La Pieuvre De L'ombre 1( Terminé)

Chapitre 26: L'orphelinat de l'horreur !

– Tu es nerveuse ?

– Non.

– Tant mieux, si tu fais tout capoter, je t'étripe. Je profite qu'il ne puisse pas me voir pour lui faire un doigt d'honneur discret.

Un chasseur patient. Voilà qui est Riccardo Gaviera. Durant cette semaine, comme il me l'a promis, j'ai débuté ma toute première mission.

Depuis la disparition de Rebecca, Riccardo s'acharne nuit et jour pour la retrouver, et un mois avant notre rencontre, il a eu une piste solide. Cette piste s'appelle Antonio Bellucci. Officiellement, c'est un homme d'affaires italien très influent. En plus d'être un homme politique, il a été maire de la ville de Rome pendant deux ans de suite. Il est adoré par le peuple, car durant ses mandats, Bellucci a apporté plusieurs changements favorables. Officieusement, Antonio est impliqué dans toutes sortes de trafics, dont le plus rentable, le trafic d'êtres humains ; dans le milieu, c'est une pointure.

Pendant 8 jours, Riccardo et moi l'avons surveillé. Patiemment, jusqu'à connaître les moindres de ses habitudes. L'homme de 54 ans a une routine réglée comme une horloge. Il se lève chaque jour à 5 heures pour aller faire son footing, mais jamais seul : deux gardes le suivent partout où il va. Son service de sécurité se relaye nuit et jour pour ne jamais le laisser seul. Ce qui a vraiment compliqué les choses pour nous.

Après sa course, il rentre chez lui pour profiter de sa femme et de ses deux petites filles, avant d'aller au travail. Il quitte sa résidence à Rome à 10 heures tapantes et ne rentre chez lui qu'à 17 heures. Il reste chez lui jusqu'à 22 heures avant de sortir pour aller dans l'un des clubs de la ville. Parfois avec sa femme, mais la plupart du temps, il y va seul pour rejoindre ses compagnons, des hommes riches et puissants comme lui, je suppose.

Pendant 8 jours, je me suis ennuyé à mourir, dans la voiture avec Riccardo. On surveillait l'homme, où qu'il aille à tour de rôle, chacun de nous ne dormant qu'après que l'autre se soit réveillé. Pour être honnête, le premier jour, je me suis endormi en même temps que Riccardo. C'était juste après la soirée à l'Olympe ; le démon est venu me chercher, et sans que je ne comprenne ce qui se passait, je me suis retrouvé dans un avion. J'ai bien vite regretté de m'être endormi durant mon tour de garde, car il m'a réveillé d'un coup de taser électrique. J'ai passé le reste de la journée à le maudire.

– Tu te moques de moi, pas vrai ? avait demandé le démon la nuit de notre deuxième jour de filature. Sa voix était parvenue comme dans un brouillard, chose assez normale compte tenu du fait que je m'étais endormi, fatigué d'attendre que Bellucci sorte.

On ne rentrait à l'hôtel que pour prendre une douche, changer de vêtements et changer de voiture. Ce dernier point était absolument nécessaire si nous ne voulions pas nous faire repérer par les gorilles de notre homme.

Le quatrième jour, nous avons légèrement changé de tactique. Plutôt que de nous concentrer sur Bellucci, nous avons décidé de suivre sa femme. J'ai été chargée de m'introduire dans l'un de ses lieux select que les femmes de la haute société romaine adorent. Malgré mon appréhension, y accéder a été un jeu d'enfant. Il fallait juste avoir du fric, ça, mon nouveau patron en avait, revendre, regarder les employés de haut et être snob. Plutôt facile.

Le temps d'une matinée, je m'étais faite passer pour une femme d'affaires française venue en Italie pour décompresser. Je ne me suis pas tout de suite jetée sur Gloria Bellucci, je ne voulais pas attirer les soupçons, mais j'ai réussi à me rapprocher d'une de ses amies qui, elle, m'a introduite dans le cercle très fermé des femmes du club. Je me suis ennuyée à mourir. Leurs sujets de conversation tournaient autour de l'argent, les nouvelles acquisitions et des derniers potins dans la ville. À les entendre parler, je pouvais en déduire qu'elles étaient vides, mais brosser un tableau parfait de sa vie est souvent un moyen de ne pas attirer la pitié des autres.