Chapitre 18

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Sarah

Je ne sais pas comment je me retrouve à Paris, à attendre mon vol pour Nice. J'ai dormi. Je ne m'en souviens pas. Mon cerveau s'est engourdi au fur et à mesure que mon avion approchait de l'aéroport Paris- Charles de Galle. Mais à choisir, je préfère être secouée à trente mille pieds plutôt qu'être si perturbée par lui. J'en ai perdu mes neurones. Je change d'aéroport, je marche dans des couloirs interminables, je lis les panneaux. Pourtant, j'ai l'impression que seul mon corps fonctionne par automatisme. Pour le reste, c'est le néant.

Pendant l'escale, je trouve la force d'appeler mes parents pour que l'un d'eux vienne me chercher. Mon retour étrangement précipité n'échappe pas à ma mère :

– Sarah, mais qu'est-ce qui se passe ? Il y a un problème avec ton mari ? 
– Maman, je ne peux pas de parler maintenant. Nous aurons tout le temps après. 
– Très bien ma grande, mais je veux que tu me racontes tout et pas de mensonge ! 
– Promis. 
– C'est moi qui viendrai. Je m'arrange avec ma collègue.

Mon portable m'indique que j'ai déjà trois appels de la part de Hace. Inspiration, expiration... J'appuie sur la touche un... Une sonnerie et sa voix soucieuse résonne dans mon oreille.

– Sa ! Enfin ! Où es-tu ?

L'entendre est un véritable supplice. Un méga trou se creuse dans ma poitrine.

– Je suis à Paris. J'embarque dans dix minutes pour Nice.
– Tu vas bien ? 
– Oui, oui... Hace... Pourquoi veux-tu rester en contact avec moi ?

Il attend un peu avant de me répondre. Il est tendu, je le sais, sans le voir. Ma main se crispe sur mon téléphone, je suis aussi à cran que lui.

– Après ce que nous avons vécu ensemble, comment peux-tu croire que je cesserai tout contact avec toi ? Et tu es encore ma femme !

Il m'épuise !

– Au revoir Hace. 
– Appelle-moi quand tu es arrivée à Nice ! 
– Pourquoi ? Reprends ta vie maintenant ! 
– Appelle-moi !

Et il me raccroche au nez...

Quelle tête de mule !

Le second vol, je le passe accrochée aux accoudoirs, musique de Queens of the Stone Age à fond pour éloigner ma peur. Ironie du sort, ils chantent « My God Is the Sun ». Je ne respire qu'une fois les roues de l'avion à Santa Catalina.

Il fait beau. Mes montagnes sont enneigées sur les sommets. Mes poumons accueillent les odeurs du maquis du printemps avec un grand bonheur. Que cela m'a manqué ! Mes parents et mon frère sont derrière les baies vitrées. Ils sont venus tous les trois... Je pleure à torrent. Je cours jusqu'à eux, dépassant tous les autres passagers. Je ne peux pas parler quand je me précipite dans les bras de ma mère, les mots sont bloqués au fond de ma gorge par une énorme émotion.
Elle dégage mes cheveux de mon visage et embrasse mes joues mouillées. Elle sourit, mais ses yeux noisette reflètent une profonde inquiétude. Elle a coupé ses cheveux très courts, je la trouve encore plus belle qu'avant mon départ. Même mon père a des larmes dans les yeux. Il m'encercle dans ses bras protecteurs ce qui entraîne une autre avalanche de pleurs. Il ne parle pas, mais je sens son émotion.

Je me détache de lui et je serre Anto à l'étouffer. Mon petit frère a bien grandi, il est presque aussi grand que moi ! Il devient un beau jeune homme. Qu'est-ce qu'ils m'ont manqué !

Nous échangeons des banalités en attendant ma valise. Mon téléphone sonne dans ma poche. Lui ! Il ne me lâche pas...

– Allô 
– Tu es bien arrivée ? Comment rentres-tu chez toi ?

~ Faux mariage,  Vrai désir ~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant