~ Faux mariage, Vrai désir ~

Chapitre 23

Sarah

Lorsque j'annonce à ma famille mon départ pour les États-Unis, ils ne sont pas vraiment surpris. Ma mère paraît même soulagée que je me décide à agir. Par chance, je tombe sur un vol pas trop cher pour San Francisco qui décolle dans trois jours. Je n'ai pas besoin de visa spécial, je serai en séjour touristique.
Donc côté paperasse, rien à faire, mon passeport est déjà en règle, aux nouvelles normes requises... Et au nom de Marini.

J'avertis mes collègues que je serai absente les quinze prochains jours. Elles ne me posent aucune question, elles savaient depuis notre première rencontre que j'étais susceptible de partir à tout moment. Elles me promettent de penser à moi pour du travail à mon retour.

Bien que fatiguée par sa journée, ma sœur fait l'effort de venir me dire au revoir. Elle aussi est contente : elle m'encourage une énième fois à tout lui révéler. Elle est têtue ! Quant à mon frère, il boude. Il ne veut pas que je m'en aille. Je passe les trois jours suivants à le couvrir de câlins.

Les questions se bousculent dans ma tête : comment vais-je être accueillie ? A-t-il une nouvelle petite amie ? Dois-je me réserver une chambre d'hôtel ?

Cette révélation sur l'enquête ne doit pas être un prétexte pour moi pour le revoir. Je voudrais avoir une autre solution pour lui confier mon rêve, mais je ne vois pas comment. Perkins s'est montrée très douée en filature et en informatique, les systèmes de communication n'ont pas de secret pour elle alors, à part lui parler directement, que me reste-t-il comme choix ? Aucun. Je sais que le retrouver sera extrêmement éprouvant. Les deux heures sur la plage de Nice ont été une épreuve douloureuse.

Heureusement, le fait d'être chez moi en France m'a permis d'engloutir ma peine au fond de mon cerveau, entourée que j'étais par ma famille et mes amis. Mais là-bas, je serai juste accrochée à ma propre corde avec personne en dessous pour me rattraper. Je suis une funambule avec le néant sous ses pieds.

Julia n'est absolument pas convaincue par mon projet : je veux couper les ponts une fois pour toutes avec lui, signer les papiers après lui avoir raconté ce que je sais et revenir ici, en France. Elle démonte point par point chaque argument que j'avance sur notre incompatibilité. Elle et ma famille me poussent à lui avouer mes sentiments. Plus l'heure de mon vol approche, plus j'essaie de me convaincre que j'ai pris la bonne décision : je vais terminer cette histoire grotesque une fois pour toutes !

Ma valise est vite bouclée. Mon dossier du mariage enfoui au fond sous mes T-shirts. Je vérifie mon sac à main : les douanes sont intransigeantes, pas de flacon, pas de verre, etc. Je range ma chambre, enlève les draps et nettoie les meubles. Tout est en ordre. Je peux partir.

Mon père m'emmène à l'aéroport de Nice, plus éloigné, mais le vol matinal me permet de prendre ma correspondance à onze heures à Paris. Il n'a jamais interféré dans mes discussions avec ma mère, s'éclipsant d'ailleurs dès que le sujet devenait trop intime. Mais devant la porte d'enregistrement, il m'étreint longuement :

– J'ai toujours été très fier de toi Sarah. Tu as toujours su prendre les bonnes décisions, mais cette fois, je t'en prie, ne te précipite pas. Réfléchis bien. Tu es dans une drôle de situation. J'ai peur pour toi ma fille.

Je suis surprise par sa franchise :

– Aïe confiance papa. Je ne ferai rien d'irrationnel.

– Oh, j'ai confiance en toi. C'est plutôt en cet homme que je n'ai pas confiance !
– Papa, j'ai vu comment il vit et agit, c'est un homme d'honneur.
– Nous verrons.