MARVIN
Je m'assieds sur mon lit, désemparé. Comment lui dire ? Comment expliquer à cette femme que je n'ai rien de bon à lui offrir. Notre rapprochement est la dernière des choses à faire, j'ai lutté et n'est pu me résoudre à me tenir à distance. Machinalement, je gratte ma barbe et attrape mon téléphone.
# Toi
Comprends que je ne suis pas le genre d'homme avec qui il fait bon être. Ne m'en veux pas, mais c'est mieux comme ça. Tu resteras ma petite hystérique préférée.
Je lui envoie ce mail à la con à regret, mais il le faut. Je suis toxique, ravagé, je n'ai pas de place pour de la tendresse, pour la douceur. Il m'est impossible de lui apporter ce qu'elle mérite, et je serais égoïste de la prendre juste pour une nuit. Elle s'imagine sans doute que cela lui suffirait, mais elle se ment. Nous nous mentirions, peut-être sommes-nous déjà en train de le faire. Nous interprétons un jeu dangereux, un jeu qui pourrait bien se retourner contre nous et nous engloutir. J'ai du mal à rester loin d'elle, cette appréhension s'accroît à chacune de nos nouvelles rencontres. Chaque fois, je lutte un peu plus pour la tenir à distance. Pour ne pas céder à cette folle envie de la savoir complètement à moi, je ne donne pas cher de nous au prochain tête à tête...
Elle ne prend pas la peine de répondre à mon mail, sans doute trop blessée par mon propos et bien que cela soit exactement la réaction escomptée, une profonde sensation merdique tiraille mes entrailles. Les paupières à présent closes, je ne parviens pas à trouver le sommeil. Je dois me justifier, expliquer, échanger encore un peu...
# re
Sache que j'aurais préféré que cela se passe autrement. Parfois les choses ne peuvent simplement pas être ce qu'elles devraient.
Dépité, je m'allonge fixant le blanc immaculé du plafond sans arriver à fermer l'œil. Mille trucs traversent mon esprit, comme toujours ce dernier se fait parasiter par toutes sortes d'angoisses, celle qui rôdent éternellement ne m'octroyant plus aucun répit et sérénité. Vers cinq heures du matin, j'abandonne l'idée de dormir et prends une douche froide. Mes pensées se mélangent, ne pas avoir de réponses me rend dingue, un simple va te faire foutre suffirait à calmer mon besoin maladif d'un petit contact.
Mes messages sont restés sans retour et ne supportant pas cette situation, je brave mon interdiction de la revoir et fonce chez elle. Car cela m'obsède. Depuis mes premières observations à travers mon écran d'ordinateur, je n'ai pu me détacher de ce regard, de ce sourire. De ce masque qu'elle croit porter et maîtriser en public. Celui-là même que j'ai percé à jour. Je lis en elle avec une facilité déconcertante, sans doute parce que nous partageons un je ne sais quoi d'âmes brisées. Un soupçon de blessures, d'interdit...
Comme à sa putain d'habitude son portail est grand ouvert, cette petite inconsciente cherche véritablement les problèmes. Je regarde l'heure, hésite un instant à débarquer tel quel, quand sa silhouette traverse le jardin en direction de son refuge sans se rendre compte de ma présence.
Je tergiverse une demi-seconde puis repars en direction de la boulangerie du dernier carrefour. Je jette un rapide coup d'œil en réalisant des signes à la jeune vendeuse, qui je crois, pense me reconnaître.
J'enfonce un peu plus ma capuche au-dessus de ma casquette et baisse le menton. Je déteste cet aspect de la notoriété, ne pas pouvoir me déplacer où je veux sans que l'on me pointe du doigt. Il y a bien longtemps que je ne m'étais pas baladais sans escorte et même si cette escapade me réjouit, ma célébrité se rappel à mon bon souvenir. Récupérant le paquet qu'elle me tend, je pars presque en courant pour ne pas lui laisser une quelconque occasion de me demander si je suis bien moi. Toujours un peu parano, je fais plusieurs détours avant de la rejoindre. Je maîtrise à la perfection l'art de brouiller les pistes maintenant, il n'est pas né le paparazzi qui lâchera une info non intentionnelle. J'ai appris à gérer cet aspect, à mentir, à douter de chaque personne qui m'entoure. Ma vie privée est verrouillée, organisée chaque détail calculé et je ne laisserai rien enrayé la machine.
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Par delà la fiction
RomanceMia Valensol, jeune trentenaire, devient l'auteure à succès du moment, grâce à la romance fictive qu'elle écrit s'inspirant du rappeur qu'elle admire le plus. Lui, Marvin Marsen, Dieu du rap et référence incontournable du hip-hop, est piqué de curio...