14-Charlotte

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-Si tu veux mettre ta playlist t'as qu'à te connecter à l'enceinte qui est sur le meuble télé, je lui propose en ramenant notre plateau repas sur la table de salon.

Enfin plateau repas c'est vite dit, je me suis surtout contentée de commander des pizzas...

-Pas de soussss, se moque cet imbécile qui s'amuse à reprendre mes expressions. C'est vrai que perso, j'ai toujours mieux travaillé en musique.

Etant donné que Jonah est à un entraînement et qu'il m'a prévenue qu'il rentrerait tard, j'ai invité Nate à la maison pour travailler l'oral de demain. C'est la première fois qu'il met les pieds ici alors je me sens très peu à l'aise, d'habitude on travaille à la coloc. Je le vois regarder les tableaux photos de nos voyages avec Jonah accrochés au mur, et je me dis qu'il doit sans doute partager mon malaise.

-Bon alors, ça sert à rien de travailler le contenu parce qu'on est vraiment au point tu n'as absolument pas à t'inquiéter pour ça vraiment. Il faut juste trouver un moyen de te faire canaliser ton stress. Est-ce que tu sais exactement quel aspect de l'oral t'angoisse à ce point ?

-J'ai peur de dire une bêtise et donc qu'on se moque de moi à cause de ça. J'ai peur qu'on ailler chercher la moindre faille pour me la reprocher.

-Tu sais, je comprends plus que tu ne le penses. J'ai conscience que c'est bien plus facile à dire qu'à faire mais pour le coup, ils ne pourront trouver aucune faille. Puisque c'est quand même le regard des autres qui te met dans cet état je te propose de les imaginer morts. Avant de me faire cette tête attend que je t'explique. La méthode commune c'est d'imaginer tout ton auditoire nu, alors je sais pas toi mais moi ça m'a toujours fait plus rire qu'autre chose. Y'a des choses qu'on a pas envie d'imaginer crois moi...

C'est peut-être bête mais j'apprécie le fait qu'il ne montre pas une once de jugement et qu'il arrive à tourner cela à la rigolade.

-Donc la seule autre option que les imaginer nus, c'est de les imaginer morts ? je ricane.

-En fait non, je t'avoue que j'ai tout tenté pour parvenir à cette conclusion. L'idée de base c'est juste de les mettre dans une position qui n'est pas supérieure à la nôtre pour que leur jugement ne soit pas légitime. Alors si les imaginer costume de clown me déconcentrait plus qu'autre chose, je te laisse deviner quand je les imaginais trisomique... Avec du recul c'était pas très judicieux de ma part, je me mettais des bâtons dans les roues tout seul. N'empêche que ça dé dramatisait le côté angoissant de ce passage à l'oral.

-ça m'explique toujours pas en quoi les imaginer morts peut m'aider, je le coupe, ne pouvant retenir mon sourire.

-Patience mademoiselle, ça arrive, rétorque-t-il en m'assommant avec un coussin. Où en étais-je avant que tu m'interrompe ? A oui voilà ! Donc, il fallait que je trouve un moyen de les faire descendre de leur piédestal sans que ça me fasse rire : en gros il fallait un truc triste. Du coup j'ai tenté de les imaginer morts. Contre toute attente ça marche plutôt bien. Tu te les représente avachi sur leur table, une balle dans la tête et la pression redescend, y'a plus que la prof qui t'écoute. Bam ton auditoire n'existe plus.

Bon, je reste dubitative mais au moins sa justification tient la route. Et puis honnêtement, au point où j'en suis, je n'ai rien à perdre en le tentant.

-Très bien. Demain matin, l'amphithéâtre sera mort.

-Je te conseille de pas dire ça trop fort si je puis me le permettre.

Nous partons dans un rire jaune et la pression redescends. Avec le temps j'ai fini par vivre avec ce stresse de veilles d'épreuve, je n'ai aucun pouvoir sur l'issu donc autant profiter de ce moment avec Nate.

Artists on campus - NateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant