La Pieuvre De L'ombre 1( Terminé)

Chapitre 23: Oh non, il est marié !

Au cours de ce mois, j'ai appris à connaître les différents types de monstres. Il y a les monstres qui cultivent leur visage en société et qui te tombent dessus sans aucune raison, juste parce qu'ils en ont le pouvoir et l'envie.

J'ai nommé Adrian Jr.

Il y a les monstres qui t'enferment quelque part et te font subir les pires atrocités parce que tu leur as pris quelque chose. Ces monstres-là ne te tuent pas ; ils jouent avec toi comme un chat avec une souris. Ils te frappent là où ça fait le plus mal et te regardent périr à petit feu.

J'ai nommé Adrian Leblanc.

Il y a des monstres pour qui tout est un jeu. Ils descendent des médecins innocents avec un sourire.

J'ai nommé Jawad.

Et puis il y a Riccardo. Le jour où j'ai accepté de travailler pour lui, j'ai sans le savoir glissé dans la tanière du pire des monstres. Cet homme est le diable en personne, il n'a aucune pitié et fait absolument tout son possible pour repousser mes limites, que ce soit physiques ou psychologiques. Nous nous entraînons trois heures par jour dans un bâtiment à l'extérieur de l'île appartenant à sa famille. Il y a une salle de boxe, qui fait aussi office de salle d'entraînement de Krav Maga et de karaté. Au premier étage, il y a une salle de sport avec des machines ultra-modernes. Puis, au sous-sol, il y a la pièce préférée de Riccardo : la salle d'armes de la Cosa Nostra. Une énorme pièce insonorisée qui fait aussi office de stand de tir.

Il me donne une tape à l'épaule, me faisant sursauter. La balle part toute seule, elle se loge dans le mur, manquant de peu la cible. Je fusille Riccardo du regard.

- Combien de fois t'ai-je demandé d'ouvrir les deux yeux et de détendre le doigt qui tient la gâchette ? La balle ne doit quitter le canon que quand tu l'as décidé. Recommence !

Je hoche la tête docilement. Quand il a ce ton-là, j'ai vite compris qu'il ne fallait jamais faire l'idiote.

Je me concentre sur Ricky, le mannequin à l'effigie du démon. Un cadeau de Cass pour m'aider à évacuer la frustration que me cause mon mentor. Au début, j'ai trouvé ça ridicule, mais je dois avouer que ma performance au tir s'est améliorée depuis que j'utilise Ricky comme cible. Parfois, il m'arrive de regretter qu'il ne soit qu'un objet en plastique, notamment après nos entraînements dans la salle de boxe. Il n'a aucun égard parce que je suis une fille, il y va fort, me poussant à encaisser coup après coup. S'entraîner avec Riccardo, c'est se jeter dans une fosse remplie de requins et espérer qu'ils ne te dévorent pas.

Je me mets en place, les deux yeux bien ouverts. Riccardo me donne une légère tape. Sans rien dire, je comprends son ordre. Je détends mon bras, prends une inspiration avant de tirer.

Mon projectile touche le mannequin en plein visage.

- Hmm, parfait, à ce rythme, il te faudra un nouveau Ricky.

Je souris ravie. S'il a été surpris de découvrir le mannequin, ça ne l'a pas vexé ; au contraire, il a souri en faisant un commentaire du style : "Il y a une chose que seul le Riccardo original peut avoir, 28 cm de chair, dur à ses heures perdues."

- Tiens, un cadeau. Le cadeau en question est un livre rouge, dont la couverture en cuir a vu de meilleurs jours.

- Il y a ici l'histoire des différentes familles mafieuses à travers le monde, de la Bratva à la Cosa Nostra, en passant par le cartel de Medellín. Je veux que tu lises ce livre, que tu mémorises chaque putain de symbole. J'ai pris le temps de surligner : les familles en rouge sont nos ennemis, celles en bleu sont nos alliés, et celles en vert sont également nos alliés, mais à prendre avec des pincettes.