~ Faux mariage, Vrai désir ~

Chapitre 15

Los Angeles

Sarah

Je ne sais pas à quelle heure il s'est couché, mais le lendemain, quand mon portable vibre sous l'oreiller à sept heures, il dort paisiblement, collé à moi. Je me lève sans bruit et me prépare vite fait dans la salle de bains. Je retrouve Mia au petit déjeuner, très active avec toutes ses notes étalées sur la grande table de la salle à manger.

– Tiens, voilà notre programme de la journée, me dit-elle en me tendant une feuille.

Je n'ai même pas eu le temps de boire mon café que déjà la lecture du planning m'épuise. Elle a tout organisé au millimètre !

– Tu vas vérifier l'installation des chapiteaux et des tables, comme sur les plans qu'il y a dans ce dossier. Je m'occupe du traiteur qui amène la cuisine et le matériel. Marc s'occupera à son retour de la scène.

– Tu as déjà tout prévu !
– C'est mon job.

Elle a endossé sa « tenue » de professionnelle : sa voix et ses postures démontrent qu'elle est la manager de la soirée. Bien chef !

Fabio vient nous annoncer l'arrivée des camions : ils ont vérifié toutes les identités et inspecté les cargaisons. Rien à signaler d'après eux.
Les livreurs nous attendent sur la terrasse surplombant le green. Nous descendons les quelques marches situées le long de la piscine pour les rejoindre sur cet espace couvert d'une belle pelouse fraîchement tondue. J'aime cette odeur d'herbe mouillée.
Malgré ma veste, j'ai un frisson dû à l'humidité matinale. Le soleil peut à peine percer le brouillard de pollution qui couvre la ville en contrebas. Mais l'activité me réchauffe vite : les structures métalliques sont montées à l'emplacement que j'ai au préalable indiqué aux installateurs.

Le chapiteau est orienté de façon à ce que les invités puissent jouir de la vue sur Los Angeles et sur la scène. L'autre, pour le bar, est disposé à côté de la piscine. Le traiteur aura sa cuisine sous un troisième chapiteau accolé à l'aile droite de la maison et avec accès direct à l'allée latérale.

Il est plus de midi quand la dernière table et ses chaises sont dépliées. Jim et Curtis terminent d'installer l'éclairage. Ils savent tout faire ces deux-là : ils ont aidé les livreurs, vissé, clouté, planté sans relâche. J'ai une pensée émue pour mon père, grand touche-à-tout. L'instant suivant, je me maudis d'être là. Je prépare une réception pour mon prétendu mariage bordel de merde ! Ça aurait dû être le plus beau jour de ma vie ! Mes parents, ma famille, mes amis devraient être présents. Je devrais être la femme la plus heureuse de monde parce que j'épouse mon prince charmant. Comment le rêve de toutes les petites filles du monde peut-il se transformer en un cauchemar où la mariée attend d'être attaquée par une folle furieuse ? Je suis écœurée : ce soir je serai entourée d'inconnus pour fêter un évènement synonyme à mes yeux d'imposture.

Pour couronner le tout, Cynthia apparaît : elle est venue coopérer à l'organisation de la réception. Polie, elle me salue, sans s'attarder de trop auprès de moi. Tant mieux, je ne suis pas d'humeur à la supporter. Son antagonisme est palpable, je ne comprends toujours pas pourquoi. Bah, pas d'importance, bientôt je ne la reverrai plus.

J'avoue cependant qu'elle est super efficace. Elle nous donne une copie de la chronologie de la soirée qu'elle a élaborée avec son patron. Je suis surprise qu'il ait vu le déroulement de la fête avec elle et non avec Mia. Après avoir lu soigneusement la feuille, je la plie dans mon jean. J'ai mémorisé les différents horaires : tout a été minuté, comme à l'armée. Pas de place pour l'improvisation. Ce n'est pas le style de la maison et de son propriétaire.

Mia me rejoint une fois qu'elle et le traiteur ont fini de régler les derniers détails. Mais je suis sûre qu'elle cogite encore à d'autres petits trucs : elle a toujours mille choses en tête !