~ Faux mariage, Vrai désir ~

Chapitre 7

San Francisco

Sarah

Le lendemain matin, je me réveille avec un ciel nuageux. La chaleur sèche du Nevada me semble loin. Le brouillard couronne le sommet du Golden Gate. Quand je descends en pyjama, j'entends une femme chanter. Je ralentis mon pas.        

– Oh bonjour Madame ! me lance-t-elle joyeusement.        

Madame. Oh non...         

– Bonjour, je lui réponds, timide.        
– Je suis Wendy. La gouvernante de M. Collins.        
– Oh oui, il m'a parlé de vous ! Vous êtes la femme de Peter, n'est-ce pas ?        
– Sa compagne, nous ne sommes pas mariés !        

Je ris de la façon dont elle dit ces paroles. Elle a des yeux bleus pétillants ; ses cheveux blonds raides tombent en une longue mèche sur son visage rond et gai. Elle me plaît d'emblée.        

– Oh, pardon... Je ne devrais pas dire cela à une nouvelle mariée qui croit aux vœux sacrés du mariage ! Mais j'ai déjà donné.        
– Ne vous excusez pas. Rien de grave.        

Je comprends tout de suite qu'elle n'est pas au courant de la réalité. Sur ce, arrive un Peter tout essoufflé. Il a des yeux inquiets. Je lui tends la main et lui murmure que tout va bien. Il soupire, très soulagé. Il embrasse son amie sur la joue, se sert un café en s'asseyant à mes côtés. Mais pourquoi n'ont-ils rien dit à Wendy ?        

– Où voulez-vous déjeuner ?        
– Ici, cela me va très bien. Ne faites rien de spécial.         – Je préfère travailler. Thé ou café ?        
– Café. Vous savez à quelle heure passe l'émission de M. Collins ?        
– À neuf heures.        

Wendy me sert mon café dans un mug avec le drapeau californien dessus. Elle me décrit les différents plats qu'elle a préparés pour moi selon les instructions de Hace : pancakes, viennoiseries et tartines. Ce n'est pas possible, il n'oublie jamais rien ou quoi ? Il se souvient même de ce que je prends pour mon petit déjeuner !         Enfin, si. Il a oublié une chose : comment il s'était retrouvé marié à une fille banale comme moi.        

Je la remercie et elle monte à l'étage. Je saute sur Peter :        

– Pourquoi diable ne l'avez-vous pas mise au courant ?         – Moins il y a de personnes qui connaissent la vérité, moins il y a de risque.        
– Elle va le voir maintenant !        
– Pourquoi donc ?        
– Ma chambre...        

Peter me regarde, ne comprenant pas où je veux en venir. Puis son visage se décompose :        

– Vous n'avez pas dormi ensemble ?        
– Bien sûr que non !        
– Et Hace n'a rien dit ?        
– Pourquoi voulez-vous qu'il dise quoi que ce soit ? Ce n'est pas comme si nous étions réellement mariés voyons...        

Il fronce les sourcils. Une manie chez eux...        

– Merde ! Je vais devoir tout dire à Wendy. Elle va être triste.        

Je vais avoir une explication avec Hace quand il rentrera. Cette histoire dépasse l'entendement ! Dormir dans sa chambre ? Et pourquoi Wendy serait-elle triste ?        

Ils redescendent tous les deux, la gouvernante est furibonde. Je file vers le coin télé pour les laisser régler leur problème. Je ne veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas. Je voudrais bien allumer l'écran, mais je ne trouve pas de télécommande. Beuh... Mon malaise s'accentue, je ne suis pas chez moi, je suis obligée de tout quémander, même pour la télévision.