~ Faux mariage, Vrai désir ~

Chapitre 30

Sarah

J'ai mal à la tête. Mes bras me font souffrir, ils ne forment pas un angle habituel... Ils sont attachés derrière mon dos ! Je ne vois rien, un bandeau couvre mes yeux. Un foulard avec encore cette odeur désagréable est à moitié enfoncé dans ma bouche.

J'entends des bruits de rue, des voitures qui circulent, des bavardages. Je ne peux pas me lever, mes jambes sont aussi attachées à une barre. J'essaie de frapper sur le sol, les pieds joints, mais une sorte de tapis assourdit les sons. La peur grimpe en moi, m'envahit, m'étouffe. Je ne peux plus respirer.

J'ai été kidnappée !

Le vide abyssal.

J'ai été kidnappée ! Je n'ai pas été assez prudente, je n'ai pas suffisamment surveillé mes arrières.

J'ai relâché ma vigilance. J'ai...

Ma stupidité me tire des larmes de colère et de haine. Je me sens si impuissante.

Perkins !

Que me veut-il ?

Me tuer ? Non. Il l'aurait déjà fait.

Se servir de moi pour une rançon ? Oui, certainement. 
Hace paiera.

Je voudrais me calmer, ralentir mon cœur qui bat trop vite. Respirer à pleins poumons. Mais l'air reste coincé dans ma gorge. Une douleur atroce bloque mon diaphragme, je suffoque littéralement. Une panique malsaine s'insinue dans mon corps et mon cerveau, ravageant le peu d'assurance qu'il me reste.

Je suis seule.

Au milieu de milliers de personnes.

Je me trouve dans une camionnette parce que vu comment je suis attachée, ça ne peut pas être dans une voiture. Pourquoi reste-t-il stationné ? Pourquoi suis-je là ? Je retiens mes larmes, je dois surmonter cette épreuve.

Depuis combien de temps suis-je ici ?

Ai-je été évanouie longtemps ?

Est-ce qu'il pleut ? J'entends des gouttes tomber sur la carrosserie. Je suis parcourue de frissons, il ne fait pas froid, mais je suis frigorifiée jusqu'aux os. Je ne peux me fier qu'à mon ouïe. Un chien qui aboie, une petite fille qui chante à tue-tête et une femme qui rit. La sonnerie d'un vélo.

J'essaie de capter des voix connues, mais de toute façon qu'est-ce que je pourrais bien faire ? Je suis ligotée et muette. Je secoue la tête comme une damnée pour ôter le foulard de ma bouche, mais il est solidement noué dans mon cou. Si je bouge trop les pieds, les cordes brûlent mes mollets nus. Mes épaules deviennent douloureuses à force d'être tirées en arrière. Mes efforts insensés pour me libérer n'aboutissent qu'à la douleur et je désespère encore plus.

Près de mon oreille droite, un cliquetis me fait sursauter. On a abaissé la poignée de la portière. Un glissement latéral.

– Oh Good Sarah !

Hace ? Hace ! NON !

– Assieds-toi connard. Tes mains derrière le dos. Cette voix... Haut perchée pour un homme. C'est celle de mon rêve.

Perkins. Numéro deux.

– Mon ange, je suis là. Tout va bien. N'aie pas peur. Peter nous... 
– Ferme-la !

Un coup sourd et Hace émet un gémissement.

– Je suis venu de mon plein gré alors... 
– Ferme-la, je te dis !

Perkins doit mettre aussi un foulard sur la bouche de Hace, car je n'entends ensuite que des grommellements. Puis la portière claque à nouveau, celle de devant s'ouvre. Il s'installe au volant et démarre. Où nous emmène-t-il ? Il n'a pas dû avoir le temps d'attacher Hace aussi bien que moi, je sens un pied caresser ma cheville. Oh ! Ce simple contact m'est plus qu'agréable. Malgré les circonstances, sa chaleur apaisante m'enveloppe dans un cocon protecteur. Je ferme les yeux ; mon cerveau fonctionne à nouveau et des centaines de questions y déferlent.