~ Chapitre 1.14 ~

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Julien


Sté vient de donner à notre matinée une tournure que je n'avais pas anticipée. Je n'ai rien dormi de la nuit et je ne sais pas comment je suis censé trouver le sommeil maintenant qu'elle a commencé. Ça fait des heures que je lutte pour réprimer mes pulsions, mais la voir se toucher sous mes yeux décuple ma tentation.

Les draps recouvrent son corps, je devine les va-et-vient de ses doigts entre ses cuisses. Le rythme s'accélère de son côté en même temps que l'excitation s'intensifie du mien. Je n'ai jamais vu Sté se toucher devant moi auparavant. Quelque part, ça me fait sourire qu'elle s'autorise à le faire. C'est dans les moments comme ceux-là que je réalise qu'elle va mieux. Elle ne me le dira pas, mais je sais ce que ça représente pour elle, de se laisser aller devant quelqu'un. Même si le quelqu'un en question, c'est moi. Ça fait pourtant deux ans, mais je vois bien que j'intimide encore parfois Stella.

Je devine son souffle se raccourcir. Elle va bientôt finir. Je sens son corps tout entier se crisper. Ses côtes se soulever. Elle a tenté de le contenir, mais je viens d'entendre ce soupir. Celui qui, cinq minutes plus tôt, m'a réveillé. Sté s'est recroquevillée contre moi. Je l'ai prise dans mes bras. Je sens encore les pulsations de son cœur retentir dans ses tempes. Je la regarde étendue sur mon lit. Le corps engourdi. Dégourdi. Pendant qu'elle reprend ses esprits. Ça faisait longtemps que je n'avais pas vu son visage habillé de ce sourire béat de candeur et d'innocence. Je le connais par cœur. Je sais qu'à cet instant, son esprit s'est enfin désempli de toutes ses pensées. Sté est tellement tourmentée. De mon côté, je ne sais pas très bien comment je vais pouvoir résister à l'impulsion de mon corps et de mon cerveau qui se sont alliés pour qu'on termine ensemble ce qu'elle vient de commencer.

***

Sté a attrapé son portable et s'est cachée sous la couette. Quand je l'ai rejointe sous les draps pour lui demander ce qu'elle faisait, elle a caché son téléphone en me donnant le nom de code pour que je comprenne sans avoir à admettre ce qu'elle s'apprêtait à regarder.

— La position au bord du lit...

— Laisse-moi regarder avec toi, je lui ai demandé en comprenant très bien là où elle voulait en venir.

— Utilise ton imagination !

— C'est ce que je fais depuis ce matin !

— Moi ça fait quatre mois, a rétorqué Stella qui venait de reposer son téléphone sur le bord de mon lit.

Elle s'est approchée un peu plus de moi pour que nos corps se touchent. J'ai compris qu'elle était bien déterminée à recommencer.

— Attends.

Stella s'est arrêtée.

— Enlève ton t-shirt. Si tu veux, j'ai suggéré.

Elle m'a regardé avec ses yeux malicieux avant de retourner sous les draps, nue cette fois. À l'instant où elle a déposé ses doigts sur mon torse, j'ai repoussé la couette pour commencer à me toucher à mon tour. Elle m'a dévoré du regard en mordillant ses lèvres. J'ai souri avant de laisser tomber ma tête sur l'oreiller.

On ne se disait rien, mais on était là, l'un à côté de l'autre, à transformer sous nos doigts des heures de frustration. Stella a fini par fermer ses yeux en déposant son visage contre mon épaule. Je savais qu'elle allait bientôt jouir. J'entendais les gémissements qu'elle s'efforçait de contenir. Je la sentais crisper son corps, replier ses jambes, enfoncer ses ongles dans mon bras. Je regardais s'accélérer les va-et-vient de sa main. Je calquais mon rythme sur le sien. Dans les secondes qui ont suivi, sans se le dire, sans se regarder, on a poussé ce même soupir qui nous a fait comprendre que l'on venait de finir en simultané.

La Fille du livreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant