~ Faux mariage, Vrai désir ~

Chapitre 2

Las Vegas

Sarah

Je n'ose plus bouger. Je regarde autour de moi à la recherche d'un repère familier. Rien. Je suis dans une vaste chambre, luxueuse, avec d'immenses baies vitrées à ma gauche, un miroir couvrant tout le mur à droite et une ouverture vers ce qui semble être la salle de bains. Le lit, démesuré, est surélevé au milieu de la pièce. Je ne reconnais pas l'endroit.        

Déconcertée, je remue pour me dégager. Mais l'homme se met aussi à bouger et grommelle quelque chose d'inaudible. Il tourne alors sa tête vers moi et me regarde avec effarement, l'incompréhension se lisant sur son visage autant que sur le mien.        

Et là d'un coup, les choses se précipitent.        

J'attrape la couette, je saute du lit et me propulse contre le miroir. Ce n'est pas possible ! Je vais me réveiller et sortir de ce cauchemar. Bizarrement, il a fait pareil que moi, il s'est enroulé dans le drap. Les yeux hagards, il se tient debout, contre la baie vitrée, raide comme un I. Les sourcils froncés, il secoue la tête plusieurs fois comme s'il essayait de remettre ses idées à l'endroit puis il se pose sur moi un regard complètement perdu.        

Il n'y a pas que vous qui êtes perdu ! je m'écrie dans ma tête.        

Je suis sous le choc, complètement ahurie par ma vision : je suis face à une star planétaire ! Un des hommes les plus séduisants sur cette terre... Un des acteurs les plus connus du cinéma, chanteur de talent et musicien surdoué... Bref, mon idole...        

Je voudrais trouver une logique à tout ça, un souvenir. Mais rien... Que le vide, le noir total. Qu'est-ce que nous faisons dans cette chambre, et qui plus est nus ?

Qu'est-ce qui se passe ?        

J'ai parlé tout haut, sans m'en rendre compte. Je le vois alors me regarder, encore plus énervé, ses sourcils froncés étirant ses yeux d'un vert profond...        

– Vous n'êtes même pas Américaine ? rétorque-t-il d'un air écœuré.        

Il tourne la tête pour inspecter la chambre comme s'il essayait de trouver une explication à la situation. Mais chez moi, rien ne peut plus bouger, mon corps refuse de se mouvoir d'un centimètre.        

J'ouvre la bouche pour lui répondre et je la referme immédiatement. Je lui ai parlé en français, le choc ayant sûrement permis à ma langue natale de refaire surface. Cela fait plus d'un an et demi que je travaille à Vegas, pour me perfectionner. Et depuis quelques mois, à ma grande fierté, je rêve même en anglais.        

– Non, Française, je lui réplique en anglais, avec mon je-le-crois plus bel accent.        
– Qui êtes-vous ? me demande-t-il en se tournant à nouveau vers moi, soulagé de voir qu'il peut communiquer avec moi.        

Parmi toutes les questions qui se bousculent dans ma tête, celle-là au moins, je n'ai pas besoin de la poser. Je sais très bien qui il est.        

Hace Collins.         

Il réitère sa question.        

– Qui êtes-vous ?        
– Sarah Marini.        

Et je sais automatiquement qu'il ne comprend pas mon nom... Je le vois secouer la tête... une si jolie tête !        
– Je suis comme vous... Je ne comprends rien.        

Je dois continuer à parler, il faut que mon cerveau se réveille. Mais aucun son ne sort de ma bouche engourdie.        

– Vous... êtes... quoi... Qui ? me jette-t-il à la figure.         Une idée jaillit probablement sous ses cheveux à la coupe courte impeccable, car il se reprend tout de suite :        
– Une fan qui a traversé l'océan pour me droguer et me mettre dans son lit ? Je suis un de vos fantasmes ? Ou...       
– Non, mais ça ne va pas !