— Journée ou soirée? je demande à la belle brune déprimée.
Elle se décide enfin à tourner son visage d'ange vers moi. Ses billes océans me scrutent une seconde sans comprendre.
— Qu'est ce qui a été merdique? La journée ou la soirée?
Un sourire en coin étire ses lèvres pulpeuses. Elle s'acharne tellement sur sa bouteille que je crains qu'elle ne commence à abîmer le verre.
— Les deux, finit elle par répondre d'une voix triste.
Elle termine sa bouteille et je hèle le barman.
— Je t'offre la suivante.
— Tu devrais plutôt aller voir tes brebis, elles auront tout ce qu'il faut pour te satisfaire.
Sa remarque m'amuse, parce qu'elle n'était pas agressive et aussi parce qu'elle m'a cerné en dix secondes alors que j'ai encore du mal à voir à qui j'ai à faire. Pourtant, c'est mon boulot de cerner les gens.
— Qu'est ce qui te fais croire que je suis un biker?, je rétorque tout de même.
— Tu transpires la Harley par tous les pores. Si tu crois passer incognito sous prétexte que tu as retiré ton Cut ...
— Un point pour la dépressive.
Elle ricane. Le barman arrive, je lui tends un billet et recommande deux bières. Ses sourcils se froncent.
— Je ne sors pas avec les bikers, me fait elle remarquer.
Cette fois c'est moi qui ricane.
— Qu'est ce qui te fait croire que je veux te baiser?
Ma question la fait rougir, elle accepte sa bière et me remercie d'un signe de tête. Mes yeux n'arrêtent pas de se poser sur elle comme un affamé, je me filerais des baffes. Après de longues minutes de silence, je finis par lâcher :
— Ok, tu avais raison. J'ai envie de te baiser, mais je me contenterais d'une bière.
Sur ces belles paroles, qui semblent l'amuser à ma grande surprise, je quitte le bar. Je viens ici de temps en temps pour changer des brebis du Demonic, le bar du MC. Sans Cut, et à bonne distance de notre bar, j'y trouve de la viande fraîche et cela m'aide à me vider la tête quand la journée a été aussi merdique. Ce soir, je rentre frustré et hanté par un visage d'ange.
Je me gare devant le Demonic et rejoints mes frères à l'intérieur. L'ambiance est chaude et plusieurs brebis sont déjà dénudées ou empalées sur mes frères d'armes. Ce soir, c'est Gaby qui est derrière le bar, elle me sourit comme toujours en me voyant arriver.
— Comment tu vas mon gamin?
Nous sommes tous ces "gamins", si au début ça me gonflait maintenant ça m'amuse. Gaby est une femme d'une cinquantaine d'année et nous sommes un peu les enfants qu'elle n'a jamais eue, ou une connerie du genre. C'est en tout cas ce qu'elle prétend après quelques verres. Pour réponse, je hausse les épaules. Elle repose la bière qu'elle m'avait sorti et me sert un whisky. Elle sait toujours ce qu'il me faut. Je la remercie d'un coup de tête avant de vider mon verre d'une traite.
Le problème, c'est que j'ai bien peur que l'alcool ne m'aide pas à m'enlever cette déesse de la tête. Pourtant je vais essayer, longtemps et avec beaucoup d'autres verres, en vain.
Le lendemain matin, ma tête tambourine à un rythme infernal. La première chose à laquelle je pense c'est elle. Est ce que je la reverrai? Si je retourne à Atlanta ce soir, ai je une chance de la voir dans ce même bar? Un vrai psychopathe de bon matin.
On vient cogner contre ma porte.
— Quoi? je braille.
Billy entre sans prévenir. Mon président se croit chez lui quand ça l'arrange.
— Ca t'arrive de regarder ton téléphone? Messe dans 10 minutes, bouge toi le cul, tu sens le poivrot!
Et merde! Je regarde mon téléphone qui n'a plus de batterie et jure en filant sous la douche. Je rejoins le reste du club en un temps record et bloque en voyant les prospects présent dans la salle. Billy s'impatiente et me fait signe de m'asseoir. Depuis quand les prospects participent aux messes?! Tous les membres sont là et je n'aime pas ça. Au moment où mon Président ouvre la bouche, le silence se fait.
— Bien, maintenant que notre Sergent nous fait l'honneur de sa présence, je vais pouvoir vous dire pourquoi je tenais à tous vous réunir aujourd'hui. Ma fille revient au pays mercredi prochain. Je veux qu'on organise une fête pour son arrivée, Bob tu t'en occupes avec les prospects?
— Ouep, Prés.
C'est quoi cette histoire? Depuis quand mon Président à une fille? De plus en plus nerveux, je joue avec le couteau qui me suis partout. Je plie et déplie la lame inlassablement.
— Si je voulais que vous soyez tous là, c'était surtout pour vous dire que ... personne ne l'approche, personne ne la touche, personne ne la baise. On ne la regarde pas, on n'y pense pas on en rêve même pas. J'ai été clair?
Un "Oui, Prés." collectif raisonne en réponse. Billy nous congédie, la salle se vide petit à petit mais je ne bouge pas. Une fois seuls, il me regarde un long moment, ma lame entre mes doigts.
— Tu dois te poser des questions.
— Depuis quand tu as un mioche?
— Depuis 24 ans, ricane t il. Ecoute, tu es arrivé juste après son départ. Lorsqu'elle a quitté la ville, j'ai ordonné qu'on ne parle plus jamais d'elle, cela incluait également de ne pas l'évoquer devant les nouveaux membres.
— Tu n'as pas confiance en moi?
Qu'il m'ait caché l'existence de sa fille durant mon année de prospect, je peux comprendre. Me le cacher pendant 8 ans, j'ai du mal.
— Quand il s'agit de Cataleya, je n'ai confiance en absolument personne. Je ne m'excuserai pas de t'avoir mis à l'écart de ce pans de ma vie. Si elle n'avait pas décidé de revenir, je ne t'aurais jamais parlé d'elle. Tu es le meilleur Sergent d'Armes que j'ai eue et j'ai toute confiance en toi King.
— Mais?
Je suis sur qu'il y a un mais...
— Tu ne l'approches pas ou je te bute.
Sur cette menace plus qu'explicite, il quitte la salle. Qu'est ce qu'il croit?! Il faudrait être sacrément stupide pour vouloir baiser la fille de son Président!
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Devil's Fire - Tome 1 TYLER
RomanceLorsque Cataleya décide de faire face à son ancienne vie, elle s'est promis de ne plus jamais approcher un biker. Plus jamais et pourtant... il ne lui faudra que quelques heures pour rencontrer celui qui défiera ses résolutions, son Président et tou...