Sur le terrain de l'amour

012.

Le lendemain du match époustouflant d'Eliona, l'entrainement du blond se déroula sur le terrain emblématique de Clairefontaine. Antoine se tenait debout parmi ses coéquipiers, écoutant attentivement les directives de Didier tout en prenant de petites gorgées dans sa gourde. Malgré ses efforts pour se concentrer, une anxiété grandissante s'empara de lui. Il sentait le poids des attentes peser sur ses épaules, la peur de décevoir cette équipe qui comptait tant pour lui.

Les regards des autres joueurs semblaient peser sur lui, et il redoutait que ses performances à cet entraînement ne les fassent changer d'avis à son sujet. Cette équipe représentait bien plus qu'un simple groupe de joueurs pour lui ; c'était sa famille, son repère. La crainte de ne pas être à la hauteur, de ne pas répondre aux attentes, le hantait, menaçant de l'emporter dans un tourbillon d'incertitudes.

Le début de l'entraînement se déroula de manière ordinaire : des pas-chassés pour travailler la coordination et l'agilité, suivis d'exercices d'endurance pour préparer les muscles à l'effort, et un échauffement complet pour éviter les blessures. C'était une routine familière, mais pour Antoine, chaque mouvement prenait une signification particulière ce jour-là. Chaque pas, chaque étirement était chargé d'une intensité émotionnelle, alors qu'il se préparait mentalement à relever le défi qui l'attendait sur le terrain.

Le premier véritable exercice de l'entraînement débuta par une séance de tir au but. Les joueurs français se succédaient un par un, s'efforçant de placer le ballon au fond des filets avec précision et puissance. Chaque tir était scruté avec attention par le staff technique, qui observait les gestes, la technique et la précision de chaque joueur.

Après le premier tir d'Antoine, le gardien parvint à bloquer le ballon dans ses gants. Un sentiment de frustration et de déception s'empara de lui alors qu'il regardait ses coéquipiers se succéder avec aisance devant le but. Leurs mouvements fluides et leur précision semblaient être un monde à part de ses propres tentatives maladroites. Des doutes commencèrent à s'insinuer dans son esprit, et il sentit l'ombre de l'incertitude s'élever en lui. La crainte de ne jamais retrouver son niveau d'avant s'empara de lui, assombrissant un peu plus son moral déjà fragile.

Sous l'effet de la surprise, Antoine sursauta légèrement lorsque Didier posa sa main sur son épaule. Il tourna son visage vers le coach, qui observait attentivement le reste de l'équipe. Malgré la présence réconfortante de son entraîneur, le numéro 7 demeura silencieux, son regard fixé sur la réussite de ses coéquipiers.

« Tu as vu leurs gestes ? » demanda finalement le coach.

« Oui, ils sont parfaits. »

Le sélectionneur retira sa main de son épaule pour le regarder. Antoine planta ses yeux dans les siens.

« Et pourtant la réussite ne vient pas de leur geste. » souffla son coach. « C'est ce qui se passe là, qui les rend meilleur. » dit-il en touchant son torse, là où se trouvait son cœur. « Alors, Antoine, toi, que se passe-t-il dans ton cœur ? »

« Il est perdu. »

« Alors retrouve-le. »

Didier récupéra une balle et lui demanda de se placer près du but. Le blond sentit l'angoisse rapidement monter mais des silhouettes le sortit de sa quiétude. Il remarqua Paul danser alors que Kylian tentait un beat-box. Un sourire se dessina sur son visage.

Le sélectionneur n'attendit pas qu'Antoine soit prêt ; d'un geste vif, il envoya la balle en l'air pour en faire un centre précis vers le blond. Ce dernier sortit rapidement de ses pensées et accéléra le pas pour se positionner près des cages. Son regard était rivé sur la trajectoire de la balle, tandis qu'il se préparait mentalement à son geste.

Lorsque la balle rencontra son pied, Antoine y mit toute sa force, cherchant le moyen optimal de la propulser dans le but. Et lorsque celle-ci franchit la ligne, une vague de joie inonda son cœur ; il était fier de lui.

Ses coéquipiers se précipitèrent pour le féliciter de ce geste exceptionnel, tandis que Didier, depuis la touche, l'applaudissait avec un large sourire. Paul s'avança vers lui et l'enlaça tout en chantonnant, célébrant ensemble ce moment de succès.

« Guigui ! Tu as filmé ce que j'ai fait ? » hurla Antoine, en s'approchant de la caméra de YouTube.

« C'était magnifique. » lui répondit-il.

« Tu as vu ! Reste là, je vais t'en faire d'autre. » fit-il tout fier.

Tout au long du reste de l'entraînement, Antoine conserva son large sourire, même s'il ratait quelques gestes. Il savait que ses coéquipiers comprendraient, et cela ne faisait que renforcer son bien-être. Il se sentait à sa place, comme s'il retrouvait son amour pour le football.

Des souvenirs d'enfance vinrent le visiter, le ramenant à l'époque où il jouait au football, rêvant à voix haute devant ses parents qu'un jour, il deviendrait un grand joueur. Ces souvenirs ravivèrent son sourire, lui rappelant les rêves de jeunesse qui l'avaient animé.

Lorsque son coach le félicita pour sa performance à la fin de l'entraînement, son sourire s'élargit davantage, bien qu'au fond de lui, il savait que tout n'avait pas été parfait. Mais ce moment de reconnaissance lui donna l'impression d'avoir parcouru un chemin positif vers la réalisation de ses aspirations.

« Eh Antoine, tu viendras jouer à la console après ? » demanda Ousmane.

« Ouais, j'arrive, je dois juste passer un appel. »

Le blond se rendit dans sa chambre et ferma la porte derrière lui. Il colla son téléphone à son oreille et se jeta sur son lit, avec un large sourire.

Antoine : Coucou, mon cœur.

Mia : Coucou papa ! Maman m'a dit que tu étais avec tonton Paul et Kyks !

Antoine : Oui, mon cœur, et toi, ça se passe bien à l'école ?

Sa petite blonde commença un long monologue, où elle raconta ses péripéties avec ses amis. Il l'écouta gardant son sourire sur son visage. Il sentit son téléphone vibrer ainsi il regarda l'écran tandis que sa fille continuait de lui parler.

Eliona_ Je suis ma mère, j'espère que ton premier entrainement en bleu c'est bien passé. Tu me manques.