Chapitre XXII

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MARVIN

Je commence à sombrer dans un profond sommeil quand les vibrations de mon téléphone m'en tirent. Le message qui s'y affiche m'arrache une grimace, mais ne me surprend pas. Avec prudence, je repose sa tête sur l'oreiller essayant de ne pas la réveiller. Bien que devoir m'éclipser m'afflige une grande culpabilité, je n'ai d'autre choix. Bien sûr, je pourrais lui dire, lui confier cette part de moi, mais je ne peux pas. Certaines choses font partie de l'intime et ne doivent se révéler que par les personnes concernées. Je suis bien placé pour le savoir. Avec regret, je me rhabille et quitte la chambre jetant un dernier regard tendre sur son doux visage. Un sentiment tenace me retourne les tripes, devant elle, je suis comme désarçonné, j'ai bien peur que tous mes principes se fassent la malle et me laissent comme un pauvre connard errant.

Écrire est facile, vivre, ressentir, partager est bien plus compliqué. Pourtant, elle me donne envie, elle a le pouvoir de me faire croire que le pire est passé, que le soleil brille et que son accent méditerranéen enchante le quotidien. C'est un peu vrai, elle sent le soleil, elle est le volcan de mon Alaska.

Petite artiste rêveuse qui cherche en vain l'approbation que son père n'a jamais su lui donner. Peut-être est-ce la raison de mon attirance envers cette femme, les cicatrices invisibles qui nous lacères de l'intérieur et que nous cherchons désespérément à dompter nous rapprochent. Il y a, dans ses yeux, l'indécision de leurs couleurs. Marron lorsqu'elle est en colère ou pensive, vert clair quand un rayon de soleil caresse ses traits et qu'elle est heureuse, vert émeraude lorsque ses larmes les remplissent.

Bien plus démonstrative qu'elle ne le voudrait, je sais qu'elle perd pied, qu'elle s'accroche à un nous éphémère et que lorsqu'il faudra cesser ce petit jeu, elle n'en sortira pas indemne. En parfait égoïste que je suis, je ne peux l'en protéger. J'ai provoqué notre rencontre, quelque part je souhaitais qu'elle me repousse, qu'elle voit en moi le monstre destructeur auquel elle fait face... Plantée devant moi, elle avait le regard d'une personne qui découvre une des plus belles merveilles. N'émané de ce face-à-face, aucune arrière-pensée, aucun jeu d'actrice pour me séduire, elle apparaissait au grand jour telle qu'elle était vraiment, naturelle, fragile et blessée et en parfait enfoiré, j'ai adoré ça.

Il ne me faut pas longtemps pour rejoindre celle pour qui j'ai dû découcher. Son regard vitreux en dit long sur ce qu'elle a déjà fait et sur ses intentions. La plantureuse brune lève la tête à mon approche.

— Tu m'as menti, lui soufflé-je

Elle m'adresse un large sourire pour réponse, le majeur bien érigé dans ma direction.

Par delà la fictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant