Chapitre 30 - Cataleya

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Le soir même je suis venue bordée Théo. Le petit garçon tenait très fort contre son cœur la veilleuse tortue que Tyler lui a offert. Elle émet des bruits de vagues et de mouettes. Je ne sais pas ce qui l'apaise réellement dans tout cela, la musique, le fait que Tyler le lui ai offert ou le simple fait qu'il soit réapparu dans sa vie. Il n'empêche que grâce au biker, Théo s'ouvre, doucement mais je sais enfin ce qu'il a subit. Tyler avait malheureusement raison. A mon grand soulagement, Lola n'a pas été touchée comme lui. Maintenant, un long chemin de thérapie de reconstruction commence pour lui, mais on y arrivera, j'y veillerai.

Les jours s'enchaînent, Tyler continue à m'ignorer. Je regrette de ne pas l'avoir laissé parler mais à quoi bon? Qu'il s'excuse de m'avoir tromper alors que j'étais dans l'appartement juste au dessus, quelques minutes avant que l'on se retrouve? Aucun intérêt, je ne le lui pardonnerai jamais. Autant qu'on avance tous les deux. Si, pour lui, cela consiste à sauter toutes les brebis qui se présentent à lui, grand bien lui fasse. 

Aujourd'hui, les enfants visitent le zoo. Claudia m'a demandé si je pouvais les accompagner, même si cela ne rentre pas vraiment dans mes attributions, j'ai évidement accepté avec plaisir. Nous déambulons dans les allées et je me délecte de leurs grands yeux émerveillés. Lola ne me lâche pas et Théo apprend doucement à lui laisser de l'air.

— RRRRR, grogne la petite blonde.

— Oui, c'est bien. Comment il s'appelle?

— Euh ... ligopard, tente t elle en fronçant son petit front, toute concentrée.

J'éclate de rire, drôle d'espèce.

— Léopard, ma puce.

— Lé - o - pard.

— Voilà, super, tu es trop forte.

— Peu faire pipi? demande t elle en sautillant sur place.

Je préviens Claudia et m'éloigne avec Théo qui a bizarrement aussi une envie pressante, on ne peut pas trop lui en demander non plus. J'attends sagement qu'ils aient finit quand on nous tombe dessus à la sortie des toilettes. Tout se passe très vite, j'entends un cri étouffé en provenance de Lola, des coups donnés avec vigueur par Théo, qui s'entraîne quotidiennement avec Tyler, puis une douleur vive derrière ma tête et le trou noir. 

On secoue mon bras, ma joue, ma cuisse. J'ai mal à la tête, un nuage épais m'englobe et j'ai du mal à en sortir. 

— Réveille toi.

— S'il te plait, allez.

 Leurs petites voix désespérées me font ouvrir les yeux brusquement. Une odeur d'humidité et de moisissures me font froncer le nez. Théo et Lola se penchent au dessus de ma tête. Leurs yeux sont rougis par les larmes qui ne cessent de couler. Je me redresse avec difficulté et retiens une nausée en voyant la pièce dans laquelle nous sommes. Des couvertures aux couleurs et tâches douteuses sont posées à même le sol en terre battues. Deux petites fenêtres rectangulaires  laissent entrer un peu de lumière. Malheureusement elles ne nous aideront pas à nous échapper.

— Vous allez bien? Ils vous ont fait du mal?

Ils secouent la tête tous les deux et je lâche un soupir de soulagement. Un bruit de clé se fait entendre et je pousse les enfants dans mon dos.

— Tiens, tiens, tiens, on est réveillée?

Une homme d'une cinquantaine d'année au ventre bedonnant se tient devant nous. Sa voix me fait frissonner et son odeur nauséabonde met mon estomac à mal, un mélange de sueur, de tabac et d'alcool. 

— Et si on faisait une petite vidéo pour ton cher et tendre hein? dit il d'un rire gras.

Il sort son téléphone et lance une vidéo.

— Allez, on dit bonjour à son chéri. Un petit sourire à Papa. Fais pas cette tête ma jolie, je vais bien m'occuper de toi et mon pote aussi. On va s'assurer que tu prennes un maximum de plaisir et après on s'occupera des gamins.

Ma tête tourne, mon cœur s'emballe et mon estomac se contracte. Je vomis pendant ce qui me semble une éternité alors que je l'entends encore rire. Les enfants sont prostrés dans mon dos et n'ose ni bouger ni parler, ce qui est sans doute le mieux pour l'instant. Le pervers nous abandonne et referme à clé. Je vérifie mes poches mais bien sûr je n'y trouve pas mon téléphone. Mon Dieu, pourvu qu'un Devil's Fire nous ait vu. Je prie de toutes mes forces. Je peine à ne pas laisser la panique m'envahir mais les enfants me regardent et attendent de moi que je sois forte, pour eux.

Le temps passe, je somnole contre le mur, les enfants contre moi. Ils se sont endormis il y a un moment déjà. Ils n'ont posé aucune question, comme s'ils savaient pourquoi ils étaient là, ou comme s'ils avaient déjà vécu tout ça et que ça n'avait finalement rien d'extraordinaire. Je suis réveillée en sursaut par un bruit métallique. 

Il fait nuit, la porte s'ouvre et l'homme de tout à l'heure s'approche de moi. Je me relève pour m'éloigner des enfants, je refuse qu'il les approche. Il ricane avant de serrer mon bras avec force, m'arrachant un cri de douleur. Il me pousse à l'extérieur et me balance au sol avec violence. Mes genoux heurtent le béton et m'écorche la peau. Un paquet informe se tient à mes côtés. Le gémissement qui s'en échappe me fait comprendre que c'est un homme. Mes yeux mettent quelques minutes à se faire à l'obscurité mais quand je devine enfin les traits de son visage, je laisse échappé un hoquet d'horreur. Tyler est totalement défiguré, des plaies barrent son visage en sang, des hématomes apparaissant un peu partout.

— Voilà ta belle. Je voulais t'envoyer un souvenir de nos échanges mais tu es venu comme l'imbécile que tu es alors autant que tu en profites en direct. 

Tyler est semi conscient, aucun son ne sort de sa bouche seulement des plaintes lascives. Ils l'ont roué de coups s'assurant qu'il ne pourrait rien faire pour m'aider. Le regard lubrique que l'homme pose sur moi me donne la nausée. Un autre homme apparaît, plus jeune et élance, il me toise avant de faire signe à son comparse de le suivre.

— Attends, j'allais m'amuser un peu avec elle, dit le bedonnant.

— On a un problème à régler avant, crache le deuxième. Prends le biker. 


Devil's Fire - Tome 1 TYLEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant