Chapitre 31

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Hace

Les yeux brouillés, la gorge sèche, je me lève péniblement, la drogue dans mon corps n'est pas encore totalement éliminée. Je titube sur mes jambes faibles, mais je peux me mettre debout. Une petite victoire après avoir passé de longues heures, allongé sur ce matelas. Je distingue à peine Sarah endormie assise sur une chaise au fond de la pièce. Oh, elle semble si fatiguée !

– Sarah... mon ange...

Je murmure, je ne veux pas que l'autre fou m'entende. Quoiqu'il doit avoir mis des micros aussi ici. C'est un malade mental, mais je dois admettre qu'il s'y connaît en informatique.

Mon adorable femme ouvre les yeux et elle me sourit. Comment peut-elle sourire dans un moment pareil ?

– Oh Hace. Enfin tu te réveilles !

Pourquoi « Enfin » ?

Elle se presse délicatement contre moi, comme si elle craignait de me voir m'écrouler. Sa douce chaleur me donne un supplément de force.

– Oui. Ce n'est pas encore la grande forme, mais je peux marcher. 
– J'ai eu si peur qu'il ait trop dosé la drogue et qu'elle t'ait bousillé le cerveau. Tu ne répondais à aucune de mes paroles. 
– Je t'entendais, mais j'étais incapable de répondre. Il est là ? 
– Je crois oui. Avant que je m'assoupisse il est descendu, mais il n'est pas rentré. Il parlait tout seul. J'ai entendu quelques bruits, il n'a pas dû refermer la porte là-haut. Je n'ai aucune idée de ce qu'il fait ou de ce qu'il nous veut. 
– Il est fou. 

*** 

Sarah

– Ne me traitez jamais de fou !

Perkins a ouvert la porte violemment, nous prenant au dépourvu. Il assène à Hace un coup brutal sur sa tempe avec la crosse de son revolver. Je pousse un cri, je ressens la douleur de mon mari dans ma propre chair. Il s'écroule à genoux sur le sol, mais il ne veut pas s'allonger. Malgré sa faiblesse physique, l'adrénaline a envahi tout son corps. Il ne laisse pas le temps à Perkins de réagir ; il se redresse péniblement à moitié et il percute de la tête l'abdomen du kidnappeur, qui recule sous le choc contre le mur. J'entends un bruit métallique, le revolver est tombé des mains de ce taré, mais je ne peux pas m'en emparer, il est de l'autre côté de la petite pièce et les deux hommes me bloquent le passage.

Un peu désorienté, Hace vacille sur ses pieds, il avance au ralenti vers Perkins, qui lorgne vers son arme. Il peut l'attraper, Hace étant bien trop faible pour s'en saisir rapidement. La panique s'empare de moi. Jusqu'à ce que je constate que la porte est ouverte. Je me précipite dans le couloir. Deuxième porte à gauche et l'escalier. Je me félicite d'avoir si bien suivi l'entraînement de Peter.

Je monte les marches quatre à quatre et j'arrive dans un immense salon. Ma première idée était de sortir chercher de l'aide ou un téléphone, mais mon œil est attiré par un long objet sur une commode : un fusil de chasse ! Je l'examine : vide. Un tiroir est ouvert avec au fond une boîte de cartouches. J'en mets trois dans mes poches et charge le fusil avec trois autres. Je cours en sens inverse. De l'escalier, des bruits de bagarre résonnent. Pas de coup de revolver. Ouf ! Dernière marche. La porte. Le couloir gris et sinistre et puis...

– Hace !

Il est acculé contre le mur, les jambes molles, le souffle court. La drogue agit encore sur son organisme. Perkins est enragé et le frappe au visage et au ventre, comme s'il était un punching-ball.

– STOP !

Jamais de ma vie je n'avais hurlé si fort. Un cri sorti du fin fond de mon être.

Perkins s'arrête net et se retourne lentement, son revolver sur le front de Hace, une main serrée sur son cou qui fait suffoquer ma star. Sur son horrible visage, un sourire sardonique qui me glace le sang. Je n'hésite pas une seconde : je ramène l'arme serrée contre ma joue et la crosse bien calée au creux de mon épaule, mon œil directeur parfaitement dans l'axe du canon. Je tire.

~ Faux mariage,  Vrai désir ~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant