Chapitre 4.11

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— Lena !! s'exclame sa mère en claquant deux bises sur ses joues. Tu as fait bon voyage ?

— C'était long... répond-elle laconiquement.

Son père l'enlace à son tour puis récupère ses valises :

— Je pensais que tu rentrerais chez toi te reposer. Tu dois être épuisée d'avoir pris le train après ton avion !

— Oui, j'avais... pas envie de rester seule.

— Après avoir vécu trois mois avec quelqu'un, c'est normal, réagit sa mère en prenant le chemin du parking de la gare. Je me souviens qu'une fois que j'ai emménagé avec ton père, c'était terminé ! Impossible pour moi de rester seule.

Lena ne répond rien. Elle ne peut pas leur balancer sans préambule que son couple est mort et que, si elle ne veut pas rester seule, c'est pour ne pas sombrer...

Arrivé près de la voiture, son père ouvre le coffre mais Lena s'interpose :

— Papa, laisse-moi faire.

— C'est bon, je suis encore capable de mettre deux valises dans le coffre de ma voiture.

Avec le sourire, il lui fait signe de reculer d'un pas. Lena reste là, les bras ballants, comme si elle ne savait pas quoi faire de son corps.

Durant le trajet, elle reste silencieuse. Les souvenirs de la Corée, pourtant récents, sont flous, masqués par son dernier échange avec Namjoon. Raconter toute l'histoire, et se rappeler du bonheur qu'elle ressentait encore au début de l'été, n'a plus de sens.

— Tu as une petite mine, commente sa mère en croisant son regard dans le rétroviseur. Tu vas pouvoir te reposer à la maison, tu vas voir, on va te requinquer !

— Oui, ça fait du bien de rentrer à la maison...

Dès que la voiture se gare, Lena file dans sa chambre d'enfant. Ici, on dirait que rien n'a bougé depuis des années. Ses peluches sont toujours bien arrangées sur une étagère, les cartes postales datant de ses années lycée sont toujours affichées au-dessus du bureau. Pourtant, elle a vécu tellement de choses ici. Y compris la maladie et la rémission... Mais cet endroit est comme une plage de sable, on a beau écrire son prénom avec un bâton, construire un château fort ou creuser un trou profond, les vagues finissent toujours par lui rendre son apparence d'origine.

Son père entre à sa suite et tire les valises dans un coin de la pièce. Il pose les mains sur ses hanches et affiche un sourire satisfait :

— Bienvenue chez toi. Tu veux manger quelque chose ?

— Non, merci... soupire Lena. Je pense que je vais faire une sieste.

Il acquiesce :

— Tu as raison, repose-toi. Qu'est-ce qui te ferait plaisir pour manger au dîner ?

— Peu importe, tant que c'est français.

— Zut, moi qui pensais te proposer une pizza et des sushis.

Il quitte la pièce en riant doucement et referme la porte derrière lui.

Une fois seule, Lena se change et enfile une des tenues confortables qu'elle laisse toujours dans l'armoire de sa chambre. Elle sort Moon de son sac et se blottit sous la couette. L'odeur de ses draps la réconforte et elle s'endort immédiatement.

Quand elle se réveille quelques heures plus tard, son esprit est embrumé. Où est-elle ? Quelle heure est-il ? Un rayon de soleil met en évidence les petites poussières qui volettent. Elle a toujours aimé cet effet : l'air qu'on pense si pur revêt une apparence bien différente dès qu'on l'expose à la lumière.

Pensées Absurdes | Fanfiction BTS [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant