Deux jours plus tard, je suis enfin autorisé à sortir. Les enfants n'ont pas voulu me quitter d'une semelle. C'est donc dans mon petit studio qu'on se retrouve tous les trois ce soir. Lola se tartine de sauce tomate avec sa part de pizza alors que Théo grimace en mordant dans un poivron. Ils ne semblent pas plus perturbé que ça par ce qu'il s'est passé, enfin, ce n'est pas moi l'expert en psycho. Cataleya est toujours dans le coma, cela n'inquiète pas les médecins qui pensent que c'est normal. Je n'ai pas pu aller la voir très longtemps lorsque j'étais hospitalisé, j'attends demain avec impatience. Les enfants ont accepté de retourner à l'école à condition qu'ils restent avec moi le soir. Un chantage en bon et du forme! Bien sur, je me suis fait avoir. Pour la pizza aussi, d'ailleurs, mais bref.
Après les avoir débarbouillé et mis en pyjamas, je les laisse s'installer dans le lit. Lola coince PanPan dans le creux de son bras ce qui n'est pas pour lui déplaire. Ils me laissent une place juste au milieu pour pouvoir me coller comme des sangsues. La vérité? Je ne peux plus me passer d'eux. Il faudra pourtant bien qu'ils retournent à l'orphelinat.
— Tu lis une histoire s'il te plaît?
— Dors.
— S'il te plaît?
— Dors.
— Juste une petite.
Je soupire.
— Une demi?
— Deux pages?
— Vous me soulez!
Lola pouffe alors que Théo se redresse près à m'écouter. Quel merde les gosses! C'est pas pour rien que je ne les aime pas! Enfin sauf eux. Et puis merde!
Me voilà lancé dans le récit de Raiponce aux cheveux magiques, n'importe quoi! Tous les chirurgiens plastiques feraient faillite si elle existait celle là! Les ronflements de Lola se font entendre à la moitié de l'histoire, mais Théo continue d'écouter attentivement. Lorsque j'ai finit, je perçois un changement chez lui. Il me regarde étrangement.
— Qu'est ce qu'il y a ?
— Tu es venu. Là bas, tu es venu nous sauver?
— Tu veux la vérité?
Il hoche la tête.
— C'est Cataleya que j'étais venu sauver. Vous, je ne savais pas que vous étiez là.
Loin de moi l'idée de me faire passer pour un héros que je ne suis pas. C'est vrai, je ne savais pas qu'ils étaient là, sinon j'aurais agit plus tôt sans attendre mes frères.
— Mais dans la voiture? Tu nous as sauvé?
— Je vous ai aidé à sortir, oui, je concède.
— Pourquoi?
Eh ben, quelle question!
— Hmm ... qu'est ce qui te tracasses vraiment, dis moi?
— Cataleya a dit qu'elle m'aimait.
— Oui ... et?
— Rien.
Le voilà qu'il se referme comme une huître. Il se glisse sous la couette et ferme les yeux. Je passe mon bras derrière sa tête, l'attire contre moi et dépose un baiser sur son front.
— Moi aussi je vous aime, petit bonhomme, je lui souffle.
Une larme coule sur sa joue et il s'appuie un peu plus fort contre moi. C'était donc ça le problème. L'incertitude d'être aimé.
Comment je vais faire maintenant? Je ne peux pas leur faire espérer quoique ce soit avec une vie aussi merdique, ils méritent mieux. Il faudra que j'ai une discussion avec eux, dès demain. Hors de question qu'ils espèrent en vain que je remplace leur dégénéré de père. Je les aime c'est certain mais je ne suis pas apte à m'occuper d'eux de la sorte. Ils ont besoin de calme, de sérénité. Tout ce que je n'ai pas.
Je passe les deux jours suivants auprès de Cataleya. Les soirées se ressemblent et une dangereuse routine s'installe avec les enfants.
J'entre dans sa chambre. 6ème jour de coma. Je m'installe à ses côtés et reste silencieux, comme toujours. Billy est là lui aussi, il parle, beaucoup. Je la regarde, totalement impuissant. La voir comme ça me broie de l'intérieur.
— Je ne reste pas longtemps aujourd'hui. Je reviendrai te faire un coucou ce soir. Bonne journée ma puce. A plus tard King.
Il embrasse Cataleya et sort. J'aimerais prendre sa main mais est ce qu'elle en a envie? J'aimerais lui parler mais est ce qu'elle en a envie? Je t'aime Ty. Cette phrase je ne l'ai pas oubliée. Je n'ai pas non plus oublié dans quelles circonstances elle l'a prononcé. Elle pensait mourir! Et puis, ces derniers sourires qu'elle m'a offert me reviennent à leur tour puis notre dernier baiser. Elle voulait tout ça. Je soupire et finis par céder. Sa main inerte dans la mienne, j'ai du mal à me contenir. Je décide de tous lui raconter, tous ce que je lui tais depuis des semaines. Mes décisions, mes sentiments.
— Putain, je vais crever si tu ne te réveilles pas Queenie. J'ai besoin de toi. Je sais que je t'ai fait souffrir. Le pire dans tout ça, c'est que c'était volontaire, mais je ne savais pas comment t'aimer et te sauver en même temps. C'était impossible. J'ai cru ... j'ai cru que te faire souffrir, t'éloigner de moi changerait la donne, que ça te sauverait. Et je préfère crever que de vivre dans un monde où tu n'existes pas Queenie. Je sais que tu as eue peur aussi là bas. Tu as cru que je t'abandonnais, une seconde fois, que je les laissais te faire du mal, que je m'en moquais. Mais j'ai failli devenir fou à rester immobile, j'avais besoin de gagner du temps, j'avais besoin que tu te battes pour toi, pour nous, pour gagner du temps, juste du temps. Depuis le début, tout n'est que question de temps. Pas assez de temps ensemble, pas assez de temps dans cette maudite cave, pas assez de temps sous l'eau. Je t'aime Queenie. Reviens, s'il te plaît, je t'aime, tu m'entends?
Je pleure comme un putain de bébé mais je n'en n'ai plus rien à foutre. Je crève d'être loin d'elle. Je crève de la voir là immobile. Je crève de ne plus la voir sourire, l'entendre rire.
— Vivre ou mourir?
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Devil's Fire - Tome 1 TYLER
RomanceLorsque Cataleya décide de faire face à son ancienne vie, elle s'est promis de ne plus jamais approcher un biker. Plus jamais et pourtant... il ne lui faudra que quelques heures pour rencontrer celui qui défiera ses résolutions, son Président et tou...