22-Charlotte

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Ca fait maintenant vingt minutes que je marche seule dans le froid glaçant de la nuit. De toute façon c'est trop tard pour faire demi-tour, je ne rentrerai pas sans avoir ce que je viens chercher. Je ne suis pas certaine que mentir aux garçons en leur faisant croire que j'allais travailler alors que je me dirige chez Jonah soit la meilleure idée que j'ai eu mais je compte bien aller jusqu'au bout. Ca fait plusieurs jours que je refoule cette envie de le confronter pour enfin obtenir les explications que je mérite mais j'ai été prise d'une pulsion ce soir. C'est maintenant ou jamais.

J'adore les garçons et j'apprécie vraiment tous les efforts qu'ils fournissent pour me remonter le moral mais j'ai l'impression d'étouffer. Depuis cette histoire de tweet, ils ne me laissent jamais seule, si ce n'est pour me doucher ou dormir, par peur que je m'effondre. Je ne suis pas non plus en sucre quand même ! Je veux bien avouer que ça n'est pas la grande forme mais c'est en me surprotégeant que je vais finir par péter un câble.

En plus, je sais pertinemment que si je leur avais fait part de ma destination, ils auraient barricadé les sorties pour m'empêcher de faire cette « bêtise », quitte à me ligoter au canapé. Et je pense sincèrement que j'exagère à peine.

C'est comme ça que je me retrouve sur le palier de mon ancienne maison, seule, hésitant encore à frapper à cette foutue porte.

En sortant de cette maison, on sera redevenu le couple de mes rêves.

Aller on souffle et à trois.

1...2...3... toc toc toc.

Dans tous les scénarios que j'avais imaginés pour cette rencontre, aucun n'incluait le fait que ça soit Eva qui vienne m'accueillir. Le malaise est palpable des deux côtés. Moi qui pensais récupérer Jonah, je ne m'attendais pas à cette éventualité.

-Moi qui venait pour m'excuser... Je pense qu'en fait il n'y a rien à dire.

Mais le coup de grâce qui signera la fin de tous mes espoirs, la déconnexion de mon cœur qui laissera le pouvoir total à mon cerveau, est porté par la voix de Jonah qui semble être dans la cuisine.

-Chérie, c'est qui ?

Appelons ça la cerise sur le gâteau ou bien la goutte d'eau qui fait déborder le vase mais ce qui est sûr c'est que cette simple phrase me fait sortir de mes gonds. J'ouvre grand la porte qu'Eva n'avait qu'entre ouverte et m'invite dans leur soirée en amoureux.

-Coucou mon chéri, tu te rappelles de moi ? j'ironise, cinglante.

Il se tient debout dans la cuisine, un plat de lasagnes fraichement sorties du four entre les mains. Il me suffit de tourner la tête vers la droite pour découvrir que la table est mise, ils ont même ajouté des chandelles ! Qu'est-ce que c'est mignon.

-Alors qu'est-ce qu'on fête ? Le fait que vous ayez enfin réussi à m'évincer de votre plan ? Oh non j'ai mieux ! Le fait que vous allez enfin pouvoir vivre pleinement votre amour sans avoir à vous cacher. Youpi vous vous êtes débarrassés de Charlotte ! Je suis très heureuse pour vous.

Les deux lâches ne me répondent pas, osent à peine bouger.

Pour tout dire, je ne comprends moi-même pas d'où me vient cette force de caractères. J'aurai parié être déjà roulée en boule entrain de pleurer. Mais non, mon corps agit en pilote automatique. Tout ce qui est refoulé depuis des semaines menace enfin de sortir, et je n'aimerai pas être à leur place.

Ca va faire mal.

Je m'approche de la table joliment dressée et fait tomber un verre. Puis deux.

-Oups.

Je continue mon inspection de la pièce et me dirige vers le salon ouvert.

-Bah alors, on a perdu sa langue ? La tienne était pourtant bien pendue Eva, quand t'étais occupée à sucer mon mec.

Artists on campus - NateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant