Chapitre XI

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Les yeux encore écarquillés sur la photo en fond d'écran, je ne peux m'empêcher de rire. Comment lui est venue l'idée de m'y mettre son postérieur nu ? Je contemple, toujours choquée, d'avoir face à moi ces deux petites pommes dans lesquels j'ai envie croquer quand je perçois au loin, le claquement sec des talons de Kelly qui foule le par terre de ma terrasse.

J'ai voulu partager ce moment, je pense qu'elle aspire secrètement faire partie du casting, espérant silencieusement que l'on ait besoin d'elle, j'imagine que sa déception sera certainement chassée par l'appréciation de pouvoir assister dans l'ombre au tournage. Elle va dormir ici pendant ces quelques jours et même si je viens de recevoir les notifications de mon éditrice, je sais qu'elle ne me dérangera pas et vaquera à ses occupations.

— Eh, bien, tu n'es pas si pressée que ça de retrouver fesses d'acier et ton Dieu du rap ! Tu as vu l'heure qu'il est ? m'accuse-t-elle en pointant sa montre.

— Ouais, je me suis couchée tard, Aurore m'a envoyé le premier tour de correction et j'en ai tombé une bonne moitié cette nuit.

— Ah, oui, je comprends. Enfin, non pas vraiment, comme personne ne veut de moi, rit-elle cyniquement en haussant les épaules.

— Désolée, je souhaiter pas te blesser, essayé-je de me rattraper.

Je peux parfois être maladroite et ça m'agace, car le sujet reste sensible et je l'ai précisément invitée pour lui changer les idées. Je crois que le beau David lui a tapé dans l'œil et qu'il aura pour mérite de la divertir sans même le savoir.

— Ce n'est rien, parlons d'autre chose. Tu sais comment tu vas t'habiller ?

— Pas vraiment, d'après ce que j'ai compris, c'est une simple apparition en arrière-plan, je n'ai pas d'autres informations pour l'instant. Il semblerait que cela soit vraisemblablement le cas de pas mal de personnes d'ailleurs, ils ont beaucoup de fuites et Marvin déteste ça, il a pris pour habitude de tenir secret le plus d'étapes possible.

— Ouais, ne le prends pas mal, mais il est quand même un peu barge ce mec, me prévient-elle avec une grimace compatissante.

— Ça tombe bien, moi aussi, lui ris-je au nez.

— Pas faux.

Gloussant comme deux gamines, nous remplissons nos tasses respectives et affabulons sur la suite du programme. On s'imagine un tas de trucs et fantasmons bien plus quand la première équipe se pointe enfin. Les premières prises ne commencent pas avant la fin de journée, pour une histoire de plan parfait avec la lumière, je crois, je sais donc que j'ai un peu de marge. Kelly s'occupe à merveille de tous les techniciens, je m'éclipse l'air de rien dans mon refuge, emportant ma tablette pour continuer mon travail.

Comme à l'habitude cet espace m'apaise instantanément, les rayons du soleil que filtrent les planches éclairent la pièce juste comme il faut et je ne perds pas une seconde à flâner.

Je repasse en noir les vilains mots marqués de rouge, symptômes de mes lacunes en orthographe et grammaire, qui irritent prodigieusement mon humeur. Je hais ces fautes, je déteste ne pas être capable d'écrire sans en faire et je déteste mon échec scolaire encore plus. J'ai pris de grande résolution à venir, car je ne peux pas rester ainsi et la réalisation de mes rêves à trente ans et la preuve qu'il n'y a pas d'obstacle à part ceux que je m'impose moi-même.

Je ne savais comment remédier à cela, j'ai donc farfouillé différents sites internet à la recherche d'un bouquin miracle, mais en vain. J'ai procédé par étape et commandé un livre de sixième générale retraçant les importantes lignes des bases que l'on doit normalement y acquérir. Car voulant rectifier mon écriture, je suis partie dans le délire de passer mon bac en candidate libre. C'est un gros complexe que je traîne aussi depuis des lustres, que je n'évoque jamais, mais que tous savent me faire remarquer, et bien plus encore depuis la parution de mon premier roman. Il est le déclencheur de ma vie, la vraie, celle dont j'ai toujours rêvé et pour laquelle je vais me battre. Je ne veux pas rester spectatrice de mon succès, maintenant que j'ai trouvé ma voie, je vais m'y jeter à corps perdu. C'est la seule chose que je maîtrise, peut-être pas avec excellence, mais j'ai conscience que je me débrouille, j'essaie donc de me concentrer sur la fin de mon histoire avant d'en commencer une nouvelle.

Par delà la fictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant