Chapitre 46: Les souvenirs enfermés dans la toile

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– Sortez-moi de là !

Mon cri revient à mes propres oreilles par le biais de plusieurs échos si terrifiants que je me recroqueville sur moi-même.

Depuis mon réveil, j'ai tellement hurlé que ma gorge est en feu, mais les minutes se sont transformées en heures et jamais personne ne s'est manifesté.

Je ne sais pas combien de temps s'est écoulé depuis que j'étais dans les vapes, je ne sais même pas si c'est le jour ou la nuit. La pièce où je suis retenu est plongée dans le noir le plus opaque, mes mains sont retenues au-dessus de ma tête, les liens sont tellement serrés que je ne sens plus mon sang circuler.

Je suis tellement angoissé par le silence et l'obscurité en ces lieux que je n'arrive pas à aligner deux pensées cohérentes ; au fond de moi, je suis persuadé que c'est Adrian Leblanc qui me retient. J'ai toujours su qu'un jour il finirait par me retrouver. En réalité, je l'espérais, car je veux lui faire payer à lui et à Jawad ce qu'ils ont fait à ma famille.

Sauf que dans mon fantasme morbide, ils sont attachés sur la roue de la torture installée dans la salle macabre de Riccardo.

Dans mon fantasme, je lui coupe la queue qui a servi à me violer et l'oblige à l'avaler. Dans mon maudit fantasme, je suis la chasseuse, je suis une lionne déterminée, une prédatrice, mais voilà, encore une fois, je suis l'agneau.

Riccardo serait tellement déçu, c'est un homme très occupé pourtant il a consacré du temps à mon entraînement, et tout ça pourquoi ?

Pour qu'encore une fois, je sois réduite au rôle de la pauvre fille sans défense.

Je mords très fort ma lèvre pour m'empêcher de pleurer, puis je recommence à hurler sans interruption, mes cris sont si forts que ma tête devient instantanément douloureuse et mes poumons se mettent à me brûler, mais je m'en moque, je continue encore et encore, jusqu'à ce qu'enfin j'entende du bruit.

Je regarde derrière moi, en alerte, quand ce qui semble être une trappe s'ouvre, apportant un faisceau de lumière. Une personne dévale des escaliers en bois. À en juger par sa silhouette, c'est une femme, elle porte une robe longue et une cagoule.

Claude ? Non, ce n'est pas elle, cette dernière est beaucoup plus grande.

– Qui es-tu ?

– Tu dois arrêter de hurler, il est facilement irritable.

Sa voix est définitivement trop douce pour être celle de Claude. Elle reste en haut des marches comme si elle avait peur de s'approcher, ce qui est complètement ridicule : avec mes membres entravés, je suis aussi redoutable qu'un vieillard aveugle.

– Qui est facilement irritable ? Suite à ma question, elle regarde prudemment par-dessus son épaule avant de faire un pas de plus tout en conservant une distance prudente.

– Arrête d'hurler, je t'en prie ! Elle réplique en appuyant sur chaque mot avant de disparaître. Elle referme la trappe, me plongeant à nouveau dans les limbes. La panique est à son paroxysme.

– Non, attends, putain, reviens !

Je recommence à hurler comme une hystérique en tirant sur mes liens, la douleur me vrille les poignets, mais c'est le cadet de mes soucis. Heureusement, la trappe s'ouvre à nouveau, mais mon soulagement est de courte durée quand je la vois dévaler les marches grinçantes, tenant un pistolet argenté.

– Putain, mets-la en veilleuse, il va encore se retourner contre moi s'il s'énerve ! Elle regarde en direction de la trappe comme si elle s'attendait à ce que quelqu'un débarque.

– Explique-moi ce qui se passe, sinon je vais continuer.

Je suis peut-être stupide de menacer une personne qui tient une arme, mais ça, ce n'est pas un scoop, je ne me suis jamais vantée d'être la tomate la plus mûre du potager.

La Pieuvre De L'ombre 1( Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant