Je me poste devant le miroir de la cabine en passant les mains sur le tissu de ma robe rouge à pois blancs.
J'applique une touche de gloss quand la porte de la chambre s'ouvre sur Riccardo. Il ferme le battant avant de s'y adosser.
Il extirpe un paquet de cigarettes de sa poche et s'allume une clope. Il me fixe en silence, me rendant nerveuse. Le démon durant tout le voyage m'a fait penser à un ballon rempli d'air jusqu'à saturation qui risque d'exploser d'une minute à l'autre. Aussi irrationnel que ça puisse paraître, j'aimerais qu'il explose, juste pour que je sache ce qu'il ressent. Mais non, il se contente de me lancer des regards vides, les poings serrés.
– Ça va ? Aucune réponse. Mes épaules s'affaissent. Ce type est une vraie énigme.
– Tu devrais vraiment ralentir avec ça.
Il ignore encore ma remarque sur son habitude d'enchaîner les clopes. Il porte un pantalon cargo et un pull dont la capuche est rabattue sur son crâne. Les mains dans les poches, il finit par questionner en faisant un signe du menton dans ma direction.
– Où est-ce que tu vas ? Je range mon gloss dans le sac contenant le reste de mon maquillage.
– Nous sommes au milieu de l'océan, je ne peux pas aller bien loin. Je descends juste rejoindre les autres.
J'essaie d'adopter un ton doux bien que moi aussi je sois à cran. Mais je refuse que les choses dégénèrent une fois de plus.
Il me détaille, ses yeux sombres s'attardent sur mes seins, ma taille, avant de descendre sur mes hanches, puis il remonte avec une lenteur poignante jusqu'à mon visage pour plonger son regard dans le mien.
– Dans cette tenue ? Pas question !
Je fronce les sourcils. Mais bordel, qu'est-ce qui lui prend ?
Ma robe a des manches longues et s'arrête aux genoux. Et même si ce n'était pas le cas, de quoi il se mêle ? Arya m'attend pour m'occuper du dîner et je n'ai ni le temps ni la patience de me concentrer sur les états d'âme de Riccardo. D'abord il m'ignore complètement durant ces deux derniers jours, et maintenant il pense avoir le droit de dire quoi que ce soit sur mes vêtements !
– Tu n'as pas ton mot à dire, Riccardo. J'enfile mes chaussures avant de me diriger vers la porte d'où il s'est écarté.
Il me retient par le coude. Sa prise n'est pas assez forte pour me faire mal, mais il y met assez de pression pour faire vibrer tout mon être.
– Reste là, Gayle.
Il y a sûrement quelque chose qui ne va pas chez moi, mais je ne supporte pas qu'il m'appelle comme ça. Enfin si, mais je préfère tout de même quand il me donne des surnoms.
Putain, donnez-moi une arme que je me foute une balle, je ne suis pas complète comme fille.
– Ne me touche pas, enfin, qu'est-ce qui te prend !
– Tu vas rejoindre Dante ? Pour regarder ce porno stupide ? Je suis choquée par ses mots, mais je ne le montre pas.
– Riccardo, tu es ridicule. C'est pour ça que tu es aussi infernal depuis deux jours ? Dante est juste un ami !
Mais bordel, pourquoi est-ce que je me justifie ? Ce n'est pas parce que nous nous sommes embrassés que je lui dois quoi que ce soit. Pas quand il passe son temps à souffler le chaud et le froid. Je ne sais jamais sur quel pied danser avec lui et ça m'épuise.
– Ton ami ? C'est pour ça que tu passes tout ton temps avec lui ?
Je ne passe pas mon temps avec Dante, mais les rares fois où j'étais en sa compagnie, Arya, en bonne semeuse de zizanie, s'est arrangée pour que Riccardo soit dans les parages. Je n'ai jamais été aussi pressée qu'un voyage se termine.
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La Pieuvre De L'ombre 1( Terminé)
RomanceIl y a deux choses que Riccardo Gaviera aime plus que tout au monde : lui-même et ôter la vie. Mais quand il se rend compte que Gayle est enfermée dans un manoir et torturée pour avoir tué son agresseur, il n'hésite pas une seconde à faire une entor...