Chapitre 3 - Cataleya

2.8K 221 7
                                    

A l'image d'hier, j'ai passé ma journée à flâner en ville à reprendre peu à peu mes marques. Bien sur, je devrai faire de même à Lake Valley, mais je reste persuadée que ma décision était la meilleure. Retrouver mes habitudes américaines après 8 ans en Angleterre était important pour moi afin que je puisse me concentrer sur l'essentiel une fois à Lake Valley. 

Ce soir, j'ai décidé de retourner au bar où j'ai rencontré le biker. Bizarrement, j'étais déçue qu'il parte si vite, sa compagnie était ... agréable? Oui, c'est ça je crois. Assise à une table au fond, j'ai une vue imprenable sur la porte d'entrée. Cette réflexion me donne l'impression d'être une psychopathe, c'est pathétique. 

Voyant l'heure tourner, je décide de partir lorsqu'il entre enfin. Le magnétisme et l'aura dangereuse qui émanent de lui m'étouffent en quelques secondes. Ses yeux balaient la salle et un sourire carnassier illumine son visage lorsqu'il m'aperçoit. Il me rejoint en quelques enjambés et s'installe sur la chaise face à moi. Il fait signe au barman qui lui apporte rapidement une bière. 

— Journée ou soirée? demande t il brusquement.

— Chez moi on commence par Bonjour, mais ... journée.

Puisque tu n'étais pas là. Je sens mes joues chauffées à cette aveu silencieux. N'importe quoi, j'ai l'impression d'être une ado face à son premier crush, pathétique je vous dis! Il s'amuse de ma réaction. Je trie le mélange de noix sur la table et grignote une amande. 

— Journée ou soirée? je finis par lui demander alors qu'il continue à me regarder comme si j'étais une œuvre d'art dont il n'arrive pas à comprendre le sens. 

— Journée, j'imagine. 

— Qu'est ce que tu préfères? Thé ou café?

— J'ai une gueule à boire du thé?

Je pouffe de rire en l'imaginant avec un tasse de thé entre ses mains caleuses, le petit doigt en l'air. Il prend une noisette que j'ai mise de côté et me la jette au visage. Elle atterrit sur mon front avant de s'échouer entre nos bouteilles.

 — Mer ou montagne? me demande t il.

— Montagne, je réponds sans hésiter en pensant à ma ville natale que j'ai de plus en plus hâte de retrouver. Bière ou whisky?

— T'as un problème avec la boisson! Whisky.

— Evidemment, biker.

— Quoi? Tous les bikers ne boivent pas de whisky, me fait il remarquer un sourcil levé.

— Si vous pouviez boire l'essence de votre bécane vous le feriez. 

Il éclate de rire et ce son me percute de plein fouet. Je ne sais pas qui il est, quel statut il occupe ni à quel club il est fidèle, mais son sourire me touche, son rire me transperce.

— Moto ou vélo? 

— Ca dépend, qui conduit? je demande.

— Miss dépressive roule à moto?

— Va savoir...  

— Laisse ces noisettes tranquille, m'ordonne t il.

— Sinon quoi? J'aime pas les noisettes, enfin je n'aimais pas, je rectifie en croisant ses yeux de la même couleur. 

— Tu joues un jeu dangereux, susurre t il.

— Tu ne me baiseras pas Biker. Je relève du fantasme. Et les fantasmes sont faits pour le rester. 

— Tu as une haute opinion de toi même, fait il remarquer.

— Non, je connais juste mes valeurs. 

— Tes valeurs?

— Pas de sexe avant le mariage, pas de méchant biker à présenter à Papa, tout ça tout ça.

Comprenant que je le taquine, il me jette un regard noir auquel je répond avec un clin d'œil. 

— Robe ou pantalon?

— J'allais te poser la même question, c'est fou. Hmmm... ça dépend. Robe pour que tu me baises et pantalon pour grimper sur ton Harley. 

Sa pomme d'Adam tressaute et je souris en croquant dans une amande.

— Ca, ça n'arrivera pas, murmure t il.

— Tu vois, tu as tout compris. Je ne chevauche pas ton engin, tu ne me chevauches pas. Fantasme, fantasme, je fanfaronne.

— Tu es diabolique.

— Mariage ou bébé?

— Plutôt crever.

Ca je l'aurais parié. Tellement prévisible.

— Lame ou balle?

— Tout dépend où elle est placée.

— Le cœur, toujours viser le cœur. 

—  Lame si c'est moi qui l'utilise. Balle si je la prends.

— Un sergent d'armes? Wahou, j'ai droit à la crème de la crème. 

Ses yeux se plissent et me sondent avec tellement d'intensité que je n'arrive pas à soutenir son regard. 

— De passage ou permanente? demande t il.

— De passage. 

— Ton hôtel?

— Même pas dans tes rêves les plus fous.

Je me lève et le plante là. Même si j'adore notre petit jeu, je ne compte pas coucher avec lui et encore moi dans MA chambre d'hôtel. Je ne m'approcherai plus jamais d'un biker, je me le suis promis. C'est surement pour ça que tu as passé la soirée à l'attendre dans ce bar. Je soupire, excédée par ma propre bêtise. A peine arrivée ici que je gravite déjà autour de mec en cuir. Enfin pour ma défense, il n'en porte pas quand il vient ici. 

Le lendemain, je résiste. Son visage dur, sa mâchoire carrée, son nez prononcé et son aura qui hurle danger à des kilomètres m'ont obsédé toute la sainte journée. Pourtant, ce soir, je résiste. Je ne retourne pas au bar. La petite voix dans ma tête se demande s'il viendra ce soir mais pour mon bien, je dois rester loin de lui. 

L'hôtel possède une salle de sport. A cette heure tardive, elle est vide, j'en profite pour me défouler sur un sac de frappe. J'enchaîne les coups jusqu'à ne plus sentir mes bras. L'effort et la concentration me détourne un peu des yeux noisettes qui me hantent. Je ne m'arrête qu'une fois mes muscles endoloris et mon corps trempé. J'attrape ma bouteille d'eau, après en avoir bu la moitié, je vide le reste sur ma tête. Lorsque j'ouvre les yeux je découvre qu'on m'observe et me fige.


Devil's Fire - Tome 1 TYLEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant