~ Faux mariage, Vrai désir ~

Chapitre 27

San Francisco

Inconnu

Cette connasse a failli le faire arrêter. P***** de merde ! Il a semé les flics à la dernière minute. Vive les bus de ville ! Un grand balèze l'a poursuivi jusqu'au pâté de maison suivant, mais il a eu de la chance, un type sortait d'un immeuble, il s'y est engouffré pour s'y cacher. Seulement en ressortant trois minutes plus tard, la rue grouillait de flics et il a dû à nouveau courir pour leur échapper.

Il a sauté de justesse dans un bus. Les passagers l'ont regardé bizarrement, mais il s'en foutait, c'était comme ça depuis qu'il était petit. Les gens le trouvaient étrange, ils ne comprenaient simplement pas qu'ils avaient un génie en face d'eux, il leur faisait peur. Tant mieux, il n'aimait pas la compagnie.

Quoi qu'il en soit, il a commis une erreur, il s'est approché trop près. Et comment a-t-elle pu le reconnaître ? Il doit se méfier, elle est physionomiste et plus maligne qu'il ne l'a cru. Mais son QI est celui d'un génie. Elle ne lui échappera pas.

Il s'est acheté une tondeuse électrique dans la supérette du coin et s'est débrouillé pour se faire une coupe de militaire lui-même dans sa salle de bains. Ses superbes cheveux blonds californiens ont fini à la poubelle. Il n'a pas pris le risque d'aller chez un coiffeur. Il lui en veut à mort à cette blondasse, il avait réussi à emballer une fille hier soir grâce à son nouveau look et maintenant, il ressemble à un marine. Ou presque parce qu'il est trop maigre. Il va lui pourrir la vie, comme elle lui pourrit la sienne. Il s'est inspiré de ses jeux vidéo préférés ces derniers temps pour peaufiner sa technique sur les mécanismes de la peur. C'est incroyable comme certaines personnes craignent moins les coups que les révélations qu'on peut faire sur leur compte.

Il sait que ça ne marchera pas avec ces deux-là. Il a choisi une autre approche la concernant : le manque de repère. Cette poufiasse veut toujours tout savoir, elle apprendra à ses dépens qu'elle n'avait pas à se mêler de leur vie. Il prévoit de la faire mijoter dans le flou un moment. Et puis... Et puis, lui et elle paieront pour le mal qu'ils leur ont fait. Et puis il les tuera. Tous les deux. À petit feu.

***

Sarah

Le lendemain matin, je suis réveillée aux aurores, excitée à l'idée que je vais enfin me construire un nouvel avenir. Hace s'amuse de me voir courir dans tous les sens. Il tente de me retenir dans ses bras quand je sors de la douche, mais pour la première fois depuis que je le connais, je m'échappe dans la chambre. Il prend alors un air si penaud que je doute une demi-seconde de l'avoir vexé. Mais devant ma mine déconfite, il éclate de rire.

J'ai oublié un instant qu'il est un excellent acteur et il m'a bien eue ! Pour le remercier d'essayer de me détendre, je me pends à son cou et l'embrasse avec fougue. C'est lui qui doit me repousser et me sermonner pour que je m'habille. Moi qui d'habitude suis si raisonnable et ponctuelle, il arriverait à me mettre en retard pour mon premier jour de travail. Son magnétisme brouille tous mes sens !

Je me pose juste quinze minutes, le temps de déjeuner tranquille. Je fais les cent pas dans le hall d'entrée en attendant que Mia passe me chercher. Un rapide baiser à Hace, qui se moque gentiment de mon impatience et je monte dans la voiture de mon amie.

– Tu es survoltée ce matin.
– Je suis si contente de travailler avec toi.

Pendant le trajet, Mia m'explique le fonctionnement de son entreprise, les différents types de clients et surtout ce qu'elle attend de moi. Elle me tend un contrat et une chemise épaisse concernant ma fiche de poste. Ouah... Elle a déjà tout préparé. Je feuillette rapidement dans la voiture le dossier, mais mieux vaut que je le lise à tête reposée. Ses bureaux se situent près de Fort Mason, sur Buchanan Street. Elle a choisi ce quartier car il lui évite les gros embouteillages du centre-ville et est relativement facile d'accès par rapport à Sea Cliff. De plus, avec le Golden Gate Bridge à proximité, elle peut recevoir aisément des marchandises des marchés bio du nord de la baie. De l'autre côté de la rue, un supermarché lui permet de faire des courses aussi bien pour son entreprise que pour sa maison.