~ Chapitre 1.1 ✉️ ~

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Nos deuxièmes retrouvailles

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Stella


Samedi 11 février 2023

Comment écrire sur autre chose que toi et moi après ce qu'il vient de se passer ? Je crois que je ne réalise toujours pas la faille temporelle dans laquelle je me suis engouffrée avec toi depuis hier soir. Tout me semble irréel. Je ne veux pas y croire. Je viens de me glisser sous ma couette après avoir quitté tes bras, et mon lit me semble infiniment vide quand je repense à la tendresse de tes doigts. Les larmes stagnent au bord de mes yeux depuis une heure et ne se décident ni à disparaître ni à perler sur mes joues. Je n'ai pas pu me retenir de pleurer quand j'étais encore contre toi et que nos corps étaient à une distance qui ne devrait pas être légale. Je devais accepter de te laisser partir alors que c'était ce que je désirais le moins au monde. J'ai entraperçu pour la première fois ce à quoi ressemblerait réellement ma vie sans toi, sans tes messages inopinés, sans nos moments improvisés, sans la certitude timide mais assurée que tu finirais par revenir. Ça me détruit de te perdre. Pour de bon cette fois. Et alors même que ni toi ni moi n'avons d'impératif qui nous impose de mettre un point final à notre histoire.

Je voudrais que l'on puisse continuer. Parce que tu me fais du bien. Parce que j'aime les sensations que mon désir me procure quand il m'empêche de dormir ou me réveille en pleine nuit. Je ne comprends pas pourquoi je dois me priver de toi. Je sais bien que ton fonctionnement est incompatible avec ce dont j'ai besoin. Et malgré toutes les concessions que j'ai faites, et que je suis, cette fois encore, prête à faire, je sais que rester à proximité de toi ne ferait que m'écorcher un peu plus que je ne le suis déjà. Je ne veux pas que tu deviennes cette personne-là. Celle qui m'a réparée pour mieux me détruire. Je préfère préserver la belle image que j'ai de toi plutôt que de finir par te détester de m'avoir à ce point abîmée. Mais comment pourrais-je raisonnablement renoncer à ce qu'on avait ?

Je t'ai donné mon cœur. Tout pur. C'était il y a un an et demi. J'ignorais tout de ce muscle et de sa fascinante capacité à se régénérer pour aimer, encore et encore, sans compter. Tu m'as appris à aimer. À t'aimer. Si fort. Que même moi je ne savais pas comment régler l'intensité de mes sentiments. Je me suis sentie tellement vivante à tes côtés. Je ne soupçonnais pas qu'un petit être humain pouvait éprouver de telles sensations.

Mon cerveau fait défiler sous mes paupières les images d'hier et je ne me lasse pas de voir ton sourire s'esquisser au coin de tes lèvres quand on était au PMU. Tes yeux brillaient sous la lumière des néons roses. Ils me manquent déjà parce que j'appréhende les mois (les années ?) que je vais devoir traverser sans que je les voie. J'ai passé la fin de la matinée à penser à toi depuis que je suis partie. Je ne voulais pas me retourner quand tu m'as raccompagnée. Je ne voulais pas que la dernière image qu'il me resterait de toi soit ta silhouette figée dans l'encadrement de la porte en haut des escaliers. Chaque pas que j'ai fait ensuite m'éloignait de ce dernier instant où tu m'as prise dans tes bras sans que l'on ne se dise rien, mais en sachant tous les deux que ce serait la dernière fois. J'aimerais trouver un moyen pour me blottir à nouveau contre toi autrement qu'en me replongeant dans les archives de mes souvenirs. Ce n'était que ce matin, et ça me semble déjà si loin. Tu me sembles déjà si loin.

J'ai adoré autant que j'ai détesté ces dernières vingt-quatre heures. Je t'adore autant que je te déteste de m'avoir fait vivre ces dernières vingt-quatre heures.



La Fille du livreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant