~ Faux mariage, Vrai désir ~

Chapitre 28

San Francisco

Sarah

Au bureau, j'ai pris mes repères, je ne me trompe plus ni de porte ni de nom. Bref, j'aime mon boulot. Je rentre le soir, la tête pleine, les jambes lourdes, mais je redeviens aussi légère qu'une aile de papillon à la vue de ma star. Tous les matins, Fabio et Alex m'accompagnent au travail. Je reste enfermée entre quatre murs, je ne me risquerais pas sur la voie publique seule, sans protection. Donc quand je veux sortir, je les appelle et ils déboulent souvent en moins de quinze minutes. Mia a engagé un agent de sécurité malgré mes récriminations, elle prétend qu'elle aurait dû le faire depuis longtemps, que cela n'a rien à voir avec moi. Hum... Je soupçonne Hace d'être derrière cette subite embauche.

Un matin, elle m'envoie dans le bureau du responsable des fournisseurs, Garrett, un de ceux présents à la réception à Los Angeles. Il avait supervisé le ballet des livraisons. Il me charge de contrôler les coordonnées des prestataires dans son listing. Des heures devant mon ordinateur en prévision, il le sait et attend ma réaction, mais je prends cette corvée comme le meilleur moyen de retenir la liste des partenaires de Golden Bay Events. Je pense que cette tâche n'est pas nécessaire, mais si Garrett me teste il va être déçu, je ne lui donnerai pas l'occasion de me critiquer. Mon métier de guide m'a enseigné une chose : un sourire désarme mieux les récalcitrants qu'un accès de colère. Sans pour autant me laisser marcher sur les pieds. Je m'attelle à mon travail consciencieusement, assise devant mon écran. Dès que je suis au téléphone, je marche dans le bureau, sous le regard rieur de Molly, pour me détendre les jambes. J'ai arrangé mon espace avec des photos de ma famille, j'ai accroché sur le mur deux posters de Nice que j'ai fait faire chez Printsco, un de la citadelle de Nice et l'autre de la Restonica. Molly m'a demandé pourquoi je n'avais pas de photo de Hace. Bonne question.

À la maison, je n'ai qu'une envie : plonger dans la piscine et me défouler dans l'eau, Garrett est un maniaque de la virgule, il me donne des maux de tête. Hace ne revient qu'à la tombée de la nuit, j'ai déjà dîné. Lui aussi est resté enfermé au studio de Marc pendant des heures ; il me rejoint sur la terrasse respirer l'air frais du Pacifique. Il a allumé la chaîne stéréo et la douce musique d'Hunter Hayes nous enveloppe en cette belle soirée de fin d'été. Nous bavardons presque à voix basse, j'aime ces quelques moments de détente que nous essayons de nous octroyer ensemble, à l'écart de toute tension. Ils sont si rares...

Sur un transat double, je me suis allongée lascivement entre ses jambes et nous admirons les voiliers rentrant à la marina. Il passe lascivement des doigts sur mes bras et pose de délicats baisers sur ma tête ou derrière le lobe de mon oreille. Et comme à chaque fois qu'il me touche, je pousse de petits gémissements incontrôlables.

Ma respiration trop rapide soulève ma poitrine tendue. Notre désir qui monte telle une vague de fond nous empêche maintenant de parler. Une de ses mains s'aventure sur mon ventre autour de mon nombril puis elle continue de grimper sur mon sein droit. À travers le fin tissu de mon T-shirt, son pouce et son index viennent en titiller la pointe. Je n'ai ni la maîtrise de mon téton, ni celle de ma raison. Je savoure chaque seconde de cette sensuelle intimité. La pleine lune jette sa lumière blanche sur l'acier rouge du pont. Magnifique.

Soudain, une alarme stridente résonne dans toute la maison. Je pousse un cri de stupeur, mon cœur a bondi dans ma poitrine comme pour s'enfuir de ma cage thoracique. Hace me pousse du transat, m'attrape fermement la main et il me tire jusqu'à l'intérieur. Il me plaque sur la bibliothèque puis il se place devant moi en me coinçant contre son dos.

– Ne bouge pas !

Il s'accroupit et d'une main, il ouvre un tiroir d'où il sort une arme qu'il pointe devant lui. Quoi ? Il possède un revolver ? Je sens nos cœurs accélérer leur rythme à l'unisson.