Chapitre 4

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Las Vegas

Sarah

Quand je me réveille, la lumière filtre légèrement dans la chambre. Mon portable indique neuf heures quinze. Je saute du lit. Une habitude dans ces chambres d'hôtel... J'ouvre grand les rideaux. Une belle journée d'avril en perspective. Je prends une douche froide stimulante, remets ma robe verte et applique une BB crème qui, j'espère, reboostera mon teint terne. Ce matin, je suis un peu plus sereine. Le sommeil a permis à mon mental de se reconstituer en partie. En revanche, mon cœur est toujours hyper compressé, mon subconscient l'oblige à se terrer dans ma poitrine.
Après une longue hésitation, je me décide à descendre dans le salon.

Hace est plus matinal que moi. Je ralentis mon pas dans l'escalier, au son de l'interprétation par Johnny Cash de la magnifique chanson « Hurt » qui sort de son portable. Belle mais si triste...

J'ai de la peine pour lui, on n'écoute pas ce genre de musique mélancolique sans raison de bon matin. Il a une face sombre qu'il ne veut surtout pas dévoiler.

Il se tourne en m'entendant descendre les marches.
– Bonjour... Vous marchez toujours pieds nus ?
– Oui.        

Il hoche la tête, mais ne montre toujours aucune émotion.        

– J'ai commandé le petit déjeuner. C'est sur la table de la salle à manger. Je ne savais pas ce que vous preniez, alors j'ai demandé plusieurs plats.        
– Merci.

Il me tourne à nouveau le dos et se replonge dans un épais document posé sur ses genoux. Il a les épaules larges et ses muscles saillent sous son T-shirt. J'avale péniblement ma salive. Ce matin encore, cette intense chaleur torride qui me submerge depuis hier des pieds à la tête a pour effet d'aimanter mon corps vers le sien, sans que mon cerveau ait son mot à dire. Timidement, je m'approche du canapé.        

– Vous déjeunez avec moi ?        

Même ma langue n'obéit pas à mon cerveau ! Qu'est-ce qui me prend de lui demander ça ?         

Il lève ses beaux yeux verts sur mon visage.

– Pourquoi pas ?... Nous continuerons notre discussion.        

Nous nous asseyons l'un en face de l'autre. Il me tend une corbeille remplie de viennoiseries, je prends un croissant. Je lui verse un verre de jus d'orange pressé. Aucune gêne ne vient maintenant s'incruster entre nous, comme si prendre le petit déjeuner ensemble était normal.        

Qu'est-ce qui nous prend ?         

Je ne veux pas m'habituer à ça, à être à table avec lui, à apprécier sa compagnie, à me réveiller le matin avec lui dans le même appartement...        

– Qu'est-ce que vous lisez ? je lui demande en lui montrant la liasse de feuilles posée sur la table et pour changer le cours inquiétant de mes idées.        
– Un scénario que Walt m'a envoyé...

Oh, celui qui était dans sa valise...

– Il vous plaît ? Je me mords la langue. Enfin... Excusez-moi, je suis indiscrète.        
– Non, c'est bon... Au point où nous en sommes... Franchement, je ne sais pas si je vais accepter.    
– Pourquoi refuser ?

Il est fou !        

– Vous vous y connaissez en cinéma ? me demande-t-il sur un ton malicieux.        

Je balbutie :        

– Non... Mais quand même, c'est Cortese ! Vous n'aimez pas le scénario ?        
– Si. Beaucoup. L'histoire est sombre et captivante. Avec en toile de fond une magnifique histoire d'amitié entre une bande d'amis d'enfance. Elle joue sur la psychologie de chacun d'entre eux. Il me propose le premier rôle qui est un personnage avec une vraie profondeur, une personnalité bien construite quoique très ambiguë...        
– Parfait pour vous !

~ Faux mariage,  Vrai désir ~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant