profite pour ouvrir la petite enveloppe toujours figée sur l'écran de mon portable.
#...
Ne crois pas que te quitter fut facile, mais je n'avais pas le choix. Je me ferai pardonner, c'est promis.
Je jette l'appareil lorsque ma commande arrive, bien décidé à ne pas répondre.
J'en suis à mon troisième café quand Kelly attaque les détails pointus, techniques et croustillants de sa folle nuit avec fesse d'acier. Son exagération devant un membre aussi long que large m'arrache un rire, mais j'ai vite fait de m'égarer dans mes doutes. Les paroles de mon amie deviennent un grésillement lointain pendant que mes pensées se redirigent vers l'homme qui cause le flanchement mon cœur. Je suis sûre que c'est pour elle qu'il est parti, j'ai bien vu leur complicité, quelque chose de fort le relie à cette femme aussi magnifique que talentueuse...
Ne pas savoir ce qu'ils sont l'un pour l'autre me tourmente et j'ai peur de ce qui pourrait m'arriver si je le découvrais. Je sais gérer, les cris, les insultes, l'humiliation, mais l'amour... Les sentiments m'effraient autant qu'il m'attire. Je reviens par moment à la réalité et contemple la joie sur le visage rayonnant de Kelly, j'aimerais un jour être en mesure d'être illuminé de la sorte. Aujourd'hui encore, tout me paraît sombre et incertain. J'ai peur de ne pas arriver à tenir à distance mes émotions et de me laisser embarquer une fois de plus dans le tourbillon du grand n'importe quoi de mes relations.
— Alors, c'est oui ou c'est non, me fustige-t-elle agacée.
— Oui ou non de quoi ?
— Tu étais déjà bien perché avant de le rencontrer, à présent tu es carrément plongée dans une autre galaxie ! Je te suppliais de pouvoir t'accompagner à ton interview à la radio ? T'a pas oublié ?
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Par delà la fiction
RomanceMia Valensol, jeune trentenaire, devient l'auteure à succès du moment, grâce à la romance fictive qu'elle écrit s'inspirant du rappeur qu'elle admire le plus. Lui, Marvin Marsen, Dieu du rap et référence incontournable du hip-hop, est piqué de curio...