Chapitre 5

47 3 0
                                    


Las Vegas

Sarah

À la porte, Alex m'ouvre sans un mot. Je pénètre alors dans une salle aux dimensions colossales. Le plafond en caissons est éclairé par les milliers d'ampoules dans des luminaires ronds. La moquette possède des motifs persans qui semblent agrandir encore plus cet espace déjà très vaste. À mon goût, tout est trop grand. Trop d'éclairages directs, trop de caméras de chaînes de télé et d'appareils photos déjà en place sur leur trépied, trop de chaises bien rangées, trop de monde qui sera assis là, à me dévisager...

Je respire un grand coup et tête haute, je marche jusqu'à la scène. J'ai pris une décision, maintenant je dois m'y tenir même si mon souhait le plus cher à cette seconde est d'enfiler une cape d'invisibilité.

Ne panique pas Sarah, reste calme, tout va bien se passer. 

Une longue estrade a été installée sur la gauche avec un pupitre et un micro, des fauteuils alignés au milieu ; un large cadre avec la photo de son concert et les noms de ses sponsors couvre le mur du fond. Plusieurs affiches d'Hace grandeur nature ont été accrochées sur les murs blancs ou sur des panneaux. Sur les tables nappées sont posés de magnifiques bouquets aux couleurs d'été et des rafraîchissements. Il y a des plantes à profusion, des ficus, des mini-palmiers et des orangers en pot. Quel tour de force d'avoir organisé cette conférence en si peu de temps ! Le fond sonore composé de ses chansons est couvert par les discussions à voix basse des nombreuses personnes déjà présentes ; je crois en reconnaître quelques-unes, des techniciens du spectacle d'hier comme celui qui s'occupait des guitares, mais aussi son assistante Cynthia qui me lance encore un mauvais regard. Instinctivement, je tente de contrecarrer cette possible malédiction en me faisant les cornes, superstition ancestrale ancrée dans mon subconscient.

Hace m'aperçoit et se précipite vers moi, tout sourire. Il est si craquant quand il quitte son éternel air sombre que mon cœur s'emballe.        

– Vous êtes enfin arrivée ! Tout s'est bien passer ?        
Il semble soulagé.        

– Avouez que vous pensiez que j'allais changer d'avis à la dernière minute ?        

J'essaye de plaisanter, mais je le sens sur ses gardes.        
Il a un rictus contrit.        

– Je vous l'ai dit, je ne reviens pas sur ma parole, je lui réplique vertement.        
– OK Sa. Excusez-moi. Je ne voulais pas vous blesser... Très bien la tenue, elle vous ressemble...        

Je suis soulagée que ça lui convienne, en grande partie parce que c'est lui qui a payé, mais aussi parce que ça veut dire que je ne me suis pas trompée dans mes choix.        

– Bon, les journalistes vont entrer d'ici... (Il vérifie sur sa montre horriblement dispendieuse) dix minutes. Nous avons expédié les cameramans à l'extérieur pour l'instant en attendant de finir les préparatifs. Ils n'étaient pas contents mais je m'en fous. Bon, question présentation. Nous nous mettrons sur la scène, vous à droite et Marc à gauche. Je leur raconte l'histoire que nous avons concoctée. Après, ce devrait être un mitraillage de flashs et de questions. J'y répondrai.        
– Et s'ils me posent des questions ?        
– Je répondrai.        
– À ma place ? Non, je peux le faire !

Ses yeux verts lancent des flammes.        

– Je m'en doutais ! Vous n'écoutez rien ! Soit vous êtes sourde, soit vous êtes bornée.        
– Pourquoi réagissez-vous ainsi ? Je parle toute la journée à mon travail et je côtoie toutes sortes de personnes, pourquoi avoir peur des journalistes ?        
– Parce que, petite inconsciente, ils sont là pour nous piéger ! Nous n'aurons pas le temps de réfléchir à chaque fois, il nous faudra être prudents dans nos réponses. De plus, nous avons invité les meilleurs. Nous ne sommes pas dans ton bar à touristes !        

~ Faux mariage,  Vrai désir ~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant