– Tu vas me virer ? Barry, installé derrière son bureau, penche la tête sur le côté. Il croise les doigts sur la table de manière détendue.– Prends place.
Je déglutis et m'installe en face de lui.
– Pitié, ne me vire pas, dis-je avec un désespoir qui pourrait être comique si ce boulot n'était pas vital pour moi.
Tu aurais peut-être dû y penser avant de faire un discours philosophique à un client. Mais quel sacré bout de chair, ce mec, comment est-ce humainement possible d'être aussi désagréable ?
– Gayle, tu es une très jolie fille. Mais ton tempérament est un véritable problème.
Quel est le lien entre ma beauté et mon travail ?
– Il a été désagréable !
– Je sais, mais tu sembles oublier quelque chose : c'est grâce à cet homme désagréable que je serai payée, que tu seras payée. C'est grâce à lui que nous serons tous payés. C'est un client, et les clients font tourner la boutique. Alors, fais-moi le plaisir d'être patiente et de garder ta hargne pour toi.
Je hoche la tête, il a raison, mais ce client m'a tellement mise hors de moi !
– Je suis désolée, Barry. Je vais m'excuser auprès de lui.
– D'accord.
Il m'observe intensément, je ne sais pas pourquoi, mais Barry me met toujours mal à l'aise. Rex affirme qu'il est amoureux de moi ; je ne le crois pas, mais tout de même, il me déshabille toujours du regard.
– Tu peux y aller, mais fais attention.
Je souris en me levant, soulagée de quitter le bureau. Je sens son regard sur mon dos ; je dois presque résister à l'envie de courir.– Gayle !
La main sur la poignée, je le regarde par-dessus mon épaule.
– Oui ?
– Comme punition, tu t'occupes de la fermeture.
Putain, quoi ? Non !
Je suis censée terminer dans une heure, si je m'occupe de la fermeture, je ne quitterai pas le restaurant avant 3 heures, et j'ai des devoirs à faire pour la fac. J'ai également cours le lendemain à 8 heures !
Ah bon sang, la vie d'adulte ne me plaît pas, mais pas du tout !
– Pas de problème !
Je sors du bureau en fulminant, pas contre Barry, mais contre moi-même. Si seulement j'avais réussi à la fermer.
Je longe les couloirs en regardant mon téléphone. J'ai un message de ma mère et un appel manqué de mon père.
Maman me demande de l'appeler car je lui manque beaucoup. Comme à chaque fois que ma famille prend de mes nouvelles, j'ai envie de pleurer.Dieu que j'étais bien dans la maison de mes parents ! Je mangeais à ma faim, je dormais autant que je le voulais, et surtout, je ne payais ni loyer, ni électricité, et encore moins l'eau.
Aujourd'hui, ma vie tourne autour d'une université que je hais, de deux boulots que je supporte moyennement, je ne dors presque pas et la dépression est devenue un compagnon fidèle.Perdue dans mes pensées, je percute de plein fouet quelqu'un qui monte les marches. Bon sang, mon front heurte quelque chose de très dur contre son épaule, je perds l'équilibre. J'entends un "cazzo" puis des bras se referment autour de ma taille pour me stabiliser. Mon dos rencontre le mur sans douceur et un corps dur et chaud se presse contre le mien. Je relève lentement les paupières pour me retrouver confrontée à la noirceur de la nuit dans le regard de Monsieur téléphone, Riccardo, je crois.
VOUS LISEZ
La Pieuvre De L'ombre 1( Terminé)
RomanceIl y a deux choses que Riccardo Gaviera aime plus que tout au monde : lui-même et ôter la vie. Mais quand il se rend compte que Gayle est enfermée dans un manoir et torturée pour avoir tué son agresseur, il n'hésite pas une seconde à faire une entor...