Chapitre 17

32 1 0
                                    

Los Angeles

Sarah

Les trois jours qui suivent défilent à toute allure. Le lendemain, à mon réveil, Marc et Hace sont déjà partis à leur bureau sur Missouri Avenue, les affaires n'attendent pas. Mais je suis déçue de ne pas le voir. J'aurais aimé le remercier de sa gentille sollicitude d'hier soir, enfin de ce matin... Mia m'invite à la Fondation Maquez & Collins pour me changer les idées.

Je suis impressionnée par le travail du personnel de la Fondation : nuit et jour, les femmes en détresse sont accueillies au centre, elles y trouvent réconfort et aide. Je ne connais toujours pas la véritable histoire de Hace, mais il a dû beaucoup souffrir pour avoir tant œuvré à la création de cette institution. Difficile aussi de faire le lien avec son père. Je ne l'ai pas beaucoup vu, d'accord ; pourtant, il ne me paraît pas si diabolique. Je ne saurai sans doute jamais la vérité. En tout cas, ces quelques heures passées à écouter le désespoir de certaines femmes me font relativiser mon sort. Je n'ai vraiment pas le droit de me plaindre, après les horreurs qu'elles m'ont racontées.

Les deux jours suivants, je me contente de rester à la maison. C'est devenu de la folie avec les reporters. Marc et Cynthia sont harcelés nuit et jour pour que Hace et moi participions à des interviews écrites ou télévisuelles. Mais, à mon grand soulagement, il refuse toute proposition. Son manager et son assistante jouent donc les porte-parole, leur compte-rendu circule sur tous les médias et les réseaux sociaux. Je passe plus d'une heure avec ma mère afin de lui narrer en détail la soirée et la calmer. Je ne sais pas si elle me croit vraiment quand je lui dis que je me sens bien parce qu'elle raccroche très sceptique sur mes paroles qui se veulent rassurantes.

Les deux inspecteurs reviennent aussi m'interroger et je recommence mes explications au moins trois fois. Je suis persuadée qu'ils cherchent à me déstabiliser et à vérifier si mon histoire tient la route. Je déteste les voir douter de ma parole. Heureusement, Langston reste avec moi à chaque fois. J'apprécie sa compagnie et son professionnalisme ; compatissant et à l'écoute, il m'est aussi très précieux avec ses explications sur les rouages de la justice américaine. Je passe quelques heures à chercher la traduction du vocabulaire juridique. Hace trouve cela inutile, il me répète mille fois que je dois faire confiance à Langston. J'ai beau lui dire que ce n'est pas une question de confiance, mais que pour ma tranquillité d'esprit je veux savoir où je vais. Il sort aussitôt de ses gonds : il ne paie pas des gens une fortune pour que je fasse leur travail à leur place. Sa réaction est stupide, il ne décolère pas de la journée.

Richard et Vera nous quittent le lendemain de la réception. Il aurait voulu rester, mais Vera tient absolument à ce qu'ils fassent leur voyage prévu à New York : Richard doit exposer là-bas dans une importante galerie dans six mois. Il avait beau lui dire qu'ils pouvaient reporter le vol, elle n'a rien voulu savoir. Quel tyran !

Je perçois chez lui une forte envie de se rapprocher de son fils grâce à moi... Il va être déçu par mon départ, j'en suis désolée.

Je ne vois quasiment pas Hace pendant ces trois derniers jours, juste un peu le soir, tard. Il s'enferme dans le studio qu'il a loué pour la quinzaine avec ses musiciens. Marc confesse à Mia et moi que son ami est odieux avec tout le monde. Personne n'arrive à le raisonner.

Les trois nuits sont également calmes. La pression étant retombée, je m'endors dès que ma tête touche l'oreiller. Hace se couche après moi et part avant mon réveil. Il réussit très bien à m'éviter. Je suis sans cesse sollicitée par Leslie pour les repas, par Cynthia qui ne répond aux journalistes qu'après m'avoir demandé (ordre de Hace) ou par Mia qui s'inquiète de me voir si calme ; par conséquent elle s'évertue à bavarder de tout et de rien avec moi. Je ne suis pas du tout relaxe. Loin de là ! Mais à quoi servirait une crise d'hystérie au milieu de cette agitation ? Le troisième jour, Langston vient lui-même m'annoncer qu'Alexia Perkins a été mise en examen et que son procès est fixé en septembre. Ce qui est une date relativement proche. Je suppose que le nom du plaignant a joué... Je suis donc libre... L'avocat parti, je file à l'ordinateur du bureau. Je pianote quelques minutes, je trouve pour ce soir même un vol peu onéreux jusqu'à Paris puis une correspondance pour Nice. Je n'hésite pas, j'achète le billet et je l'imprime. Je me tâte longuement : dois-je l'avertir maintenant ou quand je serai à l'aéroport ? Prendre la fuite sans dire au revoir serait trop moche. Je prends mon courage à deux mains et appuie sur la touche un de mon portable high-tech. J'espère tomber sur son répondeur en fait... Pas de chance, il répond à la première sonnerie :

~ Faux mariage,  Vrai désir ~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant