Chapitre 21

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Sarah

Julia revient me voir le lendemain soir. Mon frère et son fils sont ravis de pouvoir jouer ensemble. Ma mère l'est encore plus quand elle nous voit rire, assises au fond du jardin en tailleur sur une vieille serviette de plage, sirotant une bière fraîche.

– Julia, tu dînes avec nous ce soir ? Marie ne va pas tarder à arriver. Elle sera contente de te voir.
– Volontiers madame Marini. Camille ne va pas au centre aéré demain. Nous pouvons veiller tard.

Ma mère partie, mon amie se tourne vers moi.

– Sarah, tu sais, tu m'impressionnes. Beaucoup de femmes se seraient accrochées à lui dans de telles conditions. Elles en auraient même profité financièrement.

Avec Julia, il faut s'attendre à tout, elle débite ce qui lui passe par la tête, change de sujet de conversation sans avertir, ce qui est souvent déroutant.

– Comment ça ? je lui réponds, dégoûtée par l'implication de ses propos.
– Il y en a qui lui auraient soutiré un max de fric. Mais bien sûr, toi, je suis sûre que cela ne t'a même pas effleuré l'esprit !
– Bien sûr que non !

Je suis horrifiée. Je ne veux rien de lui ! J'ai laissé la tenue Armani et la robe de la réception dans l'armoire de sa chambre. Quant à mon abonnement téléphonique, mon dossier de résiliation est en cours. Il est hors de question qu'il verse le moindre dollar pour moi !

Nous sommes interrompues par les cris des garçons qui déboulent autour de nous, pistolet à eau dans les mains. Notre unique défense contre ces mini démons réside dans l'arrosoir de ma mère. Pour finir, je m'empare du tuyau d'arrosage et je mouille ces garnements de la tête aux pieds. Je vais devoir me méfier de ces petits monstres pendant toutes les vacances, ils chercheront à se venger.

L'heure du dîner approchant, mon père s'attelle au barbecue, il envahit tout le quartier d'une bonne odeur de poulet mariné comme ma mère en a le secret. Ma sœur rapplique juste au moment où nous nous mettons à table. La soirée promet d'être joyeuse. Marie et Julia s'entendent très bien, elles font hurler de rire l'auditoire avec leurs histoires de boulot, l'une sur ses patients et l'autre sur ses élèves en soutien scolaire.
Quand je me couche, je me rends compte que pas un instant aujourd'hui – à part la réflexion de Julia – je n'ai pensé à lui. Suis-je guérie ? Je m'enroule dans le drap et frappe mon front dans l'oreiller.

Comme si c'était aussi facile...

***

Je somnole sur ma serviette, j'entends à peine les enfants jouer aux raquettes au bord de l'eau. J'irai m'acheter une glace tout à l'heure au restaurant d'à côté. Pour l'instant, je suis trop accablée par la chaleur pour me lever. En fait, la canicule est devenue ma meilleure amie : elle m'empêche de penser. Elle est en train d'ébouillanter mon cerveau surmené jusqu'à le transformer en une masse stérile. Y a pas à dire, c'est reposant d'être une étoile de mer luisante échouée sur le sable.

Mon téléphone me sort de ma rêverie. Je fouille dans mon sac de plage pour le trouver.

– Oh, ça va, ça va, je vais répondre.

Je rouspète quand la sonnerie se remet en marche une deuxième fois. Sa photo sur l'écran ? Lui ?! Je m'assois précipitamment.

– Allô ?
– Sa, c'est moi.
– Je sais oui. Tout va bien ?
– Nous atterrissons dans quinze minutes à Nice. Tu peux venir à l'aéroport ?

Je prends du sable dans ma main pour vérifier que je ne rêve pas. Euh, non, je suis éveillée...

– Sarah ?
– Mais...

~ Faux mariage,  Vrai désir ~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant