Chapitre 9

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En arrivant à la clinique lundi matin, je suis directement allé voir Margaret, la dame aux blouses. Elle a fait de gros yeux en me voyant, ou plutôt, en découvrant mon diamètre. Et pour le coup, elle n'a pas râlé. Elle m'a simplement tendu un nouveau pantalon, une nouvelle blouse en se mordant sûrement la langue pour ne pas poser les questions qui lui brûlaient les lèvres.


Dans les vestiaires, j'ai envie de pleurer en voyant mon reflet, parce que je sais que c'est fini. Mon secret n'en sera bientôt plus un. Mon ventre est rond, proéminent. Il épouse, se colle au tissu de ma blouse et est impossible à cacher maintenant. Plus aucune excuse ne pourrait dissimuler la vérité. Je ne ressemble pas à quelqu'un en surpoids, ou malade comme je l'ai fait croire à mes collègues. Non, je ressemble à ce que je suis. Un homme enceinte.


Et quand j'entre dans mon service, j'ai l'impression désagréable d'aller à la guillotine. Je sais qu'à la fin de la journée, tout sera différent, et pourtant, je fais tout pour retarder l'inévitable. Je ne salue personne, ne passe pas en salle de pause. Aussi rapidement et discrètement que possible, je récupère une pile de dossiers et attaque mes visites matinales.


Je commence par aller dans la chambre d'un garçon de 7 ans hospitalisé pour une jambe cassée. Comme toujours, j'entre dans la chambre avec le sourire, salue le garçon et sa mère assise à son chevet. Et pendant que je fais ses soins à son fils, que j'essaie de lui changer les idées, je peux sentir son regard lorgner sur mon ventre. Elle ne me demande rien, répond à toutes les questions que je lui pose sur la santé de son fils. Après une demi-heure, je leur souhaite une bonne journée, passe à la chambre suivante.


Et ça dure comme ça toute la matinée. Dans toutes les chambres, les parents me dévisagent. Les pères se penchent sur leur femme pour murmurer dès que j'ai le dos tourné. Et j'encaisse. J'encaisse, continue mes visites malgré mes pieds et mon dos en compote. J'entre dans les chambres avec un sourire un peu plus forcé à chaque fois. Mais j'ai toujours plus du mal à le tenir quand en entrant dans la suivante, je tombe nez à nez avec un bambin de pas plus de 3 ans. Le petit garçon est blotti dans les bras de sa mère, elle même étreinte par son mari. Ils sont installés sur le lit, ne me remarquent pas de suite, trop occupés à regarder leur fils entrain de somnoler contre la poitrine de sa mère. Elle caresse avec délicatesse ses cheveux blonds et fins. Ses yeux brillent, tout comme ceux de son mari qui garde le bas de son visage collé à son épaule, le regard fixé sur son fils. Il tient entre ses poings ses petites mains, tremble comme s'il avait peur de serrer trop fort.


J'hésite avant de prendre la parole, baisse rapidement les yeux sur le dossier entre mes mains pour le lire en diagonale une nouvelle fois. La grippe. C'est bon, ça je peux gérer. Je suis soulagé. Pendant une seconde, j'ai cru que j'allais devoir m'occuper d'un deuxième Timmy. Et vraiment, je ne suis pas prêt à ça pour l'instant.


Légèrement moins nerveux, j'amorce un autre pas dans la chambre, attire le regard larmoyant de la mère, puis celui du père.


''-Bonjour. Lançai-je en forçant un nouveau sourire.

-Bonjour. Me répond le père d'une voix rauque en se redressant.''


Il est épuisé, a sûrement passé la nuit a veillé son fils. C'est comme une vieille machinerie rouillée qu'il se déloge de derrière sa femme, se lève du lit en se frottant les tempes.

Harry et son haricot magique (LARRY STYLINSON MPREG)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant