Chapitre 8

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Sarah

San Francisco

Peter déboule dans la cuisine dans son costume bleu marine et sa cravate de Bugs Bunny.

– Bonjour la petite !

Son ton jovial me ramène un sourire aux lèvres.

– Bonjour Peter Ier le Grand.

Il rigole en me montrant ses biceps.

– Bon, qu'est-ce que vous voulez faire aujourd'hui ?
Vous n'allez pas rester enfermer ici. Il paraît que vous ne connaissez pas la ville.

– Exact. J'aimerais bien visiter le Golden Gate. Je me fie à vous pour me faire découvrir San Francisco.
– D'accord. Je vous organise un petit programme. – Wendy peut venir avec nous ?

Wendy sort de la buanderie en m'entendant.

– Vous voulez que je vienne ?

Elle est surprise. Je hausse les épaules.

– Cela me ferait plaisir. J'aurai moins l'impression d'être un boulet qu'on promène pour passer le temps.
Ils se regardent tous les deux. Peter me demande :

– Savez-vous qui vous êtes maintenant ?
– Sarah Marini, je lui réponds avec force.

Peter plisse ses sourcils très épais, ce qui lui donne un air de boxeur.

– Écoutez-moi ma petite. Pour nous, vous êtes la femme de Hace. Donc, vous n'êtes pas un fardeau, ou un boulet comme vous dites. Hace est mon patron, c'est aussi mon ami d'enfance depuis... Bah, depuis longtemps. J'adore ce type, il est le plus loyal et honnête que je connaisse. Quand il me dit « Tu emmènes ma femme où elle veut », je le fais. Avec plaisir.
– Nous sommes heureux que vous soyez dans cette maison. Même si les circonstances sont particulières, ajoute Wendy.
– Très particulières. Je renchéris.
– Oui. Malgré tout, votre présence amène un peu d'animation dans cette maison.

Je suis étonnée de leur remarque. Et puis, sa réflexion me revient en mémoire à propos de sa cuisine.

– Ne dites pas n'importe quoi ! Sa réputation de séducteur est arrivée jusque chez moi. Je sais bien que toutes les femmes lui tournent autour. Il participe à tellement de soirées qu'il n'a que l'embarras du choix. Alors il doit bien en organiser ici aussi !

Je leur montre le salon, en imaginant ce que doit être une fête autour de cette superbe piscine.

Visiblement, Peter est mécontent de mes propos.

– Bien sûr qu'il a de nombreuses conquêtes. Il est riche, beau, célèbre, célibataire, etc. Bref, tout ce que vous avez pu voir ou lire sur lui est plus ou moins vrai, sur les filles, les fêtes. Mais je pensais qu'il vous avait expliqué pour cette maison.
– Expliqué quoi ?
– Les fêtes qu'il organise se déroulent en général à Los Angeles ou à New York. Jamais, ô grand jamais ici. Cette maison à San Francisco est son sanctuaire. Le seul endroit où il peut vraiment être lui-même.

Je pâlis, je me retiens au mur de la cuisine. Ses mots répétés plusieurs fois resurgissent : « Je ne divorce pas. » Il m'a fait venir dans cette maison parce qu'il la considère comme son véritable foyer. Il a une mentalité du dix-neuvième siècle ! Il se retrouve marié à une inconnue et tant pis si ce n'est pas son choix, mais les convenances avant tout. Il ne revient pas en arrière. Je suis sa femme dans sa maison ! Il le pense vraiment !

~ Faux mariage,  Vrai désir ~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant