Chapitre 10

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Sarah

San Francisco

Une musique résonne... Et se répète... Ah, mon réveil. Je ne reconnais pas le son du nouveau portable. Je tâtonne pour l'arrêter en me demandant pourquoi je l'ai mis.

Oh merde ! Le rendez-vous chez son père ! Je n'ai jamais eu de relation assez stable pour subir une rencontre parents/petite amie officielle. L'angoisse totale ! Une première qui est loin de me plaire, en particulier dans ces circonstances.

Un café et je m'enferme dans la salle de bains.

Je ne trouve personne au rez-de-chaussée. Seule une bonne odeur de café frais m'accueille. J'ouvre plusieurs placards avant de trouver une tasse. Je l'emmène dans ma chambre, je sirote mon breuvage en fouillant dans l'armoire : que vais-je bien pouvoir porter ?

Je choisis ma robe du premier matin, la rose pâle. Le bustier drapé met en valeur ma poitrine. Près du corps, elle a toutefois une coupe classique. Je prends mon temps dans la salle de bains. Je ne crois pas avoir un jour pris autant soin de moi ! Épilation totale, maquillage précis, coiffure sage. Je m'observe au millimètre dans le miroir accroché dans le dressing. Tout a l'air de convenir... même mes petites ballerines blanches.

Quand je redescends, la cuisine est encombrée. Wendy sert du café aux hommes présents, Hace, Peter et Marc. Tous les regards se tournent vers moi.

Peter et Marc me saluent et continuent leur conversation. Lui reste sur son tabouret de bar, les yeux fixés sur ma personne. Décidée, je m'avance vers lui.

– Je suis prête. Nous allons bien chez ton père ?
– Tu as mis cette robe ?

Il paraît troublé.

– Oui...

Je lisse les plis, tout d'un coup inquiète.

– Elle ne me va pas ?
– Oh si... C'est celle du premier jour.

Il s'en souvient ? Il ronchonne dans sa barbe de deux jours :

– OK, en route pour le pilori.

Ah, ça, ce n'est pas bon signe. Il va être tendu toute la matinée. Super ! J'enfile ma veste en saluant d'un geste rapide Peter et Marc et je le rejoins dans le garage. Je pensais que Peter conduirait mais il se met lui-même au volant de la Fisker, bolide noir aux vitres teintées hors norme qui doit coûter au moins vingt ans de mon salaire annuel. Ne revenons pas sur son propriétaire, qui est, lui, hors du commun.

Hace ne dit rien, concentré sur la route. Je me cale dans mon siège hyper confortable ; cette voiture est sublime, avec un intérieur aux matériaux sophistiqués, la plupart recyclés. Curieuse découverte sur moi-même : j'adore les belles voitures ! Celle-ci en particulier.

Ouais, enfin peut-être parce qu'elle est conduite par Adonis...

Après Lake Street, nous longeons l'immense golf du Presidio. La Pacific Avenue est bordée par de grands parcs, des courts de tennis, un terrain de base-ball. San Francisco est une ville avec beaucoup de verdure qui a conservé de grandes parcelles de forêt. Les propriétés bordées de jolies haies taillées et de fleurs printanières sont magnifiques. Le quartier de Presidio Heights est aussi huppé que Sea Cliff. À partir de Divisadero Street, la route descend raide vers la mer, j'ai l'impression d'être passée de l'autre côté de mon écran télé dans la vieille série de mon père, « Les rues de San Francisco ». La ville possède un plan en damier et chaque îlot est organisé de la même façon : la maison donne sur la rue et le jardin dans celle en parallèle. Certaines villas doivent avoir des vues extraordinaires sur la baie. Enfin, pas autant que dans son quartier... Je serai curieuse de connaître le prix de l'immobilier par ici.

~ Faux mariage,  Vrai désir ~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant