Chapitre 57: Ta verité

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Après que mon père soit monté se coucher, je vérifie que la porte arrière est fermée avant de rejoindre ma chambre, la mort dans l'âme. Je passe au moins 30 minutes sous la douche, laissant le jet d'eau me marteler le corps.

J'enfile un short en coton et un débardeur avant de me laisser tomber sur le lit, contente de retrouver les draps doux, parfumés et le chuchoteur.

Il ne me reste plus que 20 pages avant la fin du tome un. C'est drôle, avant j'étais capable de finir un livre de 600 pages en 2 jours, mais maintenant j'ai de plus en plus de mal.

Je l'aurais terminé si Camille et Arya n'étaient pas venues, mais finalement, je ne regrette pas. J'ai toujours été une solitaire, parfois, pour être honnête, je repoussais ceux qui cherchaient à être proches de moi. Je me tourne sur le ventre, une révélation dans le livre me fait presque avaler de travers.

– Non, putain, c'est pas possible ! Mes yeux parcourent les mots au rythme des battements de mon cœur, j'ai l'impression de recevoir des claques à chaque paragraphe. Quand je tourne la dernière page, je me jette hors du lit pour aller chercher le tome deux en bas.

Je suis incapable de dormir sur cette fin.

C'est là que je remarque quelque chose qui était là depuis longtemps, mais que mon cerveau, happé par la lecture, a préféré occulter. L'odeur de nicotine !

Elle embaume l'air qui entoure la pièce. Je tourne la tête vers la fenêtre et, sans surprise, Riccardo est là, assis sur le rebord, ses jambes interminables flottant dans le vide.

– Qu'est-ce que tu fais là ? Il tire une bouffée de cigarette, faisant grandir la lueur orange avant de jeter le mégot.

– Tu m'attendais ! Quand il s'avance, je recule et bondis sur le côté pour ne pas me retrouver acculée au mur.

– Tu délires, tu es bien la dernière personne que j'attendrais.

– Ta fenêtre est ouverte aujourd'hui. Durant ces deux semaines, pas une seule fois tu ne l'as ouverte.

– Comment, tu, ne me dis pas...

J'écarquille les yeux, incapable de continuer, je ne suis même pas surprise d'apprendre qu'il surveillait ma maison.

Il est à présent près du lit, et moi, j'ai avancé jusqu'à la fenêtre. On n'arrête pas de se tourner autour.

– Il fait chaud aujourd'hui, mais ma fenêtre ouverte n'est en aucun cas une invitation. Je veux que tu partes.

Pourtant, je sens la honte et la culpabilité m'assaillir. Pendant ces deux semaines, j'ai espéré qu'il viendrait me voir. Je ne me comprends pas moi-même, je n'ai jamais été attachée à une personne au point de toujours la vouloir près de moi, peu importe le mal qu'elle pourrait me faire.

Notre dernière altercation me revient en mémoire, instinctivement, mes yeux commencent à parcourir son torse couvert d'un tee-shirt blanc, comme s'ils pouvaient voir à travers le tissu et distinguer la blessure.

J'ai regretté mon acte dès l'instant où la lame a traversé sa peau. Je ne sais même pas ce qui m'a pris. La colère ne justifie pas un tel excès de rage. Gênée sous la pression de ses yeux qui ne quittent pas mon visage, je me mordille la lèvre inférieure avant de briser le silence.

– Riccardo, tu m'as demandé de te laisser tranquille, j'ai respecté ton choix. Qu'est-ce que tu fais là ?

– J'étais sûr de moi, sûr de ce que je devais faire, pourtant hier, lors de ce dîner, quand je t'ai vue, toutes mes certitudes ont vacillé. Tu ne me regardais même pas...

La Pieuvre De L'ombre 1( Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant