Chapitre 18 - Cataleya

2.4K 200 4
                                    

— Je t'avais apporté des chocolats, sans noisette! Mais ils ont tout mangé, me confie Ty avec une moue adorable. 

— C'est pas vrai, s'indigne Théo. On a mangé que la moitié, c'est toi qui a mangé l'autre. 

Tyler grimace avant d'éclater de rire en haussant les épaules. L'heure du dîner approchant, Emily vient récupérer Théo et Lola. Même s'il joue les gros dur, je vois bien qu'il a du mal à se détacher de la petite fille. 

— Je t'emmène dîner? me demande t il avant d'être percuté par un Théo qui lui serre les jambes. 

Mal à l'aise par cette marque d'affection, Tyler lui frotte maladroitement le dos, tandis que Lola s'agrippe à mes jambes. Je lui souris et ses yeux s'illuminent.

— T'aime .. bien.

Ils repartent main dans la main et je pleure, encore. Ces enfants me touchent bien plus qu'ils ne le devraient. Il faut que j'arrive à mettre de la distance, sinon je ne vais pas tenir longtemps. Je suis Tyler avec ma voiture, jusqu'à un restaurant au centre ville. Le biker à la veste de cuir détonne avec l'ambiance chic du restaurant. Les serveuses semblent apeurées et cela l'amuse beaucoup. Le barman se tasse derrière son bar et les clients essaient de se faire le plus petits possible sur notre passage. 

— Ca t'amuse de les terroriser, hein? 

—  Eux oui ... toi beaucoup moins.

Ses mâchoires se crispent alors qu'on nous installe à une table à l'écart. Ses mains sont couvertes de plaies au niveau des jointures, il ne les avait pas quand il est rentré ce matin. Je caresse ses plaies ce qui le fait frémir.

— Tout va bien, je lui assure.

— Enfant ou mariage?

— Enfant, j'imagine. Mais pas naturel. J'aimerais adopter, je lui explique en voyant son incompréhension.

— Pourquoi?

— Mon père n'est pas mon père biologique. 

Il semble surpris par mon aveux.

— Ma mère était enceinte de quelques semaines quand ils se sont rencontrés. Ca été le coup de foudre, comme dans les livres. Il m'a élevé comme si j'étais sa fille, j'ai même mis des années à les croire tellement je trouvais absurde qu'il m'aime autant sans pour autant être de son sang. Mais j'imagine que l'une des premières choses que le MC vous apprends, c'est que la famille ce n'est pas forcément partager le même sang, c'est avant tout vouer un amour inconditionnel et une confiance absolue en l'autre. 

— C'est pour ça que tu travailles dans un orphelinat?

— Non, je voulais aider les enfants qui en avaient le plus besoin. Mais quand je vois ce que Théo et Lola ont vécu avant d'arriver là, je comprends qu'il n'y a pas besoin d'être orphelin pour être traumatisé ou malheureux. Je ne sais pas si j'arriverai à travailler là bas sur le long terme.

— Pourquoi? 

Je hausse les épaules, prends le temps de peser mes mots avant de lui répondre.

— J'ai dû mal à garder une distance professionnelle avec certains enfants. Et j'ai peur que cela ne soit bénéfique ni pour eux ni pour moi. 

— Peut être qu'il y a autre chose avec ces enfants en particuliers...

— Comme quoi? 

Il hausse les épaules mais ne répond pas. Le serveur nous interrompt pour prendre nos commandes, j'en profite pour enchaîner:

— Partir ou rester?

— Je ne partirai plus Queenie. Ca n'a servi à rien. 

— Pourquoi l'avoir fait alors?

— Parce que j'avais besoin de réfléchir. J'ai cru que m'éloigner de toi était la meilleure façon de trouver les réponses à mes questions.

— Ca n'a pas été le cas?

— Non. J'ai encore plus de questions qu'en partant, rigole t il.

Ses doigts s'entrelacent aux miens. Il regarde nos mains jointent avec une attention particulière. J'ai un millier de questions à lui poser, je ne sais pas s'il est prêt à y répondre et je ne peux pas lui en vouloir, je ne me suis pas livrée non plus sur mon passé. 

— D'où est ce que tu viens?

Ma question est vague mais j'espère qu'ainsi il ne se braquera pas et me livrera ce qu'il est prêt à me donner. Il inspire avant de souffler bruyamment, ses yeux toujours fixés sur nos mains.

— J'ai grandit dans cette orphelinat, jusqu'à mes 17 ans.

Alors cela explique sa réaction au bord du lac lorsque j'ai évoqué mon lieu de travail. J'attends qu'il continue mais il se referme comme une huître. Son téléphone vibre, il décroche :

— Oui? ... Hmm, maintenant? ... Oui, elle est avec moi... Ok, on rentre.... Pas de problème, à tout de suite. 

 Sans explication il fait signe au serveur et demande à nous emballer nos plats avant de se lever.

— On doit rentrer.

— Qu'est ce qui se passe?

— Ton père organise une messe en urgence, je n'en sais pas plus. Je te suis.

On reprend la route, Tyler me colle au train ce qui m'angoisse encore plus. Une fois devant le bar du club, il attrape ma main avant de grimper les marches jusqu'à l'entrée. Sans jamais me lâcher, il traverse le bar entier sous les regards curieux de ses frères et des brebis. 

— Je te rejoints plus tard, me souffle t il avant de déposer un baiser sur mon front avec tendresse.

— Pas la peine intervient mon père. Viens avec nous ma puce.

Ca je n'aime pas, pas du tout. Je n'ai jamais assisté à aucune messe jusqu'à ce jour. Mon cœur s'emballe, frappant mes tempes avec fureur. Lorsque je pénètre dans la salle, tous les regards convergent vers nous. Tous me saluent d'un hochement de tête, ce que je déteste c'est ce silence pesant qu'ils maintiennent et cette mine désolée qu'ils arborent tous sans exception. La main de Tyler se resserre sur la mienne à m'en faire mal, trahissant son malaise aussi. 

— Si tu pouvais rendre sa main à ma fille et venir t'asseoir Sergent, tonne la voix de mon père qui préside l'assemblée.

Tyler me lâche à regret avant de prendre place à la gauche de mon père, face au VP. Mon père m'invite à m'asseoir à ces côtés où une chaise m'attend, entre lui et Tyler.  


Devil's Fire - Tome 1 TYLEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant