Sur le terrain de l'amour

003.

Eliona s'affairait à la vaisselle, les gestes mécaniques devenus une sorte de rituel apaisant dans cette atmosphère chargée d'une tension silencieuse. Pendant ce temps, le blond gisait toujours sur le canapé, ses pensées perdus dans les méandres sombres de ses propres tourments. Une semaine s'était écoulée depuis le match qu'il avait manqué, une semaine de silence où chaque mot non-dit pesait comme une lourde charge entre eux.

Malgré son désir ardent de briser cette barrière invisible qui les séparait, Eliona n'avait rien osé demander à Antoine. La peur de revivre la déception, de voir une fois de plus ses espoirs réduits à néant, la maintenait dans un mutisme douloureux. Mais alors qu'elle s'essuyait les mains avec un torchon, elle sentit le besoin irrépressible de se rapprocher de lui, de partager ne serait-ce qu'un instant d'intimité dans ce silence étouffant.

S'approchant du canapé où il reposait toujours immobile, elle prit place sur le bord, la proximité entre eux devenant presque palpable. Ses doigts se glissèrent dans les mèches ébouriffées de ses cheveux, attirant son regard dans le sien. Dans ses yeux, elle discerna une lueur de tristesse, de regret, mais aussi une pointe de déception, comme une ombre qui voilait la lueur habituelle de son regard.

« Tu es sûr de ne rien vouloir manger ? »

« Oui. » lui souffla-t-il. « Merci. »

Alors qu'Eliona continuait de caresser ses cheveux avec une tendresse infinie, son regard se perdit dans les traits du visage d'Antoine. Sa barbe présentait quelques zones où la pilosité semblait s'être éclaircie. Çà et là, des poils épars ponctuaient son menton et ses joues, créant un contraste frappant avec la densité de sa barbe.

Ses yeux, d'un bleu profond rappelant les vastes étendus de l'océan, étaient empreints d'une lueur mélancolique, reflétant les tourments qui agitaient son esprit tourmenté. Malgré cette tristesse qui voilait leur éclat, ils demeuraient captivants, magnétiques, attirant le regard et l'attention de quiconque croisait leur chemin.

Ses cheveux, habituellement bien coiffés et entretenus, semblaient désormais plus longs, plus sauvages, témoins de son état intérieur tourmenté. Des mèches rebelles s'échappaient de leur ordre habituel, encadrant son visage d'une manière à la fois négligée et pourtant étrangement séduisante.

Et puis, il y avait ses grains de beauté, dispersés sur sa peau hâlée, comme des constellations dans un ciel nocturne. Chacun racontait une histoire, un souvenir, une émotion, formant un ensemble unique qui ajoutait à son charme singulier. Ces petits détails, auparavant presque imperceptibles, semblaient désormais plus marqués, plus distincts, comme s'ils étaient le reflet de l'âme tourmentée qui résidait en lui.

« Tu veux faire un Fifa avec moi ? » demanda-t-elle.

Le regard d'Antoine croisa celui d'Eliona, et dans cet échange muet, il prit soudain conscience qu'il avait, ces derniers temps, négligé toutes ses demandes, toutes ses attentes. Une vague de culpabilité le submergea, le poussant à se redresser, à acquiescer d'un mouvement de tête contrit. Une lueur de joie s'alluma dans les yeux de la jeune femme, son sourire s'élargissant pour illuminer son visage. D'un pas décidé, elle se dirigea vers la console, prête à lancer le jeu.

Antoine se prépara à son tour, reprenant ses esprits alors qu'il récupérait la manette que lui tendait Eliona. Ils commencèrent alors à jouer. Lorsque Eliona marqua son premier but, elle s'exclama de joie et leva ses mains en l'air. Seulement, quand elle tourna son visage, elle remarqua le blond fixer le sol. Il ne jouait pas. Perdu dans ses pensées, il fixait un point sans but précis, distant, détaché du moment présent.

Le cœur lourd de soucis, Eliona éteignit la console d'un geste lent et déposa sa manette sur la table basse, brisant le charme de leur jeu. Le mouvement attira le regard d'Antoine, qui planta ses iris dans ceux de sa copine, y lisant une expression de préoccupation et d'attente.