Chapitre 27 - Tyler

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La voir tous les jours est presque aussi douloureux que d'éviter de la regarder. Je ne loupe aucun de ces gestes, aucun de ces mots mais je reste à distance. Dans l'ombre, elle ne sait pas que c'est moi qui veille sur elle, Billy m'a promis de ne rien dire. Elle pense être libérée de ses chaînes car libérée de mes bras mais c'est faux. La tension n'a jamais été aussi lourde au sein du club. Brady est à cran, il a recommencé à terroriser les commerces de la ville, il veut nous faire voir rouge, mais moi je ne vois que le noir des cendres de son corps brûlants dans les flammes des abîmes. Je continue à superviser ses déplacements à l'orphelinat, ses journées sont d'ailleurs de plus en plus longues, elle cherche à tout prix à m'éviter. 

Je suis assis, un verre à la main, écoutant sans vraiment y prêter attention les jérémiades de Cooper et Bob. J'ai conscience que des brebis dansent près de moi, trop près de moi, mais je ne peux pas les dégager sans éveiller les soupçons. Qu'elles me tournent autour si ça leur chante, elles n'obtiendront rien de moi. Je sais qu'elle m'observe, je le sens. Comme à chaque fois qu'elle pose ses yeux sur moi j'ai l'impression que ses iris tracent un sillon brûlant sur mon épiderme. Putain qu'elle me manque! 

Le temps passant, je pensais sincèrement que je m'habituerai au manque d'elle, mais c'est de pire en pire, je ne dors que quelques heures par jour, je n'interagis avec personne, je suis éteins, mort de l'intérieur. Mais j'ai encore une mission à effectuer pour m'assurer qu'elle vivra une belle et longue vie, heureuse, loin de moi et des merdes que je trimballe. Il devient urgent de trouver Brady, parce que je ne vais pas tenir indéfiniment si proche d'elle sans pouvoir la posséder.

Et comme une merde n'arrive jamais seule, elle a décidé qu'aujourd'hui serait le préambule à ma mise à mort. Les préliminaires d'un abattage dans les règles. Elle s'assure que je brûle à petit feu avant de fondre dans les tréfonds de la Terre. Un client du bar est tourné vers elle, elle rit à gorge déployée à toutes les conneries qu'il lui raconte. Elle pose sa main sur son bras, il frôle sa cuisse, il paie une tournée puis deux. Elle sourit, trop, beaucoup trop. Ses yeux pétillent, elle se rapproche de lui et je la regarde impuissant. 

— Mec, t'as merdé, tu n'as rien à dire.

La voix de Cooper me ramène à la réalité. Je ne m'en étais pas rendu compte, mais je suis debout, les poings et les mâchoires serrés. Il a raison, j'ai tout fait pour qu'elle en arrive là sauf que je n'avais pas prévu qu'elle le fasse devant moi. Je me rassieds et détourne le regard, je ne veux pas voir la suite. 

— Tu devrais sortir, me conseille Cooper.

— Pour lui donner le champ libre? je ricane amer.

— Elle n'a pas besoin de ton aval pour prendre du bon temps quand toi tu l'as fait alors que tu étais avec elle, me fait il remarquer. 

— Je n'ai rien fait, je souffle.

Bob et les brebis sont partis, il n'y a plus que nous d'eux à table. Il est temps que j'avoue à mon frère que je ne suis pas la merde qu'il pense.

— Comment ça?

Je lui raconte ce qu'il s'est réellement passé, ses yeux s'agrandissent et la stupeur se peint sur son visage.

— Mais tu es vraiment trop con, tu le sais ça?

— Hmm

— Et Billy cautionne ça?

Je hausse les épaules, je ne tourne plus autour de sa précieuse fille, j'imagine que c'est tout bénéf pour lui. Il aura un gendre parfaitement respectable. Bien sous tout rapport. Un mec avec un travail clean, sans traumatisme pourri, sans démon près à l'engloutir à chaque seconde, capable de la baiser sans devoir se concentrer pour jouir, capable de lui faire des gosses, de l'épouser. Putain, j'ai envie de gerber.

— Vous êtes vraiment tordu. Mais heureusement, grâce à toi, j'ai rencontré la femme de ma vie.

Je hausse un sourcil sans comprendre.

— Comme je me doute que tu écoutes absolument tout ce que je raconte depuis notre retour de Londres, je grimace ce qui le fait rire. Tu as compris que j'étais fou de sa Kris chérie. Cette nana est juste ... wahou. Je crois que je vais en faire ma régulière.

— Elle est au courant?

— Que j'existe? Oui. Le reste .... elle s'en rendra compte quand j'aurai mis mon Cut sur ses épaules, t'inquiètes, tu me connais, je gère.

— Hmm.

Je me marre, Cooper est le mec le plus lourd que j'ai jamais vu mais aussi le mec le plus franc, droit et fidèle. Il est aussi le plus gros dragueur que la Terre ait porté! Elle succombera forcément. Du mouvement dans mon champ de vision attire mon regard. Cataleya s'est levée, le mec pose sa main sur sa taille avant de la pousser vers l'extérieur. Elle semble heureuse et moi je prie pour qu'il pue de la gueule sinon je me tire une balle dans la tête.

Il est près de 5 heures du matin, toujours assis à la même place, j'attends qu'elle rentre. Le pire? C'est que je ne veux pas lui parler, ne veux pas la voir, encore moins voir ce sourire satisfait post-baise sur son visage. Pourtant je n'arrive pas à bouger mon cul d'ici. J'ai besoin de savoir. Est ce qu'elle a pu passer à autre chose, en quoi? Un dizaines de jours? Je veux crever, en passant cette porte, soit elle m'achève de ces propres mains soit je fous tout en l'air. 

Devil's Fire - Tome 1 TYLEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant